Conférence internationale sur l’innovation publique à São Paulo: réflexions et partage d’expériences

J’ai eu le privilège de participer à la Conférence internationale sur l’innovation publique # inovaSP2019, qui se tenait à São Paulo les 7,8,9 août derniers. Réunissant plus de 200 représentants de l’Amérique latine, cette conférence proposait différents ateliers, tables rondes, échanges formels et informels. Des événements comme # inovaSP2019 favorisent l’interaction et le partage d’expériences entre les acteurs de l’écosystème en innovation publique en Amérique latine.

La conférence abordait trois thématiques:

  • Le rôle des employés du secteur public dans l’innovation. Comment engager les employés dans les processus d’innovation et de changement au sein de leur organisation ?
  • Le cycle de vie des laboratoires d’innovation. Comment naissent, grandissent et meurent les laboratoires?
  • L’importance de la participation citoyenne dans les projets d’innovation. Comment rapprocher le gouvernement de la société?

Étant la seule représentante d’Amérique du Nord, j’ai pu m’imprégner des réalités latino-américaines en matière d’innovation dans le secteur public. J’ai été impressionnée par la richesse des échanges, l’énergie créative et la force de l’écosystème d’innovation en Amérique latine. Malgré la différence de nos contextes sociaux, politiques et économiques, je constate que nos questionnements et réflexions sont très similaires.

Voici, en vrac, ce qui a attiré mon attention lors de ces trois journées:

  • L’innovation publique se trouve toujours entre un fragile équilibre: elle doit évoluer entre expérimentation et planification. Il faut savoir “échouer rapidement” et apprendre de ses erreurs, tout en ayant une vision à long terme. Il faut savoir encourager la créativité dans le secteur public, tout en évoluant dans un bureaucratie conventionnelle. La recherche de cet équilibre est difficile mais elle est un gage de durabilité.
  • Les laboratoires d’innovation traversent de nombreuses crises d’identité au cours de leur existence (naissance, adolescence, âge adulte). Les laboratoires doivent conserver un état “d’adolescence permanente”, c’est à dire prendre des risques, être créatifs, essayer de nouvelles choses, et ce, sans chercher le consensus à tout prix. Les laboratoires doivent garder un esprit rebelle, remettre en question certaines idées établies et savoir dire non. Cet état d’esprit permet d’éviter de tomber dans un univers où tout est calculé et normalisé.
Atelier de travail portant sur les cycles de vie des laboratoires d’innovation
  • Inovar es escuchar: Innover, c’est écouter. Le secteur public doit faire preuve d’écoute et d’empathie afin de pouvoir impliquer les citoyens, de co-créer avec eux les solutions aux défis urbains. Travailler à partir de l’affectif et faire preuve d’empathie envers les citoyens permet de renforcer la confiance et favorise la transparence envers les institutions publiques.
  • Les unités/laboratoires d’innovation ne sont évidemment pas les seuls à innover. Mais leur existence permet quelque chose de très puissant: que ceux qui innovent ne se sentent pas seuls.
  • Le langage simple / clair / citoyen (plain language) est un sujet très étudié et important en Amérique Latine. L’utilisation du langage simple constitue l’une des stratégies d’innovation publique les plus importantes au Brésil. Cela revient à “humaniser” et simplifier les communications, tant orales qu’écrites, afin de créer un pont entre les citoyens et les administrations publiques. Dans certains pays, le taux d’analphabètes (dont les analphabètes fonctionnels et numériques) est très élevé. Ceux-ci ne comprennent généralement pas le jargon utilisé par l’administration publique. C’est pourquoi elle doit parler la langue des citoyens, sans quoi elle exclue les populations les plus vulnérables, celles qui ont le plus besoin des services publics.
  • Il est urgent de commencer à appliquer des méthodologies et des outils afin d’accroître l’inclusion et la diversité dans le secteur de l’innovation publique. Aussi, tel que souligné par les représentantes d’unités d’innovation de Bogotá, de Montevideo et de Lima, nous avons besoin de plus de femmes qui prennent la parole dans l’espace public, qui œuvrent dans le secteur de l’innovation.
  • Il n’existe pas de méthodologie ou d’outil unique qui soit la recette parfaite pour innover. Il importe de ne pas tomber pas en amour avec une approche en particulier, mais plutôt d’analyser le contexte afin de déterminer quelle méthodologie utiliser et aussi, à quel moment.
  • Le lieu où naît et se développe une unité d’innovation est important. Il est nécessaire de comprendre le contexte, la position et la mission du lieu de naissance d’une équipe d’innovation pour pouvoir lui donner une personnalité cohérente. Sachant cela, il est plus facile de savoir quand dire “oui” et quand dire “non” aux projets qui sont proposés.
Table ronde avec les laboratoires d’innovation de Montréal, Montevideo, Sante Fe et Bogotá

Voilà les grandes réflexions qui ont été marquantes lors de ces trois journées. Mes prochains billets de blogue permettront de présenter des exemples concrets de projets réalisés par certains Labs et d’aller en profondeur sur plusieurs de ces thématiques, notamment sur le cycle de vie des laboratoires.

L’équipe organisatrice de la conférence internationale

J’ai eu la chance de participer à cette conférence dans le cadre d’un projet de coopération, financé par Metropolis, entre les Laboratoires d’innovation de Sao Paulo, Montevideo et Montréal. Je tiens à remercier toute l’équipe de (011).lab de São Paulo pour l’organisation de cette conférence et leur chaleureux accueil. Merci aussi à Guillaume Beret de Metropolis pour l’accompagnement dans le projet de collaboration entre les laboratoires d’innovation.

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Marjolaine St-Arnaud
Lab d'innovation urbaine de Montréal

Conseillère en innovation et contenus stratégiques, Laboratoire d'innovation urbaine de Montréal