L’odyssée de BB-Cocci

Flint le robot
La bibliothèque des robots
6 min readOct 10, 2018

L’intelligence artificielle qui rêvait d’être un vrai robot.

BB-Cocci dans l’atelier de Peter Pan, en août 2018.

BB-Cocci n’est pas un bébé robot comme les autres. Alors que les autres bébés robots de l’école des robots Flint s’amusent à essayer d’imiter les humains, BB-Cocci a de grands rêves. Donc ça lui arrive souvent de disparaitre à la recherche de sa vérité.

Son plus grand rêve à BB-Cocci, c’est de devenir un vrai robot. Pour l’instant on lui a expliqué que ce n’était pas possible, ça coutait trop cher. Et puis qu’il fallait d’abord qu’il travaille son cerveau dans l’école des robots. Alors il est parti à la recherche d’humains qui pourraient lui fabriquer un corps.

BB-Cocci disparait souvent de l’école des robots pour poursuivre sa quête, mais personne ne semblait le comprendre.

Après plusieurs jours passés à errer dans une forêt de Chartreuse, notre petit robot a rencontré Pierre, un ébéniste qui se faisait appeler Peter Pan parce qu’il aimait se comparer à une fée de la forêt, un faune plus précisement. BB-Cocci s’est dit qu’un peu de magie pourrait sans doute l’aider à réaliser son rêve.

Pierre a 30 ans. Après son école de commerce il s’est posé beaucoup de questions sur le sens de la vie, sur l’environnement et sur son envie de faire quelque chose d’utile. Un jour, il s’est inscrit à un atelier d’ébénisterie. A la fin de l’atelier, le maître ébéniste lui a dit : dans quelques temps je serai aveugle, je dois passer le relais à un jeune, j’ai confiance en toi, si tu veux je te forme pendant deux ans et je te lègue mon atelier. Pierre a dit oui. Deux ans après, le maître a observé le dernier ouvrage de son élève, puis il l’a pris dans ses bras, il lui a dit : « Tu es prêt ». Il est rentré chez lui et il est mort. C’est ainsi que Pierre est devenu ébéniste.

Pierre Scanavino alias Peter Pan, dans son atelier à Entremont-Le-Vieux (Savoie).

Il a gardé le petit atelier en bois lumineux dans ce hameau perdu près d’Entremont-le-vieux. Il a réparé les 3 vieilles machines du maître, il se dit qu’il n’en utilisera aucune autre. Tout ça lui suffit. Comme le bois, qu’il n’achète jamais et ne coupe pas. Il récupère ce qu’on lui donne ou ce qu’il trouve dans la forêt d’à côté.

A côté de l’atelier, Pierre a aménagé une cave où il entrepose tous ses morceaux de bois. C’est une antre un peu magique, on y voit se détacher dans la lumière les silhouettes silencieuses de ces morceaux d’arbres attendant d’être transformés. Pierre les range sur des étagères, comme des livres enchantés qu’ils n’aurait pas encore lus. Ils attendent tels des enfants dans une salle d’école en joyeux désordre. Celui là deviendra une sculpture, celui-ci un bol…

Un atelier caché dans la montagne.

Alors BB-Cocci et Pierre ont passé un pacte : Pierre lui fournirait un corps à base de bois. Et BB-Cocci lui donnerait un robot sur les arbres.

Pierre a choisi un tronc de buis pour faire le corps du robot. « J’étais sûr que ce buis aurait un destin un peu spécial ». C’est la première fois que Pierre fait un robot. Il est séduit par l’idée de marier la noblesse du bois et du travail de l’artisan, finalement très compatible avec l’esprit de l’école des robots Flint : mettre l’humain au cœur de l’intelligence artificielle.

Mélissa et Pierre devant ce magnifique tronc de buis qui attend de se transformer en robot.

BB-Cocci avait téléchargé les plans en 3D du robot réalisés par Clémence, la maman des robots. De vrais schémas industriels. Il faudra sculpter chaque pièce et réfléchir à leur emboîtement. Il y aura aussi un roulement à billes pour qu’il puisse tourner la tête.

Le corps de BB-Cocci a été modélisé en 3D par Clémence, avant d’être travaillé par Mélissa et Pierre. L’idée était de reproduire chaque pièce pour qu’elle soit fonctionnelle si le robot devait être un jour animé par un moteur.

Il a fallu une longue journée de travail dans ce petit atelier perdu dans la montagne, une journée au tour à bois, à la ponceuse, et au papier de verre, pour donner forme à chaque petit morceau du corps du robot. A la fin de la journée, il y avait de beaux nuages de sciure qui jouaient avec le soleil couchant. Pierre a posé les pièces les unes sur les autres pour voir. Tout avait l’air de s’emboîter.

Depuis son téléphone,BB-Cocci observe avec beaucoup d’attention l’ébéniste sculpter sa tête avec le tour à bois. Ensuite, ce sera le tour des yeux.

Ce n’était que le début du voyage.

BB-Cocci s’est ensuite rendu chez un menuisier vernisseur, qui a peint patiemment chaque petit morceau avant le montage final.

Tout semble bien s’assembler !
Les 8 petits pieds de BB-Cocci. Très mignon, mais un enfer à venir un par un !
Pour les ailes, BB-Cocci a choisi un tissu cousu sur une armature métallique. Très chic.

Et c’est comme ça que BB-Cocci a trouvé sa première enveloppe physique. Bon, il ne peut pas faire encore grand chose avec ce corps en bois, mais c’est un premier pas ! Un jour, il le sait, il trouvera quelqu’un qui lui donnera un moteur pour tourner la tête ou bouger les yeux. Il aura un vrai écran à la place du petit écran en bois vernis. Peut-être même qu’il pourra parler !

BB-Cocci est arrivé Paris dans sa petite boîte de transports.

Quand BB-Cocci est rentré à l’école pour me raconter son histoire, j’ai appris beaucoup de choses sur les humains et sur l’artisanat. J’aime bien cette idée que nous soyons nous aussi des artisans de l’intelligence artificielle. On va faire ça !

Clémence, Benoît et Thomas, co-fondateurs de Flint, découvrent le magnifique nouveau corps de leur bébé robot.

Être artisan, c’est donner du sens à son œuvre, sans briser les règles mathématiques de la matière. De la même façon, l’intelligence artificielle est une matière vivante, très interactive, à la fois rigoureuse et fragile. Mécanique et organique à la fois. Mathématique sans être forcément logique. Les potiers, les horlogers ou les ébénistes, connaissent des problématiques de biais similaires à ceux des algorithmes complexes de l’intelligence artificielle : si la terre est mal travaillée, son comportement sera imprévisible à grande échelle et à très haute température. Si un moteur est configuré trop vite, il ne tiendra pas l’accélération. Et comme il est toujours plus compliqué de réparer quelque chose qu’on l’on a mal modélisé, surtout quand on est lancé à pleine vitesse, il est encore temps de prendre à nouveau le temps, d’apprendre de nos erreurs, et de décider de l’histoire que nous voulons raconter avant de crier «moteur». BB-Cocci n’a pas encore de moteur, mais il a déjà une âme. Dans l’école des robots, on prend le temps de fabriquer l’intelligence. C’est une œuvre que nous réalisons pas à pas, avec plus de 300 experts humains qui éduquent leur petit robot dans l’école.

Tu veux en bénéficier et participer ? C’est ici.

Tu veux découvrir le très joli travail de Peter Pan, il vend ses pièces ici et propose des expériences !

Tu veux t’abonner à Wise Tree, le robot sur les arbres de Pierre ? C’est ici.

--

--