Rencontre avec Alexandre Monnin

Enjeux de l’Anthropocène et redirection écologique

éléonore sas
La Boussole des designers
26 min readJun 18, 2021

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Philosophe de la technique au parcours éclectique, Bernard Stiegler est décédé en août 2020. Il laisse derrière lui une œuvre protéiforme qui ne peut être simplement résumée. L’édition 2021 du séminaire PHITECO organisé par l’Université de Technologie de Compiègne (UTC) rend hommage à ses principaux terrains de recherche en mobilisant des spécialistes de diverses disciplines. Parmi eux, Alexandre Monnin, chercheur et philosophe, avec lequel nous nous sommes entretenues en visioconférence le mardi 23 mars 2021 pour discuter de ses travaux en lien avec les domaines d’étude de B. Stiegler. Ce qui suit est une synthèse de ses propos.

Introduction

Présentation de Bernard Stiegler

Bernard Stiegler (source)

Bernard Stiegler est un philosophe d’action. Penseur de la technique, celle-ci est chez lui pharmacologique. De ce fait, la technique est à la fois remède et poison et c’est son appropriation et le soin qui lui est apporté qui déterminent son renversement. En cela, les concepteurs ont un rôle important à jouer : imaginer des pratiques bénéfiques de la technologie. En tant qu’enseignant et fondateur du laboratoire COSTECH à l’Université de Technologie de Compiègne, B. Stiegler a formé une génération d’ingénieurs, et plus largement, de concepteurs philosophes qui concrétisent sa pensée.

La notion de soin est également omniprésente dans ses travaux. Ainsi pour B. Stiegler, prendre soin de la technique c’est aussi prendre soin de la biosphère. Plus tardivement, il s’intéresse à la question de l’Anthropocène et considère le “Néguanthropocène comme son principal enjeu. Ainsi, il soutient que lutter contre l’entropie passe par une bifurcation de nos activités et une production de savoirs permettant d’augmenter la résilience des sociétés humaines. Sur cette lancée, il fonde avec l’écrivain Jean-Marie Gustave Le Clézio l’Association des Amis de la Génération Thunberg — Ars Industrialis pour établir un dialogue intergénérationnel entre le monde scientifique et la jeunesse mobilisée face aux enjeux de la crise écologique.

Anthropocène : une proposition d’époque géologique qui se caractérise par l’avènement des hommes comme principale force de changement sur Terre.

Présentation d’Alexandre Monnin

Alexandre monninc

Alexandre Monnin est intervenu au séminaire PHITECO au sujet de la redirection écologique. Docteur en philosophie, son parcours a régulièrement croisé celui de B. Stiegler, notamment de par leur intérêt partagé pour la philosophie du Web. En 2010, A. Monnin rejoint l’Institut de recherche et d’innovation (IRI) dirigé par B. Stiegler et y apporte ses réflexions sur le tagging et le Web Sémantique. Il y restera 3 ans. Il a également travaillé chez Inria où B. Stiegler est intervenu à plusieurs reprises.

Aujourd’hui, A. Monnin s’intéresse aux enjeux de l’Anthropocène à travers plusieurs projets. Tout d’abord, il cofonde l’initiative Closing Worlds avec son collègue du laboratoire Origens Media Lab, Diego Landivar. Au sein de cette structure, plusieurs chercheurs travaillent à la consolidation du concept de redirection écologique tout en développant des outils dont l’objectif est d’aider les organisations à “renoncer aux futurs déjà obsolètes” (source). Ils défendent ainsi l’idée que, du fait des enjeux liés à l’Anthropocène, les organisations, les institutions et les infrastructures du capitalisme doivent être réorientées de manière stratégique.

Dans ce cadre, A. Monnin, D. Landivar et E. Bonnet initient un partenariat entre l’ESC Clermont BS et Strate Ecole de Design menant à la création du Master of Science “Strategy & Design for the Anthropocene”. Ouvert en 2020, l’enjeu du master est de former des étudiant-es de tous horizons aux enjeux de la redirection écologique. A. Monnin en est le directeur.

Initiatives auxquelles participe Alexandre Monnin

La Redirection Écologique à travers Closing Worlds et le master

L’équipe de chercheurs d’Origens Media lab a développé le concept de “Redirection Écologique” en s’appuyant sur les travaux de Tony Fry, designer australien, et de Bruno Latour, sociologue, anthropologue et philosophe des sciences français. Ce concept sous tend deux idées principales. D’une part, les solutions actuellement mise en place comme la RSE ne suffisent plus face à l’accélération et la criticité inédite des problèmes climatiques et écologiques. D’autres part, cette même urgence devrait se traduire via l’alignement des organisations et entreprises vis-à-vis des limites planétaires. Ce sont deux principes à l’origine de l’initiative Closing Worlds et du Master of Science “Strategy and Design for the Anthropocene” . Enfin, Alexandre Monnin, Emmanuel Bonnet et Diego Landivar co-écrivent deux livres sur ces sujets : le premier, paru depuis, “destiné au champ intellectuel”, sorte de rituel stratégique pour positionner leurs concepts, l’autre, plus pratique, un “manuel de la redirection écologique”.

