Nul, le télétravail ?

Annelise Meyer
L’Alternateur
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4 min readMar 10, 2021

Gongbang, he shot me down…

Gongbang, I hit the ground…

Gongbang, that awful sound…

Gongbang, my baby shot me down!

Vous avez entendu parler de ces nouvelles vidéos diffusées en direct par des étudiants sur Internet, qui montrent des étudiants… En train d’étudier ? Aux dernières nouvelles, un jeune étudiant en comptabilité fiscale serait parvenu à rassembler 53 000 fans sur sa chaîne ! Partie de Corée, la mode du gongbang a gagné la Chine, mais aussi le Royaume-Uni, les Etats-Unis…

Des étudiants esseulés, isolés en période de confinement ont ainsi trouvé le moyen de se sentir moins seuls et de retrouver une atmosphère proche de celles des bibliothèques. Le confinement aidant, ils semblent apprécier d’entendre à nouveau ces bruits de clavier, de papier froissé, et peut-être même de quintes de toux qui auparavant ne manquaient sans doute pas de les irriter…

Vous trouvez ça triste ? Si ces vidéos peuvent aider des personnes à se sentir moins isolées, moins déprimées, alors tant mieux, non ? Bien sûr, comme l’écrit l’auteur de l’article sur le sujet, elles restent un “pis-aller”. Une solution de dernier recours que des jeunes- et moins jeunes- trouvent pour tromper la solitude et garder le cap dans un quotidien difficile.

Pis-aller : subst. masc. inv. Solution de dernier recours acceptée ou proposée à défaut d’autre chose.

(Source)

A chaque fois que je parle coworking avec des personnes qui ne connaissent pas / ne “pratiquent” pas, j’ai pris l’habitude de dire, un peu comme une boutade, que le coworking m’a “sauvée le mental”. Depuis un an que le confinement m’a ramenée chez moi à quasi plein temps, la boutade n’est plus boutade… Et je comprends les difficultés rencontrées par ces étudiants isolés dans leurs études, mais aussi de ces amis salariés, contraints de travailler de chez eux depuis des mois et qui me disent que le télétravail, ce n’est pas pour eux. En fait.

La déprime du télétravailleur

A bas le télétravail ?

On m’a envié ma “liberté de freelance” il y a quelques années. Certains proches n’ont pas du tout compris que je décide de payer pour aller travailler dans un espace de coworking alors que j’aurais pu rester “tranquille” chez moi gratuitement. Il faut croire que j’étais motivée : imaginez, je payais 350 euros par mois (hé oui, c’est cher Paris…) pour me retrouver entourée d’autres personnes qui n’étaient même pas des collègues, dans un espace situé dans le Nord de Paris, ce qui m’obligeait à prendre le RER tous les jours !

Je leur répondais ce que je continue de dire aujourd’hui : que de pouvoir disposer d’un espace dédié au travail, dans lequel on peut choisir de se poser pour quelques heures, une journée, et travailler entouré(e) d’autres personnes qui travaillent elles-mêmes (effet “gongbangmaximisé)… C’est extra.

Que croiser de nouvelles personnes autour de la machine à café, ouvrir ses horizons en échangeant avec des gens qui ont une activité dont on n’aurait jamais soupçonné qu’elle existait ou même qu’elle puisse être intéressante (!!)… Ou simplement parler de la pluie et du beau temps, en appréciant la légèreté du moment… Vous avez remarqué comme une grande partie de ces micro ou macro-moments, qui font la sève de notre quotidien, se sont évaporés ces derniers mois ?

Arguments en faveur du télétravail en espace de coworking

Depuis un an que nous devons garder nos distances, et que notre besoin de proximité et de sociabilisation est au plus fort, les espaces de sociabilisation les plus “évidents” (restaurants, bars, lieux de culture… nos salons !) restent fermés. Dans un contexte où le couvre-feu débute à la fin de la journée de travail, les espaces de coworking peuvent, pendant les heures de travail, nous apporter une convivialité et une proximité qui nous manquent cruellement. De manière plus efficace et autrement plus chaleureuse que le meilleur gongbang ne le fera jamais !

Propagande des années 2010

Tout l’enjeu est de convaincre les responsables d’entreprise et les collectivités de favoriser un télétravail choisi en contribuant indirectement au maintien de lieux qui ne se relèveront pas tous d’une crise qui les affecte durement eux aussi.

Le collectif CoAlpin a monté un grand dossier sur le télétravail qui répond très bien à toutes les objections et questions sur le sujet. Et appelle les collectivités et les entreprises à faciliter la mise en place de conventions qui permettraient aux salariés d’accéder à des espaces de travail conçus expressément pour cela, et donc de mieux travailler, en reposant des frontières claires entre leur vie professionnelle et leur vie privée, et en regoûtant à une convivialité bénéfique pour leur moral et leur santé.

Et vous, entre télétravail à domicile et télétravail en espace de coworking, que choisissez-vous ?

Sources de l’article

Photo du chien triste : Matthew Henry sur Unsplash

Photo coworking/télétravail : photo “dérobée chez Casaco, célèbre tiers-lieu malakoffiot ;-)

Article sur les gongbangs : https://www.courrierinternational.com/revue-de-presse/solitude-les-gongbangs-ces-videos-detudiants-qui-revisent-de-plus-en-plus-populaires

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Annelise Meyer
L’Alternateur

Traductrice, blogueuse et coworking-addict en soif de connaissances et de partage - A translator, coworker & positive blogger / tweeter / idea spreader :)