Pourquoi il est idiot d’imposer nos croyances aux autres ?

Pierre Fournier
La Fabrique des Solutions
5 min readApr 2, 2018

Nous avons chacun nos propres croyances, nos causes qui nous animent, elle touchent à nos émotions. Elles peuvent devenir source de repli sur soi, de tensions, de conflit graves envers les autres. C’est pourquoi il est important de prendre du recul sur soi et de se confronter à l’inconnu. Ce sont des actes d’émancipation.

Croire, une nécessité pour chaque être humain

La croyance du latin “creance” veut dire dans son sens premier “action de croire une chose vraie, vraisemblable ou possible ».

Croire est une importance vitale pour les êtres humains. Elle permet à chacun d’entre nous d’évoluer, de changer, d’apprendre.

Ces croyances sont extrêmement diverses, elles peuvent être religieuses (islam, chrétien, taoïsme…), des valeurs (les droits de l’homme, la justice sociale, l’émancipation des individus…), des idées (l’humanisme, la compétition, la coopération, l’argent, la richesse…), des causes (les réfugiés, la pauvreté…).

Les croyances permettent de fédérer des centaines, des milliers de personnes autour d’elles. Elles se développent afin qu’elles deviennent réelles et acceptées par le plus grand nombre. Dans nos sociétés occidentales, les croyances communes sont nombreuses :

  • La séparation entre l’homme et la nature, le corps et l’esprit (Descartes)
  • La propriété privée absolue
  • La compétition entre les individus et les organisations
  • L’évaluation par le contrôle des individus et les résultats chiffrés (CA réalisé, Nombre de productions réalisés, tableau de bord, indicateurs…)
  • Le contrat (travail, vente, prêt, location…)
  • Dominant-dominé
  • La comparaison entre les choses et les individus
  • ….

Les actions générées autour des croyances peuvent être très positive ou négatives mais elles ont un point commun, elles touchent à l’émotionnel. Quand nous parlons de nos croyances, nous parlons un peu de nous et nous livrons aux autres. Cela peut être constructeur comme destructeur. Celles indiquées ci-dessus sont extrêmement fortes dans notre société, certaines sont présentes depuis plusieurs siècles comme la relation dominant-dominé.

Un risque majeur : ne pas douter et imposer ses croyances aux autres.

“Ce n’est pas le doute, c’est la certitude qui rend fou.” Friedrich Nietzche

Combien de fois dans notre vie quotidienne (professionnelle, personnel, associative…), nous agissons avec la certitude d’avoir raison, d’avoir rencontré des personnes qui ont trouvé la solution à tel ou tel problème. Avoir ce positionnement de non doute est un des chemin rapide et direct qui mène vers des croyances et des pratiques autocratiques.

L’exemple de Ron Jones, professeur d’histoire américain est flagrant. Afin de faire comprendre aux étudiants les dangers et le retour possible de tel pratiques, il a lancé l’expérience de la Troisième Vague. Ron Jones était le leader charismatique, les valeurs de ce mouvement était : Discipline, Communauté, Action.

Aucune contestation de la ligne était possible. Il y a eu des conséquences positives à ce mouvement autocratique, séduit par une égalité stricte entres leurs membres, les étudiants étaient heureux de participer. Ils ont pu gagner en assurance, en prise de parole. Les étudiants les plus timides étaient dans un cadre bienveillant.

En une semaine d’avril 1967, il a réussi à fédérer deux cents étudiants qui ont agis pour créer une police secrète basé sur la délation, la création de slogan vis de ceux qui critiquait les autres étudiants contre la troisième vague.

Nous sommes tous victime du Putain de Facteur Humain.

Comme le dit Hubert Reeves, nous continuons à croire à des choses qui nous arrange avec notre conscience, nos idées, nos valeurs, notre organisation (association ou entreprise). Le critère de l’intelligence est mis de côté. Ce sont les raisons pour laquelle on accepte des choses qui ne sont pas acceptable par l’esprit critique capable d’avoir des doutes et d’établir une réalité avec toute l’objectivité possible.

Qu’est-ce que l’esprit critique ?

Claude Mousset : “L’esprit critique, c’est de ne pas prendre comme parole d’évangile le moindre discours. C’est être capable de comprendre tout ce que veut nous dire l’autre, de déceler les intérêts personnels et les conflits d’intérêts. L’esprit critique demande du temps, de la méditation, de la réflexion profonde, de ne pas être dans l’immédiateté. Comment expliquer quelque chose de complexe en quelques mots, c’est impossible.”

C’est con mais c’est comme çà.

Changer de croyance est extrêmement compliqué. Le PFH est traitre pour diverses raisons :

  • Situation de confort : nous n’avons pas besoin de réfléchir car d’autres le font pour nous et/ou nous ne pouvons pas consacrer du temps à cela car nos vies professionnel et personnel nous empêchent de prendre du recul.
  • Peur du changement :
  • Procédure déjà établi : Contester des pratiques, des procédures.
  • Peur de la diversité :

“Le doute, c’est le commencement de la sagesse” Aristote

Lorsque nous restons dans nos croyances, nous affirmons que nous détenons LA VÉRITÉ et comme nous l’avons vu précédemment, c’est une situation extrêmement dangereuse.

Pour sortir de ces arrangements personnels créé par nous ou notre environnement (école, famille, amis, entreprise…), il est primordial d’aller au-delà de nos certitudes, de sortir de notre espace confortable, d’aller se confronter à la diversité, à l’inconnu.

Celui qui croit en lui-même n’a pas besoin de convaincre les autres. Celui qui est heureux avec lui-même n’a pas besoin de l’approbation des autres. Celui qui s’accepte lui-même, le monde entier l’acceptera Lao-Tseu

C’est une source de développement personnel, de surpassement de ses propres peurs, d’apprentissage infini et d’innovation. C’est aussi un acte d’intelligence noble et accessible à tous les individus car nous apprenons à faire la distinction entre la vérité et sa vérité.

Le doute permet l’affermissement de sa vérité tout en comprenant celle des autres. C’est le début de la bienveillance ou de la résilience pour les personnes qui ont vécu un choc traumatique. Tout l’enjeu est de trouvé des points d’entente entre ces différentes convictions afin de faire ensemble et de créer de la confiance.

Alors arrêtons de dépenser de l’énergie, du temps et parfois de l’argent à faire adhérer les autres à nos croyances. C’est une recherche dangereuse, vaine et délétère.

Cherchons en nous ce qui nous anime, ce qui nous définit en tant qu’individu et prenons toutes les opportunités que va vous offrir la vie, que vous allez vous même créé . Le doute est un des chemins de la sagesse mais également de la liberté et de l’émancipation.

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Pierre Fournier
La Fabrique des Solutions

Passionné par l’ #ESS #educationpopulaire #innovationsociale, #sharingeconomy @pfbaloo.