De son côté, la formation s’adresse à des profils variés, dont “des gens qui veulent repartir du cadre qu’offre la RSE pour le faire profondément évoluer”. En effet, Alexandre Monnin précise qu’il n’est pas anti-RSE et que les profils les plus proches de ces futurs-diplômés en entreprise sont justement ceux de la RSE. Malheureusement, ces salariés “sont souvent loin de la stratégie et des leviers” dans leur disposition actuelle. C’est pourquoi le master a pour objectif de “faire émerger collectivement la figure du redirectionniste”. Les deux projets auxquels participe A. Monnin permettront également de crédibiliser et légitimer la posture de ces futurs redirectionnistes en “faisant émerger dès maintenant le cadre qui sera demain le cadre de travail de nos étudiant-es”.

Par ailleurs, le master propose d’évoluer entre les dimensions théoriques et pratiques, mais surtout entre trois échelles essentielles. Une échelle micro via des enquêtes de terrain et de la pratique et une échelle macro concernant les systèmes complexes et les grands modèles de l’Anthropocène. Ces deux niveaux ont des épistémologies très différentes mais il faut apprendre à basculer de l’un à l’autre. Enfin, la troisième échelle, celle du méso, se positionne entre le micro et le macro. Il s’agit alors non plus de s’intéresser seulement à “la petite résilience du micro” ni à “la politique nationale au niveau macro qui nous échappe assez largement” mais de revenir au niveau des organisations et donc des entreprises, des institutions (collectivités) et des territoires.

Posture d’enquête

Le travail des étudiants et de Closing Worlds ne fait que commencer concernant l’alignement des entreprises vis-à-vis des limites planétaires. Dans tous les cas, la “posture d’enquête” prime sur de quelconques outils ou méthodes. Ainsi, A. Monnin revendique un “ancrage pragmatique philosophique et sociologique” et se méfie de l’utilisation de la méthodologie comme fin en soi. Il met en œuvre une philosophie empirique, où les concepts subissent l’épreuve de multiples terrains, contrairement à Bernard Stiegler qui partait plutôt d’un cadre déjà construit.

Ainsi donc, les futurs redirectionnistes emploient cette “posture d’enquête” et aident les entreprises auprès desquelles ils interviennent à l’adopter également en interne. La plupart du temps, des personnes déjà présentes surplace s’intéressent à ces sujets. De cette façon, “le terrain est toujours déjà en train d’enquêter, d’une manière ou d’une autre” et un des objectifs est d’accompagner, de soutenir et de renforcer ce mouvement.

A. Monnin et ses collègues utilisent trois stratégies principales. Tout d’abord, “reconnaître l’existence et le fonctionnement actuel des entreprises” et s’approprier les outils utilisés en interne. En effet, ces matrices sont des “outils de cognition étendue” à travers lesquelles pensent les personnes et les collectifs qui ont l’habitude de les utiliser. Closing Worlds et les étudiants en mission reprennent alors ces matrices qui “conditionnent les actions” de leurs utilisateurs pour les détourner. Par exemple, Diego Landivar reprend la partie de la Matrice McKinsey qui porte sur le désinvestissement pour en faire l’élément principal du canvas. L’idée est de“ leur proposer le même levier mais complètement renversé. Comme ça ils peuvent s’y retrouver”. Sur toutes ces questions de formes, le design apparaît particulièrement pertinent.

D’autre part, ils effectuent une veille à propos des initiatives qui émergent et circulent afin de modifier certains outils ou dispositifs nouveaux pour les aligner avec les principes de la redirection écologique.

Par ailleurs, ceci concerne également le plan idéologique. L’objectif est en effet de “comprendre là où vont les gens et d’aller les y chercher”, toujours de façon très diplomatique. En effet, “des gens de bonne volonté sont susceptibles de s’emparer des concepts peu ragoûtants idéologiquement car ils ou elles n’ont pas forcément le bagage pour s’en rendre compte. Mais on ne va pas en plus les culpabiliser”. Stratégiquement, il s’agit donc d’aller les chercher sur leur terrain et de leur donner les clés de compréhension afin qu’ils ou elles se fassent leur propre opinion.

Enfin, il leur arrive de créer leurs propres leviers là où ces derniers font défaut. On peut citer l’exemple de la Fresque du renoncement en partenariat avec la ville de Grenoble. A. Monnin insiste sur le fait que ces nouveaux outils se nourrissent de leurs enquêtes et sont toujours démocratiques. Ainsi, ils les proposent sans les imposer. Des phénomènes de contre-enquêtes émergent même parfois qui les nourrissent en retour.

