Pourquoi avons-nous besoin de la voiture autonome ?

Cosmo
La Voiture Autonome
4 min readMar 23, 2018

Les promesses des voitures autonomes dépassent bien largement la trivialité d’une partie de cartes en voiture.

Les véritables enjeux sont de réduire voire de supprimer les accidents, de diminuer le coût du transport et de générer de nouveaux services et de nouvelles formes d’organisations sociales.

Supprimer la mortalité routière :

En 2015, les accidents de la route étaient la 10e cause de mortalité. Chez les 15–29 ans, s’en est même la 1re cause.

Nous dépensons beaucoup d’argent dans la recherche, pour combattre le sida et le cancer, mais finalement assez peu en proportion pour améliorer la sécurité routière.

Avec les véhicules autonomes se présente une occasion de supprimer les accidents de la route. Combien serions-nous prêts à investir dans cette avancée technique qui ravage tant de vies et de familles ? Il est certain que si nous la regardions comme une maladie, nous aurions une autre manière d’aborder et de répondre à ce qui constitue l’un des premiers problèmes de santé publique.

La diminution du coût du transport :

Le secteur des transports représente environ 15 % du PIB. C’est colossale. Et assez logique : le transport permet l’allocation des ressources et des personnes dans l’espace, l’économie en a un besoin vital pour fonctionner.

Les véhicules autonomes permettraient de réduire le coût du transport de 80 à 95 %. En supprimant le chauffeur, mais aussi en améliorant la conduite, en supprimant le coût de l’assurance, en fluidifiant le trafic et en optimisant l’usage de nos véhicules qui reste au garage l’essentiel du temps.

Le PIB français s’élève à 2 465 milliards d’euros. Le transport représente donc environ 370 milliards d’euros. Une réduction de ne serait-ce que de 50 % (soyons pessimiste) des coûts permettrait une économie de 185 milliards d’euros annuels soit 2 846 euros par habitant.

De nouveaux services et de nouvelles formes d’organisation sociale :

Les véhicules autonomes rebattront les cartes dans la façon dont nous commerçons en proposant des supermarchés mobiles, et des boutiques sur roue.

Nous pourrons par ailleurs réinvestir des espaces géographiques jusqu’ici abandonnés et choisir où nous vivons.

Est-ce que cela sonnera le glas de l’urbanisme tel que nous le connaissons ? Cela permettra-t-il de percer les poches de pauvreté qu’il a formé ? Ou bien un nouveau lumpenprolétariat vivant dans des voitures appartements et se déplaçant au grès des besoins en main d’œuvre verra-t-il le jour ?

Nous pourrons en tout cas réinvestir des territoires aujourd’hui abandonnés, vivre à la campagne et nous y rendre avec bien plus de facilité.

Sur un territoire comme la France, le plus vaste d’Europe, doté du réseau routier par habitant le plus dense, les opportunités sociogéographiques et urbanistiques dépassent ce que nous pouvons imaginer aujourd’hui.

Nous n’avons pas besoin de la voiture autonome.

Et à tout prendre, nous n’avons pas plus besoin de voitures. Toutefois, cette mobilité autonome pourrait libérer des économies et des énergies d’une magnitude encore plus grandes qu’Internet. La question est toujours là même : qu’en ferons-nous ?

Ce « nous » recouvre la société civile, mais surtout le pouvoir politique et économique. Si l’on jette un œil sur la façon dont la digitalisation a eu lieu et l’impact qu’elle a eu sur notre monde, on peut en tirer deux grands enseignements :

  1. Il est impossible de prédire les transformations à venir. Qui aurait pu prédire Facebook, eBay ou Amazon en 1984 lorsque les premiers emails commençaient à être échangés ?
  2. Ce sont les entreprises privées qui ont façonné ce Nouveau Monde et plus spécifiquement les entreprises américaines de la Silicon Valley. Et ce sont elles qui en ont siphonné l’essentiel de la valeur. Alors que les États et les forces politiques n’ont fait que réagir souvent avec beaucoup de retard et d’incompétence.

La Silicon Valley va-t-elle encore remporter la mise ?

Pour ce qui est de la maîtrise technique, les sociétés les plus avancées sont celles de la Silicon Valley. Waymo la filiale d’Alphabet mène la course en tête. Chez les constructeurs, à part GM, le géant américain de l’automobile, aucun d’eux ne semble s’être lancé assez tôt et avec assez de vigueur pour pouvoir prétendre au Graal de l’autonomie avant les géants de la New Tech. S’agissant d’une question d’intelligence artificielle, il est logique que ce soit de ce côté-là du monde que tout se joue et que tout se gagne.

Toutefois, le transport est une des prérogatives des pouvoirs publics. La maîtrise du territoire, des infrastructures routières et des plans d’urbanisme par les villes et les États leur donne une place de choix pour participer à ces transformations. Mais celle-ci pourrait tout autant les pousser à abandonner la gestion des services de transports publics au profit de solutions toutes faites et ultra-performantes pour faire de nouvelles économies et se décharger d’un lourd fardeau. Par ailleurs, l’expérience Uber, nous montre, dans le domaine des transports, une incapacité criante à réguler les nouvelles formes économiques. Enfin, la tonalité libérale qui domine aujourd’hui laisse à penser que, comme ce fût le cas pour Internet, notre mobilité sera demain entre les mains des GAFA.

Bon voyage !

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