[Bordeaux- Nicolas Calvo] 1/3“ J’ai un bon job, je suis bien payé, mais je suis loin d’être heureux.”

Pierre Fournier
La Fabrique des Solutions
4 min readJul 25, 2017

Allons à Bordeaux pour découvrir le parcours de vie de Nicolas Calvo, dans cette première partie, il nous raconte ses premières expériences de travail. Mais aussi son départ de son job, les conséquences d’un management basé sur la peur et la maximisation du profit.

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Nicolas Calvo, j’ai 36 ans, j’habite à Bordeaux. Je suis Coach, facilitateur en communication et en intelligence collective dans les organisations. Je suis un membre actif de la communauté Ouishare Bordeaux, vice-président du CA d’Osons ici et Maintenant et coach speaker au TEDX Bordeaux.

La Fabrik à déclik, un projet porté par Osons Ici et Maintenant.

Qu’est-ce que l’intelligence collective pour toi ?

C’est réapprendre à travailler ensemble pour favoriser l’engagement, la confiance et la performance collective. C’est l’art subtil de faire ensemble autour d’un objectif commun.

Quelles ont été tes études tes premières expériences professionnelles ?

J’aimais bien le droit et j’étais fort en mathématiques à l’école. Je me suis donc orienté vers une école d’expertise comptable. J’ai arrêté au bout de 4 ans mes études et je suis parti dans la vie active.

J’ai bossé dans l’immobilier et dans le médical. Et j’ai clôturé mon expérience en comptabilité dans une entreprise qui faisait des bijoux, accessoires de mode à l’international. J’avais une casquette de trésorier / assistant directeur administratif et financier.

Dans cette structure, la valeur dominante était la maximisation du profit. Celle-ci se faisait au détriment des salariés et de leur bien-être. Il y avait un management assez dur et par la peur. L’ambiance était très pesante et beaucoup de mes collègues de travail venait à reculons. Je ne me sentais pas bien, mon travail me plaisait de moins en moins et je commençais à m’ennuyer fortement dans mon job de comptable. D’autant plus que les valeurs véhiculées par la structure étaient à l’opposé des miennes.

J’étais sûr de ne plus vouloir continuer dans ce job. C’est à ce moment là où je me suis rendu compte que : « J’ai un bon job, je suis bien payé, mais je suis loin d’être heureux».

J’étais un petit peu le “cul” entre deux chaises « qu’est-ce que je fais ? ».

A cette époque, je travaillais de moins en moins, j’ai eu une grosse baisse de motivation et je connaissais par cœur mon boulot. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à prendre de plus en plus de temps pour prendre soin de mes collègues qui ne supportaient plus notre ambiance de travail.

Mon arme principale c’était l’humour et le sourire au quotidien.

J’avais mis en place une chose: lorsqu’il y avait l’anniversaire d’une personne, je demandais à celle-ci de faire un gâteau. Chaque personne ramena un gâteau d’anniversaire afin de le célébrer avec ses collègues. Cette initiative a permis de créer une atmosphère plus détendue et conviviale : on se réunissait dans les bureaux, on partageait le gâteau, ainsi que des sourires.

Dès lors, j’ai fait le choix de suivre mes valeurs profondes, en contradiction radicale avec contexte de management rude de l’entreprise. Cette situation m’a permis de découvrir le lâcher prise. J’ai pris naturellement soin de mes collègues. Les aider m’a permis de donner un autre sens à ce travail qui ne me plaisait plus. L’aspect humain me touchait profondément. Le fait que mes collègues et moi on se sentait bien, c’était mon leit-motiv pour me lever le matin.

J’étais un peu le “GO du club Med” de mon organisation.

Comment s’est passé la rencontre avec ton patron pour lui annoncer ton départ ?

Je suis allé le voir dans son bureau en lui disant:

“ Je ne me sens plus confortable dans mon poste de travail et j’ai envie d’être auprès de ma mère malade.”

Mon PDG a entendu ce que je lui ai dit, mais il était hors de question pour lui de me faire une rupture conventionnelle au motif que je vais lui coûter trop cher.

Je lui explique que je pars pas pour l’argent mais pour mon épanouissement personnel, pour prendre soin de ma mère.Mon patron me fait comprendre que ce n’est pas son problème et que si je veux partir, je vais devoir démissionner car il est hors de question pour lui de lâcher un centime pour mon départ.

Qu’est-ce qui t’a le plus révolté dans cette réaction ? Comment as-tu réagi ?

En voyant sa réaction, je comprends alors pourquoi la dimension de l’argent est si fortement ancrée dans cette organisation. Je pars pour mon bien-être, alors que lui reste focalisé sur l’argent qu’il ne veut pas perdre. Pire encore, il était complètement désintéressé de la conséquence de mon départ et de la charge de travail supplémentaire que cela impliquait pour mes collègues. A l’époque mon poste était central, puisque je pilotais le service à l’aide des données de mes autres collègues.

A de nombreuses reprises, je suis allé le voir pour essayer de négocier mon départ mais sans succès, je n’ai pas eu d’autres choix que de faire un abandon de poste. Et pour éviter une complète désorganisation du service, j’ai tout fait pour rendre mon départ soutenable pour mes collègues. C’était il y a 5 ans.

Retrouver les deux autres parties du portrait de Nicolas Calvo sur La Fabrique des Solutions, vous pouvez interagir directement avec lui via son Twitter et son blog.

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Pierre Fournier
La Fabrique des Solutions

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