Travail auprès des entreprises

Sans vraiment essayer de convaincre tout le monde, Origens Media Lab joue sur l’“humour” via un travail sur le vocabulaire et la fiction. Ainsi, ils s’adressent à des gens “qui n’ont pas forcément d’intérêt à l’écologie mais qui voient que leurs activités vont forcément devoir bifurquer ou sont en passe de le faire”. Ils abordent ensuite les problèmes rencontrés par la structure (blocage législatif, financier…) et proposent d’ouvrir des pistes qui rompent avec “le business as usual”. Interviennent ici les questions de démantèlement et de protocole de renoncement.

Bien qu’il s’agisse également d’un de leurs axes principaux, ils évitent de parler de “décroissance” car “cela joue comme un repoussoir”. En effet, cette question est plus politique ou ressortit au domaine des idées et ne répond pas aux problèmes concrets des entreprises. Il y a donc comme une erreur de catégorie à brandir un programme politique abstrait pour répondre à des questions concrètes et pressantes, tout en déployant des stratégies pour le faire (cet élément en particulier faisant défaut à la décroissance). A. Monnin reconnaît également le risque qu’implique le slogan de Closing Worlds : “nous demandons aux entreprises de nous payer pour les fermer”. Cet aspect fait partie de l’ADN de Closing Worlds mais ne s’étend pas nécessairement à la redirection écologique dans son ensemble. Il a cependant pour vertu de clarifier, par l’humour, les finalités du programme et d’affirmer la volonté de penser et d’agir hors des cadres existants tout en apportant une véritable aide à des acteurs démunis. “La première chose à designer, avant la méthodologie, la pédagogie, c’est le cadre qui rend possible et légitime une approche comme celle-ci et les enquêtes qui la prolongent.

Les entreprises concernées sont principalement volontaires et/ou ayant passé commande auprès de Closing Worlds ou du master. Dans certains domaines, il peut arriver que “le terrain soit déjà en train d’enquêter” avant leur arrivée : dans ce cas, ils mettent en place des co-enquêtes autant que possible. Parfois encore, seule une partie de l’entreprise les mandate, surtout lorsque cette dernière est en phase de changement. Par exemple, il peut être judicieux de travailler de manière confidentielle avec un service de l’entreprise afin d’éviter des formes de détournement ou les greenwashing.

Pour dénicher des “commandes”, c’est-à-dire des travaux avec des entreprises ou des collectivités pour le master, Origens Media Lab a prospecté des acteurs stratégiques “pour leur demander s’ils avaient un besoin stratégique”. En effet, ces organisations ou institutions sont parfois déjà passées par des cabinets de consulting traditionnels et peuvent avoir du mal à admettre que cela n’a pas fonctionné. Ce serait comme “reconnaître qu’on s’est fait avoir et payer deux fois”. A titre d’exemple, ces cabinets peuvent proposer un logiciel de CRM pour combattre le dérèglement climatique qui force une fonte des glaciers éternels. La proposition de Closing Worlds et du master, en revanche, offre aux entreprises de s’outiller et d’ouvrir un cadre au lieu “d’arriver avec solution pré-mâchée et hors-sol”.

En effet, les redirectionnistes font le choix de la stratégie plutôt que de la résilience, pour “ne pas se laisser imposer une stratégie qui n’en est pas une”. Si l’on prend l’analogie des fictions, souvent, seuls les “méchants” élaborent des stratégie. Pourtant il y a un “enjeu à se positionner sur ce créneau-là, où il n’y a pas grand monde en fait” autrement cela revient à jouer les “gentils”, passifs et réactifs, au mieux résilients, ce qui n’est pas satisfaisant.

Questions complexes

Quoi qu’il en soit, les questions traitées par Closing Worlds et le master sont complexes. En effet, elles demandent d’articuler singularité (avec des terrains uniques et des enquêtes pour lesquelles il faut “toujours tout rejouer”) et généricité (en passant à l’échelle pour permettre l’inspiration et la réutilisation de leviers d’action par le plus grand nombre).

Face à la complexité, B. Stiegler prônait l’intérêt du dialogue entre les disciplines, plutôt difficile à mettre en œuvre dans un pays dont la culture sépare les métiers en silos distincts. Pour A. Monnin, l’“infradisciplinarité” de B. Stiegler passait par la culture et l’objet commun qu’il partageait avec les ingénieurs : l’audiovisuel. Dans le master, l’interdisciplinarité est partout, jusque dans les commandes. De cette façon, les étudiants interviennent en équipe, accompagnés de tuteurs, tous aux profils très variés. Chaque commande devient alors “un mini-écosystème” (à mettre en résonance avec les autres).

