Bilan des activités ville intelligente

Stéphane Guidoin
Lab d'innovation urbaine de Montréal
4 min readJun 29, 2018

Avec l’annonce de la transition du Bureau de la ville intelligente en Laboratoire d’innovation urbaine, il est pertinent de faire un bilan des trois années passées et de voir comment les apprentissages durant cette période servent le futur. C’est dans cette optique que nous publions un bilan des réalisations dans le cadre du Plan d’action Montréal, ville intelligente et numérique 2015–2017.

Dans le feu de l’action, il est toujours possible de se dire qu’il faudrait en faire plus, aller plus vite, avoir plus d’impact; c’est du moins ce qui me passe par la tête plusieurs fois par jour. Un bilan est donc l’occasion de prendre un pas de recul et d’essayer d’avoir un jugement critique et honnête sur le plus long terme. Dans ce contexte, on ne peut que se réjouir du travail accompli depuis 2015 par une équipe qui a été construite de zéro dans un domaine où beaucoup de choses étaient à faire.

Le déploiement d’un réseau WiFi, bien que pouvant sembler simple de l’extérieur, a nécessité un travail de fond sur le déploiement d’infrastructures, l’usage du mobilier urbain ou encore sur la mise en place d’une offre de qualité. MTLWiFi a permis non seulement de créer un partenariat intéressant avec la coopérative ZAP, mais contribue également à nourrir les réflexions en cours sur les télécommunications de l’avenir, notamment l’arrivée de la technologie cellulaire 5G ou encore le déploiement d’infrastructures de type Internet des objets. Nous regardons parfois avec envie ce que font d’autres villes, pour finalement nous rendre compte que nous faisons aussi bien; c’est notamment le cas en télécommunications.

Sans s’attarder sur chaque projet individuel, il est à noter que plusieurs reconnaissances, dont le titre de Communauté intelligente de l’année décerné par l’Intelligent Community Forum (ICF) en 2016 et la sélection à titre de finaliste au Défi des villes intelligentes du Canada, témoignent des efforts investis dans la démarche ville intelligente, ainsi que de son impact. En tant qu’équipe, nous avons toujours considéré ces reconnaissances comme une invitation à poursuivre nos travaux et non comme des fins en soi.

Évidemment, dans le cadre d’un tel bilan, on ne peut faire l’économie d’une évaluation du taux de réalisation des projets. Avec 42% de projets entièrement réalisés, les chiffres peuvent sembler faibles, mais 85% des projets sont en tests, en cours de déploiement ou réalisés, ce qui est loin d’être négligeable considérant les ambitions élevées du plan initial. Avec l’avènement du Laboratoire, certains questionnent l’avenir des projets non terminés du Plan d’action. La majorité des projets en cours, par exemple la synchronisation des feux de circulation, est désormais dans les mains de services partenaires qui vont en assurer la réalisation.

La majorité des projets non entamés, soit 10%, seront abandonnés en tant que projet du Plan d’action, ce qui ne veut pas dire qu’ils ne seront pas réalisés. Par exemple, le plan d’action collecte de données en Mobilité Montréal, qui visait à faciliter le partage des données en matière de mobilité, prend forme dans le cadre du dépôt du Défi des villes intelligentes, mais selon une autre modalité qui semble plus porteuse. De manière à conserver un historique du Plan d’action, les projets seront prochainement mis à jour sur la plateforme Faire Montréal pour refléter la poursuite ou au contraire l’abandon ou la requalification des projets. Pour être cohérent avec l’esprit qui nous anime, l’ensemble est également rendu disponible en données ouvertes.

Évidemment, le bilan est aussi l’occasion de voir les opportunités d’amélioration possibles. Les travaux des trois dernières années ont souligné la nécessité de mettre en place des processus d’innovation documentés qui ne soit pas seulement l’apanage d’une équipe, mais qui puissent devenir des outils de changements pour l’ensemble de l’organisation. Par ailleurs, le Plan d’action portait une forte connotation technologique; l’expérience a toutefois démontré que la technologie est souvent la partie facile dans les projets innovants. Bien que nous ayons déployé de nombreux efforts pour travailler avec des partenaires externes à la Ville, il nous apparaît évident que nous devons en faire encore plus! Enfin, la notion même de plan d’action a soulevé des enjeux: en fixant les projets sur une période relativement longue, il devient difficile d’être flexible et de pouvoir tirer profit des opportunités qui se présentent. Si la définition d’une stratégie et d’orientations claires est nécessaire, définir pour trois ans les projets à réaliser est antinomique avec la volonté d’agilité.

C’est fort de ces constats qu’il a été décidé de transformer le Bureau de la ville intelligente en Laboratoire d’innovation, une entité fortement tournée vers la collaboration interne et externe, concentrée sur les processus d’innovation et axée sur l’agilité. Nous continuerons à vous partager des informations sur les travaux en cours au cours des prochaines semaines.

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Stéphane Guidoin
Lab d'innovation urbaine de Montréal

Expert en innovation et stratégie, avide consommateur de chocolat, cycliste invétéré