Frédéric Montagnon :
“Les ad-blockers tuent
un modèle qui permet
à tous de s’informer
au quotidien”

La Press Tech
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Published in
4 min readOct 1, 2015

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Co-fondateur d’OverBlog, Frédéric Montagnon a créé en mars 2014 à New York Secret Media, une startup qui conseille les éditeurs de médias pour palier aux dommages causés par les ad-blockers. Il est également porteur du projet French Tech NYC, qui a permis en juin à New York de devenir la première ville étrangère labellisée French Tech.

Propos recueillis par Christophe GREUET pour La Press Tech

En quoi consiste l’activité de Secret Media ?
Nous développons des technologies et une stratégie Marketing qui permettent :
- aux éditeurs de retrouver les revenus perdus du fait de l’AdBlocking,
- aux annonceurs de toucher efficacement les utilisateurs d’AdBlock qui sont intéressés par leur produits ou services.
- aux utilisateurs de ne plus être submerger d’impressions publicitaires.

Nous avons créé Secret Media pour défendre l’accès à des services de qualité pour tous, et éviter qu’un faux idéal ne tue simplement un modèle qui permet aujourd’hui à trois milliards de personnes dans le monde de s’informer quelque soit leur revenu.

Selon vous, quel niveau de danger représente pour les éditeurs de presse la popularisation des ad-blockers sur mobile ?
Les ad-blockers ont été développés et sont devenus populaires en Allemagne avant tout autre pays. Lorsqu’on voit que 62% du temps passé sur le desktop en Allemagne n’est pas monétisé du fait de l’AdBlocking, on a une petite idée ce que le future réserve aux autres pays.
Apple s’est arrangé pour faire énormément de bruit autour de la possibilité d’installer des ad-blockers très simplement sous iOS9. Google va forcement suivre sur Android, et on peut facilement imaginer que d’ici six à neuf mois nous aurons les mêmes taux de blocage sur le mobile que sur le “fixe”. Probablement plus même, car c’est le bouche à oreille qui propage AdBlock, et il est bien plus facile de montrer à quelqu’un comment on installe un ad-blocker depuis un mobile.

De quelles solutions les éditeurs de presse disposent-ils pour palier au manque à gagner créé par les publicités bloquées ?
Uniquement deux :
- essayer de convertir leurs utilisateurs en clients (contenus/services payants). Mais ça fait 15 ans que tous les médias s’y emploient, et j’imagine qu’on est déjà arrivé au maximum de ce qu’il est possible de faire.
- utiliser des technologies pour éviter que les utilisateurs consomment un contenu ou un service sans le payer. Il ne faut pas oublier que la publicité en ligne est un moyen de paiement, et qu’un affichage est une transaction en soi.

Aujourd’hui, nous sommes les seuls à proposer une solution autour des publicités vidéos. Nous avons choisi ce format car c’est celui qui concentre le plus les investissements et la valeur. La visualisation d’une vidéo publicitaire ciblée vaut autant que l’affichage de mille bannières. Mon pari est le suivant : diviser par mille le nombre d’affichages (donc la pression publicitaire) tout en conservant le revenu pour l’éditeur, la valeur créée pour l’annonceur, tout en augmentant considérablement le confort des utilisateurs. Ce projet est réaliste là où le projet de blocage systématique ne l’est pas, puisqu’il pousse les éditeurs à tout rendre payant, ou à maquiller des contenus payés par des annonceurs en articles indépendants.

Que pensez-vous de la décision du créateur de l’ad-blocker Crystal de laisser passer des publicités en contrepartie de financements de ces annonceurs ?
On est pas loin (si ce n’est le cas d’ailleurs) du parasitisme. Ce que paient les annonceurs devrait tomber dans les recettes des éditeurs.

Vous avez porté le projet de la French Tech New York, qui est devenue en juin la première ville étrangère labellisée. Quelles sont aujourd’hui les activités de ce groupement ? Quels sont ses projets ?
Nous avons fait labelliser l’écosystème des startups créées par des Français et pilotées depuis New York pour quatre raisons :

  • montrer aux entrepreneurs français que le marché américain est accessible ;
  • aider les entrepreneurs qui souhaitent s’exporter à trouver des contacts pertinents lorsqu’ils viennent à NYC ;
  • donner de la visibilité aux startups “French Tech” présentent à NYC ;
  • montrer l’efficacité d’un modèle nouveau: R&D en France, vente et busdev depuis les Etats-Unis (85% des startups French Tech NYC).

Il ne s’agit pas de couver des projets comme peut le faire un incubateur, mais de donner de la visibilité à ce qui existe déjà et aider les entrepreneurs à se rencontrer au travers de ce qu’organise le consulat, FrenchFounders, Business France, et une centaine d’entrepreneurs présents ici.
Quelqu’un qui s’intéresse à ce que font les français dans la tech à NYC doit trouver tout ce dont il a besoin sur ce site.

A lire aussi : le livre blanc de Secret Media sur les AdBlockers

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The weekly newsletter where media meet digital and French tech. By @ChristophGreuet. Suscribe free on lapresstech.co