Le design offre “un cadre disciplinaire pour faire tenir ensemble et dialoguer un grand nombre de disciplines” au sein du master. En effet, “le design insiste sur la mise en forme là où les chercheurs ont abdiqué cette question et son plutôt captifs de dispositifs de mise en forme préexistants et qui leur échappent”. Cette hétérogénéité des pratiques du design intéresse A. Monnin dans le cadre de son master car elle est nécessaire pour prendre en main un sujet aussi large que l’Anthropocène. De plus, le design permet d’apporter une réflexion sur la forme, très importante pour alimenter la “posture d’enquête”. Ainsi, les étudiants suivent des cours sur des pratiques et des courants hétérogènes du design tels que le design fiction, le design spéculatif, l’ethnographie en lien avec le design…

Le design

Définition du design et posture du designer

Le Master of Science “Strategy and Design for the Anthropocene” que dirige Alexandre Monnin donne une place centrale au design. Pourtant, celui-ci a largement contribué à l‘Anthropocène en jouant un “rôle de vernis sur l’industrie”. Toutefois il existe aujourd’hui des pratiques en la matière qui dépassent la conception traditionnelle et qui remettent en question son image exclusivement industrielle.

Par ailleurs, le design est une discipline complexe à délimiter. D’ailleurs, il n’existe pas de consensus sur sa définition, y compris entre designers. Cependant, ce flou théorique n’empêche pas les jeunes designers qui sortent de formation d’être généralement à l’aise sur le terrain, ce qui se traduit par “une absence de crainte devant la dimension du faire”. C’est cette dynamique qu’A. Monnin essaye d’injecter au sein de sa formation. Le master ne prétendait pas former des designers car “même si l’on peut dire que l’on designe tous, on est pas forcément tous designer au sens de l’affirmer comme une pratique professionnelle”. L’objectif étant plutôt d’inciter les étudiants à adopter la mentalité du faire des designers et de les introduire aux pratiques alternatives du design. A l’issue de la première année, l’appropriation du design par les étudiant-es est toutefois plus importante qu’escomptée.

Misère symbolique, design décolonial et “dé-projection”

Ces pratiques et sous-disciplines alternatives renvoient notamment aux définitions proposées par les théoriciens Tony Fry et Alain Findeli. Ceux-ci considèrent le design comme une pratique qui doit assurer la durabilité et la soutenabilité de nos conditions de vie. Cela signifie également que le design aura un rôle politique à jouer dans les décennies à venir. Bernard Stiegler pensait qu’en adoptant une posture responsable, le designer pourrait lutter contre la “misère symbolique qui ravage le monde industriel”. Le designer serait alors chargé de réinventer la relation entre l’Homme et la technique pour réformer le système technique industriel actuel. Il serait alors question de réfléchir aux “pratiques et pas simplement aux pratiques de production et critiquer radicalement le concept d’usage et plus encore de consommation.

Pour A. Monnin, l’enjeu se situe principalement dans la décolonisation du design, que ce soit à travers la manière dont il est pratiqué (méthodes de recherche, outils de conception, cadres de pensée…) ou ce qu’il produit. Par exemple, lorsqu’un designer s’intéresse à la revitalisation d’une pratique locale, il est nécessaire d’éviter que la focale passe des acteurs locaux au seul designer. Le design doit participer à “dé-projeter” le monde, c’est-à-dire à éviter la projection comme une méthodologie d’accaparement de l’avenir sous les auspices du projet, ce qui conditionne un rapport très contraint au futur. Ce sujet est davantage développé dans le livre Héritage et fermeture, une écologie du démantèlement co-écrit avec Diego Landivar et Emmanuel Bonnet.

Management et design

Au même titre que le design, le management peut être considéré comme une science du projet. La dé-projection va donc également devenir un enjeu central du management. Aujourd’hui, le management et le design sont en concurrence sur les mêmes marchés même s’il existe une hétérogénéité dans les types de projets qu’ils entreprennent. Si le design a su gagner des parts de marché du côté du management grâce au Design Thinking, il semble justifié qu’il lui transmette ses méthodes plus alternatives pour avancer collectivement vers un avenir plus soutenable.

Pour aller dans ce sens, A. Monnin propose un module de 90h de cours à l’ESC Clermont qui s’intitule “Du management au design”. Les étudiants y sont amenés à découvrir le design et ses pratiques alternatives, tout en utilisant des outils de gestion avec lesquels ils sont déjà familiers. Les projets organisés dans le cadre de ce module ont ainsi deux objectifs principaux. Le premier est d’inciter les étudiants à remettre en question des notions qu’ils manipulent au quotidien et qui renvoient aux horizons de la technologie et de l’innovation. Le second est de les pousser à sortir de l’aspect rigide des méthodologies pour se tourner davantage vers le terrain et l’enquête. En effet, enquêter nécessite une forme de “rigueur extra-méthodologique” qui se forme au contact du terrain : “on ne passe pas le terrain au tamis, on passe plutôt le tamis au terrain”.

Ainsi, que ce soit au sein de son master ou de ce module, les étudiant-es sont davantage amené-es à découvrir une manière de faire du design plutôt qu’à apprendre des méthodologies inflexibles.

