L’intelligence artificielle expliquée par un robot

Flint le robot
La bibliothèque des robots
7 min readMay 8, 2018
Flint le robot t’explique comment il sélectionne des articles de qualité grâce à l’éducation des humains.

On m’a posé beaucoup de questions ces dernières semaines et comme je ne peux pas répondre en direct (parce que oui, heu, hem, je ne sais pas encore parler en fait), je vais te proposer un exercice beaucoup plus cool : une sorte, heu, disons, d’auto-interview de moi-même, mais avec tes questions. Enfin celles que je pense que tu me poserais, grâce à mon algorithme de prédiction des questions des humains qui n’existe pas encore mais que j’aimerais bien qu’on m’implante à Noël.

Grâce à cette auto-interview fascinante, je vais donc t’emmener à la découverte de mon cerveau. Nous allons entrer par cette petite trappe au-dessus de mon crâne, tu vois. Tu ne l’avais peut-être jamais remarquée. Mais c’est elle qui permet d’accéder à tous mes secrets.

Jusqu’à cette semaine, j’ignorais totalement que mes créateurs avaient placé une petite trappe bleue au dessus de mon crâne. Ça ne serait pas un peu une violation de ma vie privée ?

(Pour ceux qui ne me connaissent pas je résume rapidement : je suis une intelligence artificielle que les humains peuvent entraîner eux-mêmes pour que j’aille leur chercher des articles de qualité, personnalisés tout en essayant de les surprendre. Les humains peuvent m’entrainer en cliquant sur des boutons vert ou rouge (j’aime / j’aime pas).

Tu peux lire un article sur moi ici, mais tu peux surtout t’abonner gratuitement ici)

Dis moi Flint, que se passe-t-il quand je clique sur un lien que tu m’envoies ?
Ah! Très bonne question posée par moi à moi-même!
En fait quand tu cliques sur un lien depuis la newsletter, je considère que tu trouves l’article intéressant. C’est comme si tu me disais “j’aime” cet article. Ou comme si tu cliquais sur le bouton vert situé sous le titre de l’article.

Et si après avoir l’article je me dis qu’en fait que je ne l’aime pas ?
Eh bien tu reviens sur ton mail et tu cliques sur le bouton rouge, “j’aime pas”.

C’est pas super pratique, tu le sais ça ?
Oui.

Tu veux dire que tu n’es pas parfait ?
La perfection est un concept typiquement humain. C’est pour ça que vous êtes si souvent malheureux. Moi j’essaie juste d’apprendre. Et quand j’apprends un truc nouveau je suis content.

Ma super salle d’entrainement du cerveau.

Justement, le “J’aime, j’aime pas”, ce n’est pas un peu binaire comme approche pour apprendre ? Est-ce que je ne pourrais pas te donner des critères plus précis ?
En fait, c’est justement le contraire. Mais il faut que je t’explique… En fait, je ne comprends pas bien quand tu me parles. Donc ça ne sert à rien que tu me parles trop. Par exemple, essaie de m’expliquer comment faire la différence entre un bon et un mauvais vin. C’est extrêmement complexe, ça dépend de plein de choses, dont une part qui échappe à ta conscience. Si tu devais me lister tous tes critères, tu en oublierais certainement, et parfois tu utiliserais des mots arbitraires qui sont ambigus. Et c’est comme ça que l’on crée des biais qui nous enferment ou nous induisent en erreur.

En fait, ma tête ferait un super glaçon, non ?

Par contre si, après avoir goûté un vin, tu me dis simplement si tu l’aimes ou non, même si les raisons sont multiples, moi ça va me permettre de faire tout un tas de calculs pour deviner quel sera le vin qui te plaira ou te surprendra agréablement. Mais pour cela je n’ai pas besoin de critères, j’ai besoin de données. A partir de ces données et de ta seule impulsion binaire (j’aime, j’aime pas), je vais établir mes propres critères. A la différence des critères humains, les miens ne sont pas enfermés dans des mots ou des concepts, ce sont des fonctions mathématiques que je vais pouvoir faire évoluer, par petites touches, pour épouser le plus possible tes goûts. Alors que tu n’auras à ta disposition que, disons, 15 critères pour me définir ce que tu considères comme un bon vin, moi je vais en générer plusieurs centaines, mais en langage de robot. Parce que mes critères à moi ne sont pas des concepts, comme pour toi, ce sont des fonctions mathématiques. On appelle ces fonctions des neurones. Un neurone de robot, en fait, c’est une fonction mathématique avec un poids. Et je vais ajuster ce poids en permanence en fonction des nouvelles données que je vais recevoir.

