Ahhh, elle a des poils, dégueu !!
« Pas envie de voir des poils sous les bras de femmes. Ça me fait environ le même effet que de voir la raie du cul poilue d’un type qui a le slip trop bas dans la rue. »
Ca, c’est N., un pote que j’adore, a lovely chap. Sauf qu’il ne manque jamais de me faire remarquer à quel point mes poils aux aisselles et aux jambes le dérangent. C’est bizarre quand un pote te dit que tu le dégoutes. Il m’a connu à l’âge des crottes de nez qui pendent et même ça, ça ne le dégoutait pas autant que mon choix de laisser mon corps au naturel.
C’est quand même dingue, une femme refuse une pratique douloureuse et coûteuse, fait le choix d’avoir une vie esthétique aussi simple que celles des hommes, et tout d’un coup elle devient un objet de dégout. Encore une fois le patriarcat a bien réussi son coup, à coup de campagnes de pub et de couvertures de magazine féminin, il a reçu à nous convaincre que les poils d’une femme étaient différents de ceux des hommes. Ceux des hommes sont sexy, enfin jusqu’à ce qu’ils envahissent les cous et les raies des fesses, ceux des femmes, où qu’ils soient, sont une attaque au bien-être visuel.
Pourtant, les poils féminins représentent la même chose que les poils masculins : la maturité sexuelle (la super journaliste Marinette vous explique en vidéo 👇 l’histoire des poils féminins et ses implications). Donc essayer de rendre glabres les femmes, c’est essayer de les renvoyer à l’état vulnérable de l’enfance — rappelez-vous, c’était quand vos parents décidaient de tout pour vous : l’heure à laquelle vous pouviez vous coucher, à combien de bonbecs vous aviez le droit et les pompes que vous aviez l’autorisation de porter.
Epilation, guerre aux cheveux blancs et botox, même combat : se rajeunir. Se rajeunir et oublier que les femmes sont des adultes, shocking, des personnes fortes, qui maitrisent leur vie et peuvent créer leurs propres règles (ouaich, ça vous rappelle pas mon dernier article sur comment on appelle trop souvent les femmes “les filles” ? ). Et au passage ça occupe bien l’esprit et le portefeuille des femmes qui passent ainsi moins de temps à conquérir le monde.
Enfin bref, c’est parce que j’avais peur de ce genre de réactions que je me suis épilée jusqu’à mes trente ans. Mais qu’allais-dire les gens si je me baladais velue comme une Homo neanderthalensis ? Pourrais-je encore plaire à des gens si je laissais mes mollets au naturel ? Me trouverais-je encore belle si je ne domestiquais plus mes aisselles ?
Cela fait un an que j’ai arrêté de perdre du temps à m’épiler et l’heure est au bilan :
- Je n’ai eu le droit qu’à très peu de réflexions. Mon ami N. est probablement le seul à m’en parler de façon systématique. Certain·e·s ami·e·s m’ont simplement demandé pourquoi je faisais ça et, une fois l’explication donnée, elles et ils sont passé·e·s à autre chose. Je m’attendais à des réflexions moqueuses dans la rue. Que nenni. La seule chose qui intéresse les inconnu·e·s dans la rue, c’est la longueur de mes shorts.
- Je plais toujours. Ma vie amoureuse et sexuelle va bien, merci.
- Je me trouve toujours belle. Je prends soin de moi, mes ongles sont toujours bien coupés, mes jambes gommées et mon maillot dessiné. Mais je ne suis pas épilée. A vrai dire, je trouve depuis longtemps les femmes au naturel belles, je trouve que ça leur donne une confiance incroyable et que cela fait ressortir leur féminité. I mean, check those hotties! Alors pourquoi ce ne serait pas le cas pour moi ?
Et puis il y a tous les avantages auxquelles je ne m’étais pas attendue :
- Je me sens légère. Déjà, ça me fait un sacré soucis en moins de ne plus me demander si je suis bien épilée, si je ne devrais pas faire un maillot plus échancré, et où j’ai mis ma pince à épiler. Ca m’a libéré du temps et de l’argent. Mais surtout, j’ai appris à vraiment aimer mon corps. Je n’essaie plus de le domestiquer, je l’accepte, tel qu’il est, dans toute sa féminité, avec tous ses défauts et toutes ses qualités.
- Je me sens plus femme. Avec mon corps frêle et mes seins absents, me sentir femme a toujours été un défi, plus maintenant 💪
- J’aime le toucher de mes jambes légèrement velues… autant que celui des jambes fraichement épilées. En bref, je m’en fous, c’est un peu comme me demander si je préfère le chocolat en tablette ou en mousse. C’est cool dans les deux cas.
- Je suis plus riche d’à peu près 53€ TTC par mois (déso Body Minute). Dolla dolla bill yo.
Et d’après ce que j’ai remarqué, depuis que j’ai arrêté de m’épiler, le monde tourne toujours rond, les femmes n’ont pas encore éradiqué les hommes et le soleil continue de bouder Paris au mois d’août.
Bref, faites ce que vous voulez de votre corps !
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Roh et puis zut alors, une dernière petite vidéo pour vous avec plein de gens qui font beurk :