3 postes en innovation… et des nouvelles du Lab!

Stéphane Guidoin
Lab d'innovation urbaine de Montréal
5 min readOct 31, 2019

Les conférences sont toujours l’occasion de prendre un peu de recul sur nos activités quotidiennes. Et la conférence CityLab organisée par The Atlantic, le Aspen Institute et Bloomberg Philanthropies est un lieu privilégié puisque s’y rencontrent les innovateurs urbains de plusieurs dizaines de villes à travers le monde: Mexico, Vienne, Londres, Athènes et de nombreuses villes américaines et canadiennes. Un atelier destiné aux Chief innovation officer soulignait à quel point il est important de communiquer régulièrement sur les progrès et les… moins-progrès.

Je vais donc utiliser le fait que nous affichons 3 postes en innovation (un chef d’équipe et deux conseillers) pour faire un petit bilan des derniers mois, donner un portrait d’ensemble d’où en est le LIUM après quoi je pourrais positionner plus clairement le rôle des postes affichés.

Réaliser des projets ou développer les capacités de la ville?

Démarrer une démarche d’innovation transversale dans une organisation comme une ville n’est jamais chose facile: tellement d’opportunités, des dizaines d’enjeux à régler quotidiennement. En même temps, une équipe comme celle du LIUM, soit une dizaine de personnes, dont 5 spécifiquement dédiés à l’innovation et expérimentation, ne peut prétendre prendre en charge un nombre élevé de projets d’innovation. En fait, pour avoir un effet transformateur, il est nécessaire de permettre aux maximum de personnes d’innover. Ça ne se fait pas du jour au lendemain.

Il y a aussi un enjeu de confiance: peut-on confier des sujets difficiles à une démarche d’innovation dont les résultats, par définition, sont inconnus. Il faut faire ses preuves. L’année dernière, nous avons donc décidé de commencer nos actions de manière opportuniste (au sens positif du terme): trouver des opportunités qui permettraient au LIUM de démontrer la value ajoutée d’approches innovantes, notamment basées sur la co-création et l’engagement. Cela s’est traduit par les tests de navettes autonomes ainsi que d’autres projets sur lesquels nous partagerons prochainement. Cela s’est également traduit par la prise en charge du processus pour le Défi des villes intelligentes, qui a occupé une bonne partie de l’équipe en 2018–2019.

Structuration

Toutefois, cette approche opportuniste ne peut durer qu’un temps: après il devient nécessaire d’entrer dans une phase de systématisation de la démarche d’innovation. L’obtention du Défi des villes intelligentes nous aide pour cela: même si la majeure partie des projets sera réalisée par des partenaires externes, le prix obtenu nous permet de créer une petite équipe dédiée sur ce sujet alors que jusqu’ici, le Défi interférait avec les démarches d’innovation et de données. Il devient ainsi de structurer plus clairement le LIUM avec des responsabilités plus claires:

  • L’équipe données ouvertes dont le travail, au-delà du processus d’ouverture, est de supporter la réflexion sur le rôle des données dans la communauté montréalaise et dans la prise de décision, incluant pour le Défi des villes intelligentes
  • L’équipe Défi dont le rôle est principalement la coordination des efforts avec les partenaires, la définition d’une vision commune et de processus communs, notamment en gestion de projet et en engagement citoyen, et la reddition de compte au Gouvernement du Canada.
  • L’équipe innovation et expérimentation dont le travaille sera désormais de systématiser les démarches d’innovation et développer les capacités de la ville en la matière.

Et donc, 3 ouvertures de postes

Cette structuration de l’équipe du LIUM justifiait la mise en place d’un chef d’équipe innovation et expérimentation, créé à partir d’un poste vacant. Les deux autres ouvertures sont des conseillers en innovation et expérimentation libérés par des membres de l’équipe qui ont contribué au développement de la proposition du défi des villes intelligentes et souhaitaient poursuivre l’aventure.

Le poste de chef d’équipe est à mi-chemin entre un rôle de gestion et d’expertise: d’un coté, il aura pour responsabilité de coordonner et supporter le travail de 5 ressources en innovation, de l’autre, il aura également un rôle d’expert sur les processus d’innovation à déployer et plus généralement adapter la démarche d’innovation au contexte de la Ville de Montréal et à l’écosystème dans lequel nous évoluons. Tel que mentionné, nous entrons dans une phase de systématisation de la démarche d’innovation, pas seulement en réalisant des projets mais également en mettant en place des mécanismes de développement des capacités d’innovation. Cela implique donc de développer une vision forte et porteuse et de faire preuve d’un leadership certain auprès des partenaires internes (services, arrondissements) et externes.

Les postes de conseillers en innovation et expérimentation contribueront activement au développement de cette vision et des outils à mettre en oeuvre. Nous avons décidé de créer deux descriptions de postes pour répondre à nos besoins: pour un des postes, nous cherchons un profil plus technologique. Attention! Par technologique, il ne faut pas comprendre un expert en technologie! Nous sommes à la recherche d’une personne en mesure de comprendre l’impact et le potentiel des technologies sur l’innovation et sur les villes. Le LIUM contribue au développement d’un Lab de test 5G; le conseiller en innovation “technologique” n’aura pas à installer des antennes ou être un expert sur la 5G, mais plus à comprendre comment cette technologie pourrait affecter l’avenir urbain et le cas échéant développer un cadre de réflexion et d’expérimentation en support au Lab 5G. Il faut donc un profil hybride entre la technologie et les processus d’innovation.

Le second poste est un poste spécialisé en processus d’innovation et plus précisément dans les processus d’intelligence collective. Cela prend la forme de connaissances en design (p.ex “Human-centered design”) ou autres méthodes reconnues (théorie U, approche appréciative, théorie du changement, etc.) auxquels s’ajoutent des outils d’animation et de co-création en groupe (“Art of hosting”, “fishbowl”, etc.). Le but ici est d’incarner certaines compétences nécessaires et peu disponibles au sein de la ville pour accompagner les partenaires dans la réalisation des projets et démontrer que l’innovation est une démarche structurée, qui s’apprend et se développe.

Et le reste

L’innovation, c’est maintenir constamment un équilibre ou une tension entre des opposés. La question des échelles temporelles en est une difficile: nous voulons aller vite, mais il est également nécessaire de se structurer. Au cours des dernières années, plusieurs responsables d’innovation publique ont regretté s’est jeté trop rapidement dans l’action sans s’être structuré adéquatement. C’est pour cela que l’étape actuelle est si importante. En parallèle, nous travaillons la structuration du Défi qui inclut des enjeux de gestion budgétaire et de processus administrative d’approbation divers. L’ensemble de ces processus, incluant les embauches, devraient se conclure vers la fin de 2019; 2020 sera donc l’occasion d’ouvrir un nouveau chapitre du LIUM!

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Stéphane Guidoin
Lab d'innovation urbaine de Montréal

Expert en innovation et stratégie, avide consommateur de chocolat, cycliste invétéré