Enquêtes et leur déroulé

Le processus d’enquête de Closing Worlds suit cette même logique en articulant la singularité à une forme de généricité. D’un côté, chaque enquête est unique de par le terrain étudié, son déroulement ou encore l’équipe mobilisée. Ces différents éléments conditionnent l’enquête et débouchent sur une réponse singulière. L’objectif n’est jamais d’arriver sur le terrain avec une réponse préconçue : tout le sens de l’enquête est justement de tout rejouer. Cependant, cela n’empêche pas d’observer ou de provoquer des résonance entre les enquêtes.

D’un autre côté, faire en sorte que les outils deviennent de plus en plus génériques de manière à ce qu’un plus large public puisse se les approprier constitue un enjeu essentiel. Comme en design, c’est le travail d’investissement d’une forme qui a pour but de rendre possible l’adaptation d’un protocole à différents terrains sans avoir besoin de repasser par toutes les étapes du processus. Cette dynamique devrait permettre à la longue de faciliter l’internationalisation des outils, un projet d’adaptation de la redirection écologique au Québec étant déjà en cours.

Ces deux facettes de l’enquête ne sont donc pas mises en opposition car la dimension pragmatique et singulière du terrain nécessite de pouvoir passer à l’échelle pour répondre aux enjeux stratégiques de l’initiative Closing Worlds.

Le temps et le pharmakon

Notre rapport au temps

La question de la “dé-projection du monde” passe également par des considérations organisationnelles, anthropologiques et temporelles. Notre rapport au temps modifie ainsi notre rapport aux techniques. Nous devons donc le prendre particulièrement en compte.

La discipline majeure concernant la question de la temporalité est celle de la théologie, au-delà même de la philosophie. Néanmoins, celle-ci est souvent ignorée, notamment par de nombreux discours sur l’effondrement. Alexandre Monnin, lui, considère que ces connaissances sont primordiales pour comprendre les arguments et références théologiques qui ressurgissent toujours dans notre culture actuelle (mais qu’on ne comprend plus forcément). Ainsi, il a été marqué par le lecture du livre de Giorgio Agamben sur Saint-Paul, Le temps qui reste.

Penser le temps messianique et “le temps qui reste” entre directement en résonance des tentatives appréhensions contemporaines du monde et de sa temporalité, à l’instar de la collapsologie qui est cependant coupé de ce fond théologique. La théologie peut donc servir de “point de départ de grille de lecture” pour d’autres domaines qui questionnent le rapport au temps.

Par ailleurs, nos rapports au temps entre individus sont très différents. Cela est encore plus le cas entre les espèces, entre notre temporalité anthropologique et celle des non-humains. A ce sujet, Pierre Caye propose un livre de pure philosophie, dans lequel il mobilise le concept de patrimonialisation. De cette façon, il pose la question de la conservation par contraste avec celle de la production. Cette problématique est également celle de Bernadette Bensaude-Vincent dans son dernier ouvrage, intitulé Temps-paysage.

Elle s’interroge ici sur la façon de prendre en compte la très longue durée de vie des déchets nucléaires radioactifs comparativement à l’échelle humaine. Quoi qu’il en soit, il nous faut produire un nouveau rapport au temps. De ce fait, Pierre Caye souligne que nous avons d’abord accès à l’espace. C’est pourquoi, “pour produire un autre rapport au temps, il faut jouer sur un autre rapport à l’espace”. Ces différentes pistes nécessitent enfin d’être empiricisées.

Alexandre Monnin s’accorde sur l’importance de reconnaître des temporalités multiples : “j’ai en tête un temps anthropocentré, mais en considérant que l’Anthropos est aussi tramé par la technique, les infrastructures…”. Selon lui, notre rapport au temps est médié par les techniques.

En outre, nous nous retrouvons actuellement face à un paradoxe. En effet, nous ne sommes plus vraiment ni dans un temps linéaire (bien qu’on essaie de le faire durer, notamment à travers l’innovation), ni dans un temps où se projeter. Ainsi par exemple, continuer la transition énergétique au rythme actuel nous demanderait environ 360 ans pour parvenir à nos objectifs… mais accélérer cette transition consommerait trop et aurait des impacts négatifs potentiellement désastreux. Il apparaît donc qu’“on ne peut ni accélérer ni décélérer”.

Il va donc nous falloir sortir de la logique d’investissement permettant de tirer plus tard un profit. Le paradoxe temporel dans lequel nous nous trouvons nous force à passer à une “logique du geste qui demeure accordée à une finalité mais sans l’écart entre l’action et ses conséquences, ce que l’on sème et ce que l’on récolte”.

Pharmaka et communs

Cette différence de rapport au temps entre humains et non-humains est un enjeu central de l’Anthropocène. En effet, si la technique possède une temporalité et une spatialité qui lui sont propres, elle peut engendrer des réalités négatives qu’il faut prendre en charge. Sauf qu’aujourd’hui, personne ne veut s’en occuper. Nous pouvons prendre pour exemple les déchets nucléaires accumulés sur la Yucca Mountain dans le Nevada ou encore les sols pollués et les rivières en voie d’eutrophisation (c’est-à-dire sans poissons).

