Voiture Autonome : La Dystopie De l’Hypermobilité

Cosmo
La Voiture Autonome
5 min readApr 16, 2018

Avec Internet, le prix de l’échange des données est tombé à zéro alors que la quantité de données que nous pouvons échanger est elle grimpée en flèche. Résultat : une explosion des échanges.

Chaque seconde, 29 000 Gigaoctets d’informations sont publiés dans le monde, soit 2,5 exaoctets par jour, soit 912,5 exaoctets par an. (Source : Planetoscop)

Nous produisons 5 exaoctets tous les 2 jours, soit autant de données que ce que l’humanité a produit entre le début de la culture humaine et 2002 ! (Je vous laisse juge de la qualité).

La mobilité autonome ou l’Internet de la mobilité

Et c’est exactement ce qui se produira avec la mobilité autonome.

Ce qui s’est produit sur Internet va avoir lieu avec la mobilité.
En effet, les véhicules autonomes promettent, à terme, une mobilité moins chère et plus rapide (de porte à porte).

De sorte que le transport des biens et des personnes va naturellement exploser.

Si dans le cas d’Internet, les données sont invisibles, cachées dans des datas centers disséminés à travers le monde et que les autoroutes qui les transportent sont enfouies dans le sol, tirées sous les océans ou orbitent, invisibles, dans l’espace, la mobilité autonome concerne des infrastructures avec lesquelles nous interagissons directement, physiquement, et qui ont un impact visible et autrement plus important sur notre environnement et notre façon de vivre.

L’impact de cette nouvelle mobilité aura donc un impact massif et pas forcément pour le meilleur.

L’enfer de mobilité gratuite

Le scénario actuellement privilégié est celui d’une mobilité partagée, autonome et électrique.

Si ce scénario est privilégié, c’est que ce modèle permet de réduire drastiquement le prix du transport de 80 à 90 %. Le transport devenant ainsi quasi gratuit.

Voici une estimation réalisée pour le marché américain :

Source : pour lire l’ensemble de l’étude

En partageant nos trajets et les véhicules, nous diminuerons d’autant le nombre de km parcourus et le nombre de véhicules nécessaires. Bon pour l’économie et bon pour l’environnement !

Cependant, si le prix du transport tombe proche de zéro, le nombre de trajet montera mécaniquement en flèche.

Quand les SMS étaient payants, nous étions avares de nos messages, et il ne nous venait pas à l’esprit d’envoyer des « kikous » à tout notre carnet d’adresses. Maintenant que les échanges sont gratuits, nous nous envoyons des Snaps des Twitts, des SMS, des messages sur WhatsApp et des courriels en permanence.

Si la mobilité devenait quasi-gratuite, les services exploseraient et de nouveaux usages imaginés par une nouvelle génération de géniaux startupeur émergeraient inévitablement.

Ainsi, nous pourrons nous faire livrer un paquet de chewing-gum devant notre porte pour 50 cents de frais de livraison. Beaucoup d’entre nous préféreront cela à aller chez l’épicier du coin. Nous pourrons travailler plus loin et allonger les temps de transports, et ainsi être disséminés sur le territoire selon nos désirs et les opportunités.

Nous rentrerons dans l’air de l’hypermobilité.

L’enfer de l’hypermobilité

Le véhicule autonome : nouvelle espace mobile à tout faire. Ici pour y travailler.

Une hypermobilité aura des conséquences bien plus dramatiques qu’une hypercommunication, dont nous ne mesurons pourtant pas encore pleinement les effets, car comme je le disais plus haut, les infrastructures de transports et la mobilité concernent notre rapport physique, direct au monde.

Augmentation de la pollution et des nuisances, diminution de l’exercice physique (pourquoi ne pas prendre un taxi autonome pour faire 50 mètres ?), diminution des contacts humains (nous nous croisons dans les rues et au hasard de nos ballades), perte de contact avec la géographie et l’espace (nous voyagerons de lieu en lieu sans prendre connaissance des espaces intermédiaires), diminutions de l’utilisation des modes de transports alternatifs (comme le vélo ou la marche), augmentation du nombre de livraisons (le rêve pour Amazon), démultiplication des déplacements des biens et des personnes, création de nouveaux usages en mobilité autonome (bureaux mobiles, cabinet médicaux sur roues…), contrôle de nos déplacements et modélisation de nos comportements par les géants de la mobilité et des Big Data…

Les modèles qui viennent de la Silicon Valley font d’ailleurs froid dans le dos. Ils reposent sur les bonnes vieilles méthodes : financer tout ou parti du service par la publicité et la revente des données.

Voulons-nous voir des publicités dans les voitures et nous faire emmener dans un magasin sur notre trajet pour faire diminuer le prix de la course ? Souhaitons-nous que nos désirs et nos déplacements soient sculptés par des algorithmes ?

Pour mieux comprendre comment les nouvelles technologies ne sont pas nécessairement la panacée, l’article de Damien Detcherry sur Atterissage

La nécessité d’une régulation

Une mobilité quasi-gratuite est une occasion unique de transformer la société, de faire d’importantes économies, de désenclaver les territoires et les populations, et de redynamiser la société. Mais les risques sont réels.

On ne peut pas compter sur les agents économiques pour intégrer les externalités qui sont produites par toute activité humaine. C’est à l’échelon politique de la société d’évaluer les impacts et les risques et de prendre en main la mobilité autonome pour éviter les dérives et fixer les objectifs.

Les villes seront en première ligne. Elles qui s’occupent de l’urbanisme et des transports en commun sont toutes désignées pour prendre une part centrale dans la gestion de cette nouvelle forme de transport.

Exiger un minimum de distance parcouru pour justifier l’utilisation d’un véhicule autonome, renforcer la piétonisation des villes et favoriser le vélo feront sans doutes parti des régulations à venir.

Dans tous les cas, une régulation sera nécessaire pour que la mobilité autonome ne devienne pas une nouvelle source d’aliénation.

Alors, à quand une CNIL de la mobilité ?

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