#SnapIPO : Snapchat prépare activement son entrée en bourse
Prévue pour le premier jour de mars, l’introduction en bourse (IPO) de Snap Inc., maison-mère de l’application Snapchat et des lunettes connectées Spectacles, a été au centre de l’actualité boursière du monde de la tech depuis début février. Retour sur le mois de folie de la #SnapIPO.
Etape 1 : Snap Inc rend publics les documents relatifs à son introduction en bourse
La maison-mère de l’application Snapchat, Snap Inc, a rendu publics jeudi 2 février les documents nécessaires à son introduction en bourse (IPO), prévue pour le deuxième quinzaine de mars, qui pourrait valoriser l’entreprise entre 20 et 25 Md$ (Voir La Press Tech #049).
Le dossier, remis à la Securites and Exchange Commission (SEC), l’équivalent américain de l’autorité des marchés financiers française, avait été dévoilé de façon confidentielle le 31 octobre dernier. Cet épais document très détaillé de près de 250 pages, était très attendu des milieux financiers et médiatiques, et a naturellement fait couler beaucoup d’encre sur les réseaux sociaux, avec le hashtag #SnapIPO.
Le dossier détaille de façon très précise un nombre incalculable de données et prospectives des activités de Snap Inc, de l’histoire de la société au fonctionnement de ses produits en passant par les dispositions prises en cas de décès de l’un de ses co-fondateurs. Sur le plan financier, on y apprend que Snap inc a enregistré fin 2016 un chiffre d’affaires de 404,5 M$ (en très forte progression depuis 2015), mais plus de 514 M$ de pertes. De même, Snap Inc, qui affiche un total de 158 millions d’utilisateurs actifs, constate un important tassement de l’inscription de nouveaux membres à la fin 2016. On y note également que la valeur créée par chaque utilisateur se fait principalement aux Etats-Unis : ainsi, l’utilisateur américain rapporte 2,15 $ à Snap Inc, contre seulement 0,28 $ en Europe et 0,15 $ dans le reste du monde.
Un dossier de 250 pages
Une donnée probablement dûe au fait que la majorité des contrats publicitaires signés par Snapchat le sont sur le territoire américain.
Snap Inc énumère tout au long du document les risques et limitations qui pourraient freiner son activité. Sont ainsi cités son développement en Chine, qui pourrait tomber sous le coup d’un blocage du gouvernement (à l’instar de la censure d’une partie des résultats Google) ; le coût de stockage de ses données, chiffré à environ 2 Md$ par an ; le piratage des comptes de ses utilisateurs… Est également dévoilé un fait jusqu’alors inédit : ses lunettes connectées Spectacles sont considérées aux Etats-Unis comme des dispositifs médicaux, ce qui oblige Snap inc à obtenir régulièrement une autorisation de mise sur le marché par la U.S. Food and Drug Administration, qui gère les médicaments sur le sol américain.
Contrairement à ce qui avait précédemment annoncé par la presse économique (Voir La Press Tech #054), Snap Inc fait très peu référence dans le document à son positionnement dans le secteur médiatique, principalement avec sa section Discover, à laquelle n’est consacrée qu’un bref paragraphe dans la partie consacrée aux produits de la société.
Etape 2 : Snap Inc. diffuse une longue vidéo sur ses activités
A quelques jours de son introduction en bourse (IPO) prévue le 1er mars (Voir La Press Tech #058), Snap Inc. la maison-mère de l’application Snapchat, dévoile de nouveaux éléments sur celle-ci. Le 17 février, la start-up a dévoilé les éléments qui seront présentés lors de son “roadshow”, au cours duquel les dirigeants rencontreront les investisseurs dans tous les Etats-Unis pour les persuader d’investir dans leur société.
Une vidéo de 35 minutes comprise dans le “kit” a particulièrement attiré l’attention des médias. Mise en ligne de façon privée derrière une page à mot de passe, la vidéo a rapidement été rendue visible au public après qu’un article de Business Insider ait fait fuiter son lien direct, et que de larges extraits aient été diffusés par le New York Times.
Un film de présentation de 35 minutes
Divisée en deux grandes parties (les activités de la société et sa stratégie commerciale et financière), le film de la “camera company” développe via de nombreuses interventions de ses cadres et clients les activités et les perspectives de développement de Snap.
Si la société y fait évidemment l’impasse sur ses résultats financiers très déficitaires (400 millions de dollars de chiffre d’affaires pour plus de 500 millions de pertes), Snap détaille de façon extensive son partenariat avec de nombreuses marques, tant sur les publicités que les filtres sponsorisés. Un autre document dévoile par ailleurs que le prix de l’action à la NYSE sera compris entre 14 et 19 dollars, ce qui valorise Snap dans une fourchette comprise entre 19,5 et 22 Md$.
Etape 3 : Snap Inc reçoit un accueil mitigé de ses investisseurs potentiels
La tournée des investisseurs potentiels menée par les co-fondateurs de Snap Inc, Evan Spiegel et le directeur technique Bobby Murphy, a débuté le 20 février par la city de Londres, avant de se poursuivre le lendemain lors d’un grande présentation au luxueux hôtel Mandarin Oriental de New York, pour se poursuivre le jour d’après au Four Seasons de Boston. Dans les trois cas, un accueil plutôt “frais” fut réservé aux investisseurs, obligeant la direction de la société a diminuer sa valorisation escomptée à un peu plus de 18 Md$.
Largement couverte par les médias financiers, la présentation new-yorkaise a attiré plusieurs dizaines d’investisseurs, qui bénéficièrent d’une petite heure afin d’interroger les dirigeants de Snap Inc. Pour la plupart des commentaires recueillis, deux inquiétudes majeures ont été à l’origine de la réticence des investisseurs face à la société. D’une part, une stagnation du nombre d’utilisateurs après une forte augmentation, justifiée par Snap Inc. par de nombreux problèmes engendrés par la version Android remplie de bugs.
La difficile concurrence d’Instagram
D’autre part, la copie par d’autres géants du web de plusieurs fonctionnalités qui ont fait l’originalité de Snapchat. Au centre de ces préoccupations : la nouvelle version d’Instagram Stories, copie conforme de la fonctionnalité éponyme de Snapchat, qui attire déjà 150 millions d’utilisateurs par jour, contre 158 pour son modèle. Spiegel a toutefois répondu que les deux rubriques n’avaient pas exactement le même objectif : les Stories de Snapchat sont destinées aux seuls amis des utilisateurs, alors que celles proposées par Instagram ont une vocation plus grand public.
Comme elle l’a fait pour d’autres géants de la tech tels que facebook ou Alibaba, la bourse de New-york (NYSE) a conduit le 25 février un “weekend de test” de la cotation de Snap Inc, journée au cours de laquelle les investisseurs étaient incités à envoyer des exemples d’ordres qu’ils comptent envoyer lors de l’entrée officielle de la société sur les marchés.
Ne reste plus pour l’entreprise qu’à attendre le 1er mars après la clôture des marchés, date à laquelle Snap Inc sera désormais connue sous le sigle de sa cotation à la NYSE : SNAP.