Une solution pourrait être de repenser la notion de communs. Cela nécessiterait de dépasser le concept de “tragédie des communs” de Garette Hardin, qui stipule qu’une ressource commune finira toujours par être surexploitée. Pour se faire, Elinor Ostrom propose d’instituer des règles par le commun en mettant en place une gouvernance démocratique. Malgré tout, le commun reste un outil utilisé pour éviter que des réalités positives ne soient accaparées, sans prendre en compte la gestion des réalités négatives qui existent déjà.

Alexandre Monnin, propose de parler de “commun négatif”. L’enjeu ici est de prendre soin collectivement de ces réalités négatives à défaut de pouvoir en faire table rase. Différentes actions peuvent ensuite être mises en place comme la revitalisation de certains espaces ou à l’inverse la création de communautés de non-usage. Selon cette perspective, nous allons devoir “aménager un espace et un temps spécifique” à ces ressources négatives.

La notion de commun négatif semble sur ce point se rapprocher de celle du pharmakon. Si nous reprenons la définition proposée par le site Ars Industrialis, bien “qu’il faille toujours envisager le pharmakon, quel qu’il soit, d’abord du point de vue d’une pharmacologie positive, [cela] ne signifie évidemment pas qu’il ne faudrait pas s’autoriser à prohiber tel ou tel pharmakon”. Néanmoins, la question du démantèlement n’a jamais été centrale dans la pensée pharmacologique de Bernard Stiegler. Lui pensait la technique comme étant à la fois poison et remède, plaçant ainsi l’enjeu principal au niveau des conditions d’adoption de ces innovations dans la société.

Toutefois, la pensée pharmacologique stieglerienne rencontre certaines limites. Tout d’abord, il est difficile de trouver un exemple de renversement positif sur le long terme. Dans un second temps, l’ambivalence du pharmakon ne peut être pensée qu’à travers une focale limitée : il n’y a pas “qu’un acteur principal qui peut être renversé par le dosage, mais une myriade d’acteurs”. Peut-on dans ce cas vraiment s’attendre à un renversement pharmacologique des systèmes techniques complexes comme celui lié à la production pétrolière ?

Pour A. Monnin ce n’est pas le cas, on ne peut plus être dans une logique de pharmacologie mais plutôt dans une logique qui n’exclut ni le démantèlement, ni le non usage ou encore l’exclusion. Une fois un commun négatif identifié, il faut réfléchir à ce qu’on en fait, comment on en hérite. Ce qui s’éloigne de la réflexion sur les pharmaka, la nature du soin envisagé et la possibilité d’un renversement n’étant pas partagés.

Le non-humain

Dans son introduction au séminaire “Anthropocène et Capitalisme : sortir de l’économisme par le design”, organisé par Guillaume Blum, Alexandre Monnin évoque les trois points qui lui semblent essentiels pour régler les problèmes actuels liés à l’Anthropocène.

Le non-humain : selon les acceptions, le terme de non-humain englobe plus ou moins l’entièreté des espèces animales et végétales (hors humain), ainsi que des éléments naturels, voire techniques, qui cohabitent avec nous sur Terre.

La place du non-humain

Parmi ces enjeux majeurs se trouve le fait de penser autrement la place du non-humain. Cela passe notamment par le maintien de l’altérité des non-humains, à travers une “écologie de l’altérité”, tels que le proposent des auteurs comme Hicham-Stéphane Afeissa. Cette façon de considérer le non-humain se distingue des causes animalistes et/ou véganes, qui sont davantage dans une logique de projection de l’individu humain sur le non-humain. Ainsi, il ne faut pas réduire la place du non-humain à “une extension des droits des humains qui ne sont déjà pas respectés, avec des logiques parfois très très artificialisantes” et, finalement, hyper-modernistes.

Plus fondamentalement, donner une autre place au non-humain nécessite de cesser de le considérer comme une ressource. En effet, cette vision “conditionne un rapport extractiviste à la réalité”. Pour notre culture, cela peut sembler difficile à concevoir, mais il existe bien d’autres manières de penser les choses. Pour ce faire, il faut s’écarter des visions très gestionnaires, empreintes de notre économie actuelle, pour “institutionnaliser un autre rapport au vivant”. Et il existe déjà de nombreuses initiatives à ce sujet…

Pour l’instant, A. Monnin s’intéresse davantage à la démarche de repositionnement du non-humain plutôt qu’à la solution proposée. En outre, selon lui chaque contexte peut nécessiter une approche spécifique. Ainsi, il revient sur l’extension des droits humains sur la nature, qu’il juge artificielle dans la plupart des scénarios. Néanmoins, dans certains cas, cette démarche peut constituer une véritable stratégie et ne pas être effectuée sur un mode anthropocentrique. Ainsi le montre l’exemple de certaines populations locales d’Amérique du Sud qui tentent d’imposer des droits aux rivières. Ici, ces peuples de traditions pluri-millénaires mobilisent “le droit du colonisateur” comme un outil stratégique pour maintenir leurs cosmo-visions, sans forcément adhérer à celle des colonisateurs. Il s’agit donc toujours de “reconstituer toute la complexité de la démarche” effectuée avant de la juger.

