Prospective : La voiture autonome et la domination sans partage de la route

Cosmo
La Voiture Autonome
5 min readApr 2, 2018
“Drone shot of highway junction at night in Petaling Jaya, Selangor Malaysia” by Ishan @seefromthesky on Unsplash

L’intermodalité des transports, nous la connaissons tous, lorsque nous passons de la voiture au train, du train au métro et du métro à la marche.
Pour nous rendre à un rendez-vous, nous changeons autant de fois de modes de transports que nécessaire. Et l’intermodalité nous coûte cher. C’est un peu comme si nous avions plusieurs réseaux Internet, nécessitant pour chacun un ordinateur et un logiciel spécifique.

Mais la voiture autonome pourrait bien faire disparaître les autres modes de transports pour faire de la route, l’infrastructure de choix de la quasi-totalité de nos déplacements.

Le coût de l’intermodalité

Les contraintes de l’intermodalité

L’intermodalité implique des ruptures de charge, c’est à dire un moment où il faut passer d’un mode de transport à un autre. Les Franciliens attendent ainsi en moyenne 22 minutes par jour leurs transports. Et ce, sans compter les déplacements à l’intérieur des infrastructures comme le métropolitain.

L’intermodalité implique la création d’infrastructures dédiées : parkings, gares, stations de métro, stations de taxis. Tout cela prend de la place et implique des investissements importants dans des équipements qui ont pour seule fonction de nous faire passer d’un mode de transport à un autre !

Pour autant, nous avons construit notre mobilité autour de l’intermodalité afin de bénéficier au mieux des avantages des différents moyens de transport.

Les tramways et les trains ont leurs avantages sur la voiture et sur la route en termes de coût, de quantité de personnes transportées, d’allégement du réseau, de fiabilité, de vitesse, de pollution.
Mais comme on l’a vu, la multiplication de ces dispositifs coûte cher.

Si une seule infrastructure, un seul réseau de transport de biens et de personnes pouvait satisfaire nos besoins, nous n’aurions plus à payer le prix de l’intermodalité en temps, en emprise sur l’espace public et en infrastructure. Nous ferions ainsi des économies d’échelles et de fonctionnement gigantesques.

Or, les véhicules autonomes cumulent les avantages de la vitesse et de la flexibilité tout en pouvant se comporter comme de véritables transports collectifs. Ils peuvent, j’en suis convaincu, remplacer la plupart des autres modes de transport.

Comment les véhicules autonomes remplaceront les transports collectifs actuels ?

Le passage aux véhicules autonomes permettra la mise en place de modules de transport standardisés, véritables wagons aux intérieurs modulables et pouvant se coordonner pour optimiser en temps réel nos déplacements.

Exemple de module de transport standardisé

Ils pourront ainsi allier les avantages du transport collectif (partage des véhicules et des déplacements pour en diminuer le prix et l’impact) à la souplesse du transport individuel en nous transportant de porte à porte.

Lors d’un trajet type, vous définirez votre destination et votre heure approximative de départ ou d’arrivée, et on vous proposera le véhicule le plus adapté en fonction de vos besoins. Aucun changement de véhicule ne sera alors nécessaire. L’esprit libre, vous pourrez consacrer le temps de trajet à vos autres préoccupations, alors qu’un algorithme optimisera le trafic et les trajets en fonction des coûts, des contraintes de temps et des besoins des différents usagers.

Pour mieux se représenter les avantages de la mobilité autonome sur route par rapport aux autres modes de transports, rien de mieux que de les comparer.

Trains et avions contre véhicules autonomes :

Aujourd’hui, le TGV est en France le mode de transport terrestre le plus rapide. Il nous permet de nous déplacer de centre-ville à centre-ville à grande vitesse et de façon collective. L’avion lui nous permet de traverser la France en une petite heure seulement.
Mais, nous en avons tous fait l’expérience dans un cas comme dans l’autre le temps total de transport de porte à porte est bien plus élevé. Pour l’avion, il peut atteindre pour un vol intérieur 6 ou 7 heures. Et ces 6 ou 7 heures sont fragmentées, de sorte que nous pouvons difficilement en profiter pour nous reposer, travailler ou nous divertir. Ce temps-là reste pour l’essentiel contraint et perdu. Sans compter que nous devons, en plus, sacrifier aux horaires proposés par les compagnies et la SNCF.

Sur autoroute et avec un réseau où seuls des véhicules autonomes opéreraient, la vitesse de déplacement pourrait alors facilement atteindre les 200 km/h et peut-être même plus. Les limitations de vitesse liées à la conduite humaine n’étant plus justifiées. Les véhicules pourraient par ailleurs se coordonner de façon chirurgicale pour éviter tout risque d’embouteillage et rouleraient les uns derrière les autres comme des wagons reliés de façons invisibles, afin d’améliorer leurs performances aérodynamiques et diminuer d’autant leur consommation d’énergie. Chaque « wagon » pourrait à tout moment se détacher du cortège pour aller vers sa destination finale.

Ces véhicules nous transporteront de porte à porte, de façon collective, et à grande vitesse.

Transports en commun contre mobilité autonome

La logique est similaire avec les transports en commun.

Les tramways occupent de façon souvent exclusive une partie de la chaussée, et des voies protégées sont construites pour améliorer la circulation des bus. Enfin, les horaires sont définis de façon fixe en fonction du flux moyen de voyageur par plage horaire et non en fonction de la demande effective à un instant T.

Selon le même principe que décrit précédemment, la mobilité autonome rendra disponible le bon véhicule au bon moment. C’est cette flexibilité qui nous fera gagner un temps précieux et permettra de remplacer les transports collectifs actuels par ce mode de transport modulaire. Les métros pourraient même à terme être transformés pour que les véhicules autonomes terrestres puissent s’y engouffrer. Nous bénéficierions alors d’un réseau secondaire sans avoir à payer le prix de l’attente du passage du mode terrestre au mode souterrain, comme c’est le cas aujourd’hui.

Au revoir les infrastructures d’interconnexion et bonjour à l’optimisation de l’ensemble du réseau pour une mobilité à la demande, individualisée et partagée.

La route comme seule infrastructure de transport

Tout comme le sang est transporté exclusivement par le système veineux dont la taille varie selon les besoins. La route deviendra la seule infrastructure de transport en dehors de celles dédiées aux piétons et aux cyclistes.

La route relira l’ensemble du territoire, d’un réseau d’autant plus dense qu’elle pourra récupérer la place libérée par les anciennes infrastructures devenues obsolètes.

Cette nouvelle façon de nous déplacer permettra :

  • Une réduction des coûts de gestion du réseau
  • Une diminution des temps de trajets
  • Une amélioration de la qualité du trajet (possibilité d’utiliser la totalité du trajet sans les pertes d’attentions produites par les coupures liées à l’intermodalité)
  • Une optimisation de l’utilisation des modules de transport (les modules pourront être mieux répartis et employés selon les besoins)
  • Et la libération des espaces dédiés à l’intermodalité (gares, parkings…)

Pour un mode de transport moins cher, plus rapide et plus souple.

Sur les grandes distances, l’avion restera le mode de transport de choix et peut-être que l’Hyperloop redonnera une place au train s’il parvient à tenir sa promesse d’un déplacement autour de 1 000 km/h de centre-ville à centre-ville.

--

--