Mobilité connectée et autonome: Bilan 2019

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L’année 2019 a été pour la ville de Montréal une période de grands apprentissages sur le sujet de la mobilité autonome. De nombreux projets et activités ont eu lieu qui nous ont permis d’accroître nos connaissances sur le sujet et poursuivre les travaux de la Ville sur son adaptation à l’arrivée des véhicules autonomes et connectés. Ces apprentissages couvrent quatre dimensions soient: la vision de Montréal sur l’adaptation à la mobilité autonome, la perception des citoyens sur les véhicules autonomes, les aspects techniques et les enjeux de l’opération d’une navette autonome en milieu urbain et enfin l’acceptabilité sociale des navettes autonomes par les citoyens et leur impact sur la mobilité de quartier.

Vision de Montréal

Les travaux autour des formes de mobilité automatisées avec ou sans conducteur nous ont conduit à réfléchir au type de transport autonome souhaitable, l’axe principal des réflexions restant le transport collectif. C’est pour cette raison que l’utilisation de modes de transports de type collectif (minibus ou navettes, auto partage et covoiturage) reste privilégié. L’objectif serait de penser la mobilité autonome comme une piste de solution à des enjeux tels que :

  • Les déserts de transports;
  • La micromobilité/mobilité de quartier
  • Le transport à la demande
  • L’accroissement de la sécurité des déplacements de tous les usagers
  • L’accès restreint à la mobilité automobile (jeunes, personnes âgées, personnes en situation de handicap, ménages à faibles revenus)

Cette vision pourrait ainsi être exprimée de la manière suivante : “Une mobilité autonome pour un transport urbain innovant, collectif, et responsable.”

Perception citoyenne

L’un de mes précédents billets intitulé “Rêver d’autonomie” faisait état de la journée de débat citoyen tenue le 1er Juin 2019 sur la perception des véhicules autonomes par les Montréalais. Le rapport de cette journée de concertations est à présent disponible et comporte le détail des réponses aux questions posées ainsi que leur analyse. Il apparaît que les débats et échanges ayant eu lieu ont révélé des sentiments d’optimisme et de confiance vis-à-vis des mobilités sans conducteur. Le terreau Montréalais semble donc fertile pour proposer aux citoyens des formes de mobilité avant-gardistes.

Ces informations sont surtout précieuses pour identifier avec précision les facteurs positifs et rassurants ainsi que les éléments porteurs d’incertitude pour les citoyens.

Opération d’une navette électrique automatisée

Projet phare de l’année 2019, la mise en service et l’exploitation d’une navette dite autonome durant six semaines dans l’arrondissement Hochelaga-Maisonneuve, a représenté un pas majeur dans l’avancement de Montréal vers la mobilité automatisée. Ce projet, résultat des travaux de multiples équipes, a permis d’apprécier les capacités de ces véhicules à évoluer dans l’espace urbain et remplir leur mission de service de transport public à la population. En effet, au delà du facteur “wow” de mettre en service de tels outils innovants, il faut rappeler et insister sur le fait que le but premier de ces expérimentations demeure de proposer un mode de transport fiable, performant et sécuritaire répondant à de réels besoins en transport des citoyens. Le rapport d’expérimentation produit par l’opérateur Transdev, fait état de la démarche de mise en oeuvre du projet ainsi que de la performance des navettes.

Bien que de manière globale les navettes aient été en mesure de remplir leur mission, des enjeux mécaniques et opérationnels ont montré les limites actuelles de ces véhicules. Bien qu’ils disposent d’un potentiel élevé, ils requièrent encore du raffinement technique pour atteindre un niveau de service comparable aux véhicules de transport collectif standards. La rétroaction obtenue et transmise au constructeur servira assurément à améliorer ces outils et les rendre plus aptes à fonctionner efficacement sur nos routes.

Acceptabilité citoyenne des VA

La mise en service des navettes sur voie publique et partagée a impliqué un contact direct avec les citoyens et ce sous deux aspects: au niveau du partage de la route et du transport de passagers. La coexistence entre les navettes automatisées et les autres véhicules représentait un défi de taille dans la mesure ou les conducteurs ont dû composer avec un type de véhicule qui leur était inconnu ou peu connu. Au niveau des passagers, le défi était de faire confiance à un véhicule expérimental pour être conduit au sein d’un milieu urbain dense. Dans les deux cas la question de l’acceptabilité et de la confiance était centrale. Pour les automobilistes, il était question de l’acceptation de la présence d’un véhicule automatisé sur la route, et de son comportement (basse vitesse, ralentissement, arrêts) tandis que pour les passagers il était question de l’acceptation d’un mode de transport au contrôle humain restreint. Accepter les véhicules autonomes c’est choisir de faire confiance à leurs capacités pour accomplir des fonctions de conduite autrefois réservées à l’humain. La mesure de ce degré d’acceptation a également été fort instructive et les résultats de ces enquêtes sont également disponibles sous la forme de résultats et d’analyse de sondages citoyens.

Je vous invite à visiter la section relative aux véhicules automatisés du site web du Laboratoire pour consulter les nouvelles, résultats et autres informations sur les projets à venir.

En somme, l’année 2019 a constitué une très riche première année d’études et d’analyses sur la question de la mobilité autonome sur le territoire Montréalais. Elle ouvre la porte à davantage de travaux, expérimentations et questions à explorer cette année et dans le courant de la prochaine décennie.

Bonne année 2020 !

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