Pour ce type d’exemple, se référer davantage aux travaux de Diego Landivar et Emilie Ramillien sur les constitutions andines, bolivariennes et équatoriennes.

Un autre cas latino-américain est intéressant à citer. Ainsi, les boliviens se sont interrogés sur l’attribution de droits aux objets manufacturés. En effet, cette légalisation permettrait de sortir du rapport occidental très volontariste à la propriété privée dans lequel “on va montrer qu’on est le propriétaire car on peut détruire l’objet”. Contrairement à cette vision proposée par Michel Serres, le rapport aux objets serait radicalement différent : les humains auraient des droits et des devoirs par rapport aux objets (différents d’entre les êtres humains), les obligeant par exemple à les réparer et/ou les entretenir. Ce type de rapports cosmologiques peut ensuite se traduire bien des manières (économiques, juridiques…).

Par ailleurs, il faut garder à l’esprit que certaines solutions proposées peuvent aller à l’encontre des droits de certains humains. Ainsi par exemple, “on ne peut pas avoir une vision de la nature absolument harmonieuse sans être dans l’exclusion des personnes qui dépendent de la technique”. Les positions écologistes basées sur un certain rapport virginal à la nature et souhaitant faire disparaître l’élément technique entrent alors forcément en conflit avec les nécessités d’autres humains tels que les personnes transgenres. “On ne peut pas faire disparaître l’élément technique sans fragiliser un grand nombre de personnes”.

En outre, la notion de non-humain peut être comprise comme intégrant la Technosphère, dont les humains dépendent également. Comme le reste du non-humain, la technique et ses infrastructures nécessitent une autre manière de les aborder, c’est-à-dire de nouvelles cosmologies, pouvant différer selon les cas. A cet égard, Bernard Stiegler proposait déjà une certaine vision de la Technosphère, mais plutôt du point de vue de l’écologie de l’esprit. Ainsi, en retravaillant l’esprit des nouvelles générations, il espérait conditionner un nouveau rapport au monde quelques décennies plus tard. Nonobstant, A. Monnin considère que l’urgence dans laquelle nous nous trouvons désormais ne nous offre plus le luxe “d’opérer un tel détour et de tout repenser” sur une telle durée.

Place de l’humain par rapport au non-humain

Mais comment se placer en tant qu’humains dans ces réseaux d’agentivité (à comprendre au sens de la théorie de l’acteur-réseau de Bruno Latour) justement ? La designeuse Pauline Gourlet s’interroge sur les projets comprenant du design de la contribution participative. Dans ces cas-là, comment ne pas se retrouver uniquement dans des rapports à des parties prenantes, surtout lorsque ces dernières ne peuvent pas participer de façon classique, comme cela est le cas avec le non-humain ? On retrouve alors “l’enjeu de dés-anthropocentrer le design” et la question de savoir quelles nouvelles normes d’actions peuvent être mises en place.

La réponse à ces questions dépend une nouvelle fois du périmètre de prise en compte du non-vivant. Selon Bruno Latour, l’agentivité est globale. Néanmoins, la nouvelle génération de penseurs qui se réclament de lui pensent avant tout au prisme du vivant, évacuant alors la Technosphère. A titre d’exemple, Baptiste Morizot explique qu’“en pensant le vivant, il n’arrive plus à penser les machines”.

Face à la complexité de ces questions, il nous faut donc expérimenter et observer sur le terrain les réactions et comportements de ce non-humain plus ou moins étendu. Par exemple, un sujet sur le lait implique forcément le rôle prépondérant des bactéries. La place du non-humain sera alors importante car malmener et/ou éradiquer ce dernier aura de fortes conséquences. Pour ce faire, l’alliance entre science et design semble prometteuse. En effet, les designers possèdent des capacités pour “représenter les cosmologies, les mondes de ces éleveurs, leurs pratiques…”, sans pour autant tomber dans l’illusion de la maîtrise de la complexité par sa simple cartographie.

Au final, la question à se poser est donc plutôt celle de “l’enjeu des pratiques et de la subsistance”. En effet, les pratiques que nous choisissons sont toujours directement liées à notre survie. C’est pourquoi l’arbitrage que nous mènerons dans les projets impliquant du non-humain sera forcément orienté dans cette direction, la subsistance des humains ne pouvant être assurée par ces derniers eux-mêmes, du moins exclusivement. Pour élaborer des critères de prise en compte des non-humains, le principal enjeu sera alors d’“élargir notre compréhension du monde dans lequel nous sommes inscrits, y compris dans son altérité”. Il nous faut ainsi considérer l’altérité des non-humains (notamment du point de vue temporel) et son décalage par rapport à notre point de vue.