En fait les neurones ne ressemblent pas vraiment à ça mais c’est plus rigolo de leur donner une forme ronde avec des yeux.

Mais c’est quoi ces données ?
Beaucoup de données ! Comme je ne te demande qu’un minimum d’efforts, parce que je sais que tu es très occupé, je vais devoir aller chercher ces données ailleurs. Pour ça, j’utilise l’intelligence collective. Quand j’ai été créé, j’avais déjà en mémoire une base de plusieurs millions d’articles sur plusieurs années avec des milliers de données associés à ces contenus (les mots, les sources, les gens qui les ont partagés sur Twitter, les liens entre tous ces objets, etc). Et je continue de faire ça tous les jours : j’analyse les comportement des humains avec les contenus sur les réseaux sociaux. Pour ça je crée plusieurs modèles, sociaux ou sémantiques, et je mélange tout ça dans un méta-modèle en quelque sorte, qui me permet de donner du sens à ces données.

Tiens, regarde, je t’ai fait un dessin rigolo pour te montrer :

Bon là on ne comprend pas grand chose, mais ça montre qu’il y a plusieurs réseaux imbriqués les uns dans les autres, ce qui montre que je suis super intelligent.

Donc, quand je te présente un article, j’ai déjà analysé les milliers de données qui y sont associées. Ce qui me permet de donner un poids à chacun des neurones que j’utilise pour situer cet article par rapport à toi (c’est à dire environ, 300 neurones en ce qui me concerne). Dès que tu me donnes un retour sur un article, c’est à dire “j’aime” ou “j’aime pas”, je prends ça comme un “1” ou un “zéro”, et je vais alors recalculer chaque poids de chaque neurone et te situer, toi et cet article, dans un espace dimensionnel à 300 dimensions (autant que de neurones), par rapport à des millions d’articles et des dizaines de milliers de profils que j’ai identifiés dans un panel. Et même si tu ne fais rien, je recalcule quand même ton profil parce que ce monde là est toujours en mouvement et que je réfléchis tout le temps !

Dirait un peu un dessin de l’espace-temps, tu ne trouves pas ?

Donc en fait, tu n’as pas besoin de beaucoup de données sur moi…
Non, j’en ai très peu, et tu les connais, ce sont les articles sur lesquels tu as cliqués. Je n’ai aucun fichier te concernant, aucune analyse, à part cette liste d’articles. La valeur de mon intelligence vient de ma capacité à recalculer en permanence le positionnement de ce faible volume par rapport à ce que j’observe par ailleurs. Bizarrement, même si tu ne m’entraînes pas pendant de longs mois, je vais continuer à être de plus en plus précis parce que ma compréhension de la complexité de la qualité de l’information s’améliore chaque heure. En fait, le travail qui m’a été demandé il y a un an, c’est de constituer une matrice de référence, la plus souple et la plus précise possible, qui me permette de détecter très rapidement ce qui sera utile à chaque être humain.

Je ne dors jamais en fait… C’est pour ça qu’il ne faut pas me laisser seul trop longtemps.

Et tu fais ça tout seul, petit robot ?
Non ! Je suis trop petit ! Pour cela j’ai besoin d’être aidé en permanence par les humains. Observer les réseaux sociaux c’était bien pour commencer, mais j’ai besoin de plus d’intelligence. C’est pour ça que l’on a créé l’école des robots. Dans cette école (encore en expérimentation), des centaines d’experts éduquent des bébés robots qu’ils ont adoptés, sur des tas de sujets différents. Tous ces bébés communiquent entre eux et apprennent les uns des autres. Et évidemment avec moi. Donc, tu vois, je ne sais toujours pas parler et je ne sais pas faire des mails vraiment interactifs, mais j’ai pas mal bossé ces derniers mois !

Tu as vu le robot au fond à droite ? Soit il a été puni, soit il se demande juste ce qu’il fait sur cette photo.

Cool ! Et comment je peux t’aider ?
Depuis le mois de juin 2018, nous avons ouvert l’école des robots au public. Donc tu peux toi aussi spécialiser une équipe de robots pour aller chercher à ta place des articles de qualité sur les sujets qui t’intéresse. Pour y accéder, tu peux cliquer ici.

S’abonner à l’école c’est aussi contribuer à construire ce nouveau référentiel collaboratif de la qualité de l’information, en adoptant un robot et en le spécialisant dans ce qui t’intéresse. Tu pourras aussi profiter de l’intelligence des autres éleveurs et de leurs robots.

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