[Bordeaux- Cédric Seauvy] 1/2 « être entrepreneur, c’est être ambitieux et humble en même temps ».

Pierre Fournier
La Fabrique des Solutions
5 min readJan 5, 2017

Voici le portrait en deux parties de Cédric Seauvy, entrepreneur social à Bordeaux avec Ecoclicot. Il nous raconte les diverses leçons de sa vie d’entrepreneur. Un parcours de vie inspirant et riche d’enseignement pour tous.

Pierre Fournier : Peux-tu te présenter en quelques mots, quel est ton projet professionnel ?

Bonjour, je suis Cédric Seauvy, j’ai 34 ans, j’habite dans la région de Bordeaux. Je suis papa d’une petite fille de 4 ans, je suis entrepreneur depuis 8 ans dans le numérique.

J’ai lancé en début 2016 Ecoclicot avec William, mon associé. C’est une plateforme mettant en lien des marchands vertueux et des consommateurs souhaitant acheter des produits responsables. La mission de favoriser la consommation responsable.

Nous mettons en valeur ces acteurs en racontant leurs histoires humaines et leurs démarches responsable, mais aussi pour transmettre des informations pour permettre aux futurs acheteurs d’être dans une réelle démarche de consom’action.

PF : Quelle enfance as-tu eu ?

Je suis née à Valence, dans la Drôme, en 1982, j’y suis resté 11 ans. J’ai vécu dans une famille classe moyenne, heureuse et aimante. J’ai été un enfant réservé durant ma jeunesse.

J’ai déménagé à Bordeaux en 1994 suite à la mutation du travail de mon père.

J’ai reçu une éducation religieuse (protestante) mais j’ai eu besoin de m’affranchir de cela durant l’adolescence. Je trouvais que la religion était une chose très abstraite pour moi, avec le recul, je pense que cette instruction m’a donné inconsciemment des valeurs positives.

J’ai eu un parcours scolaire classique jusqu’au lycée où celui-ci est devenu plus chaotique, avec un bac obtenu au rattrapage, l’enseignement théorique n’étant pas adapté pour moi. Il y avait trop d’apprentissages par cœur, pas assez de concret.

Je me suis, découvert en formation post bac, en découvrant du concret et le monde de l’entreprise.

J’ai réalisé des études de logistique à l’IUT de Bordeaux et suite à mon stage chez IKEA en 2003, j’ai rencontré ma compagne, notre histoire dure depuis 13 ans.

Ensuite, j’ai commencé une période d’alternance dans la logistique et la qualité pendant deux ans. J’ai finalement continué mes études jusqu’à un mastère spécialisé en management de projet, moi qui avais eu difficilement mon bac, 5 ans auparavant…

PF : Quel constat as-tu fait lors de ta 1ère expérience de travail ? Comment as-tu changé de voie ?

Au bout de quelques mois de chômage et de contrats précaires, j’ai été embauché en CDI dans une entreprise de fabrication de bouchon de liège en tant que responsable qualité.

C’était une entreprise familiale, très paternaliste. Je me suis aperçu rapidement que mon travail n’était pas du tout valorisé et que mon impact au sein de celle-ci était très faible.

Rapidement, je me suis dit que j’avais besoin d’autre chose. C’est ainsi que je me suis retrouvé entrepreneur. Tellement de personnes avaient l’envie de créer, mais tellement peu passent réellement à l’action. Je me suis dit, essayons !

J’ai donc créé mon entreprise dans le e-commerce (vente de produits de bien-être pour se diriger ensuite vers des produits d’économie d’énergie). Je n’avais pas beaucoup de risques ( pas de crédit, pas d’enfants). J’ai lancé cette activité tout en conservant mon poste. Cette situation a duré 2 ans.

En 2010, j’ai commencé à consacrer à 100% de mon temps à l’activité. J’ai ressenti un espace de liberté énorme, le champ des possibles s’ouvrait pour moi !

PF : Comment s’est passé le développement de ton projet entrepreneurial ?

En 2011, mon activité a grandi, je me suis installé dans des locaux, recruté ma 1ère stagiaire. J’ai appris le management sur le tas, je n’avais aucune connaissance sur le bon fonctionnement d’une équipe. Le chiffre d’affaires de mon activité progressait, mais la rentabilité n’était pas au rendez-vous. Je n’arrivais pas à me dégager un salaire tous les mois. Mais je continuais à trouver du plaisir à travailler, c’était des grosses journées de travail, je rencontrais énormément de personnes motivantes, ouvertes, allant de l’avant, étant acteur de leur vie.

Pour mon entourage, ce n’était pas simple, il y avait peu de revenus qui rentraient. J’ai été dans une sorte de bulle en ne prenant pas conscience des risques pris. Pour continuer à faire progresser mon activité, j’ai effectué des emprunts bancaires avec des cautions personnelles en pensant que celle-ci allait marcher, j’allais tout rembourser. Étant optimiste de nature, j’ai embauché, agrandi les locaux, acheter plus de stock, fait des investissements marketing.

PF : Quelles ont été les difficultés que tu as rencontrées ? Comment les as-tu abordées ? Quelles leçons peux-tu en tirer ?

En 2015, je me suis retrouvé dans une situation assez compliquée. Le chiffre d’affaires de mon activité ne progressait plus assez, j’avais de nombreuses dettes à rembourser. J’ai été obligé de réduire les charges. Il y avait 5 personnes dans l’équipe (un intérimaire, une salariée à temps plein, 2 stagiaires et moi). En quelques mois, j’ai dû me séparer de ma salariée que j’appréciais beaucoup. Cela a été très difficile pour moi. J’ai eu également des soucis avec mes fournisseurs et avec les banques.

Quand l’activité marche bien, il y a aucun souci. Mais dès qu’il y a une baisse de celle-ci, toutes les portes se ferme et les relations avec les acteurs de l’entreprise deviennent plus tendues. (demande de paiement comptant, blocage des comptes par les banques, blocages de cartes bancaires, refus de modulation de prêt, jusqu’au risque de procès).

Actuellement, je continue cette activité, il me reste des dettes bancaires à rembourser. Si je ne les paye pas, les banques vont prendre mes cautions personnelles.

J’ai mis beaucoup d’affections sur ce projet. Mais ce n’est pas un enfant, ce n’est pas une personne humaine. Il faut créer une distinction entre les relations humaines que l’activité engendre et le projet en lui-même.Je ne suis pas le projet

J’ai appris énormément de cette expérience comme par exemple :

  • Être plus clair dans mes intentions de paroles avec mes collègues.
  • Faire attention lorsque l’on souhaite réaliser des emprunts avec les banques.
  • Ne pas s’oublier totalement, s’accorder du temps pour soi et pour son entourage, cela ne sert à rien de travailler comme un forcené pendant 15 heures.
  • Se sécuriser d’abord soi et sa famille financièrement.
  • Important de d’envisager une date de mort du projet « « Si à telle date, je n’arrive pas à me payer, j’arrête tout. »
  • Se mettre une barrière entre soi et son projet (Prendre de la distance : suffisante et nécessaire)

« La qualité d’un entrepreneur est d’être ambitieux et humble en même temps, car la réalité du terrain nous raccroche toujours. Il faut être honnête avec soi-même sur ce qu’on est capable ou pas de faire. Ne pas se mentir à soi-même car le résultat est que l’on va se prendre un mur à un moment donné. »

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Pour en connaitre plus sur Ecoclicot : voici le site.

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Pierre Fournier
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