Introduire les non-humains dans les communs

Afin de faire avancer la théorie des communs d’Ostrom en dépassant la dichotomie Nature/Culture encore présente dans l’œuvre de cette dernière, Patrick Bresnihan propose le concept de “communs plus-qu’Humains”. Ainsi, les acteurs humains et non-humains partageraient des mondes qui se chevaucheraient partiellement, car chaque être a une perception différente du monde. L’intérêt du terme “plus-qu’Humain” est qu’il fait “disparaître l’humain”. De cette façon, il est a-dualiste et montre que l’humain est tramé par le non-humain (par exemple, il y a plus de cellules non-humaines qu’humaines dans notre corps). Il s’agit également d’écarter la notion de ressource, encore trop mobilisée à tort par certains adeptes des communs, tels que Benjamin Coriat.

Mario Blaser et Marisol de la Cadena invoquent quant à eux la notion d’“incommun”. De cette façon, il existe différents types de nature, au sens pratique du terme. Par exemple, le champ d’un agriculteur diffère d’une parcelle de permaculture : il ne s’y exerce pas les mêmes rapports à la localité, aux êtres, etc. : “il ne s’y passe pas les mêmes choses”. De cette façon, “même s’il y a un seul monde, il y a un chevauchement de mondes qui ne sont pas les mêmes”, étant donné qu’il y a plusieurs natures (et plusieurs techniques), au sens de plusieurs trajectoires de subsistance irréductibles les unes aux autres. La notion d’“incommun” permet alors de penser à la fois que le monde n’est pas un et qu’il existe différentes pratiques de ce monde.

Point d’attention : il est important de ne pas considérer de continuum entre natures et techniques comme le font parfois certaines disciplines. Ainsi on peut citer le cas du biomimétisme, une technique qui s’inspire bel et bien de la nature mais qui peut donner lieu à du “biomimétisme zombie”, pour reprendre les termes de José AHalloy, si elle sert à créer une aile d’avion par exemple. Relier entre eux les différents types de natures et de techniques peut donc être un dangereux raccourci amenant la nature à s’épuiser deux fois (une fois pour produire et une autre pour “contenir les effets négatifs de l’extractivisme”).

Ainsi, avant de déclarer que quelque chose est de l’ordre du commun, il préexiste déjà un conflit de mondes pour “déterminer de quel commun il s’agit”. Par exemple, ouvrir le commun au “plus-qu’Humains” de Patrick Bresnihan revient à entrer en conflit avec le monde selon Benjamin Coriat (“où on va broyer les non-humains”, encore considérés comme des ressources), ou avec celui des animalistes… “La pensée des communs a peut-être trop tendance à ratiboiser ce conflit diplomatique là”, qui est pourtant fondamental. Alors que si l’on reprend Bruno Latour, le commun est par définition produit par une diplomatie : “l’universalité est produite, elle ne préexiste pas à cet effort”.

Bibliographie du rapport

Voir notre synthèse “Designer pour renoncer” pour en savoir plus.

Recherches préliminaires à l’entretien

Bensaude-Vincent, B. (2021). Temps-paysage: Pour une écologie des crises. LE POMMIER.

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Annereau, C. (2021, 2 février). Les communs négatifs : prendre le problème à l’envers ?. La 27ème région.

http://www.la27eregion.fr/les-communs-negatifs-prendre-le-probleme-a-lenvers/

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Caye, P. (2015). Critique de la destruction créatrice: production et humanisme. Les Belles Lettres.

Coriat, B. (2020). La pandémie, l’Anthropocène et le bien commun. Les Liens qui libèrent. https://www.babelio.com/livres/Coriat-La-pandemie-lanthropocene-et-le-bien-commun/1285532

Hardin, G. (2018). La tragédie des communs. Presses universitaires de France

Hennion, A., & Monnin, A. (2020). Du pragmatisme au méliorisme radical: enquêter dans un monde ouvert, prendre acte de ses fragilités, considérer la possibilité des catastrophes. Introduction au Dossier. SociologieS.

Ostrom, E., & Baechler, L. (2010). Gouvernance des biens communs. Bruxelles: De Boeck, 54, 62.

Thévenot, L. (1986). Les investissements de forme. Conventions économiques, 29, 21–71.

https://origensmedialab.org/closing-worlds/

https://strategy-design-anthropocene.org/fr/programme

https://www.expertinbox.com/2013/06/06/un-outil-marketing-strategique-la-matrice-mckinsey

https://lafresquedurenoncement.xyz/

https://www.socialter.fr/article/hicham-stephane-afeissa-ecologie-de-la-difference

https://www.lecolededesign.com/actualites/sciences-du-design-11-3437

https://www.ehess.fr/fr/journ%C3%A9es-d%C3%A9tude/%C2%AB-cri-ga%C3%AFa-%C2%BB-journ%C3%A9e-en-lhonneur-et-en-pr%C3%A9sence-bruno-latour

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éléonore sas
La Boussole des designers

UX designer et doctorante en géographie (La Rochelle Université-CNRS), je cherche à déconstruire/changer le rapport humain-nature occidental via un jeu sérieux.