Chouchou — Miro Larocque
Ce roman suit le parcours de Chouchou qui subit l’amour des sœurs Mzéna, le départ de sa mère et la garde de l’enfant nommé Zigzag. Il fait ainsi l’expérience du deuil, de l’abandon et de l’alcoolisme. C’est avec ces divers événements tragiques en tête que Chouchou apprend qu’il est récipiendaire d’un certain Grand prix. Parviendra-t-il à se faire à cette vie?
C’est avec une plume presque poétique que Chouchou dévoile une richesse de vocabulaire et d’images oniriques. L’écriture audacieuse et déconcertante construit un récit parfois introspectif, parfois occupé de dialogues. Bien que la qualité de l’écriture semble prioritaire pour l’auteur, l’intrigue n’est pas pour autant négligée. Les mots coulent et s’enchaînent les uns après les autres créant une pluie d’images singulières. L’histoire, elle, suit et se développe tout aussi fluidement.
Le livre est constitué d’une multitude de courts chapitres. Ce découpage permet au lecteur de reprendre son souffle entre les chapitres, puisque l’écriture y est plutôt dense. Malgré ses pages peu nombreuses, le l’œuvre de Larocque s’attaque en profondeur aux thèmes de l’amour, de la violence, du corps et de la filiation. L’ambiance toujours sombre du texte soulève sans cesse les envies autodestructives du personnage et celles-ci nous aspirent complètement dans un délire, tel un rêve éveillé. Le texte bouleverse par sa dimension introspective. Chouchou se heurte sans relâche à quelque mille questionnements et pensées qui retentissent dans l’esprit du lecteur. Comment prendre soin de l’autre quand on s’autodétruit ? Comment réussir sa vie quand on a été abandonné et quand on s’abandonne soi-même ?
Qu’ai-je raté? Ai-je été un bon garçon? Y avait-il un devoir de fils à accomplir? A-t-elle tué son amour avec sa mort, maman? Pourquoi a-t-elle sauté, maman? Elle devait être épuisée. Épuisée de quoi? En tout cas, je sais que je l’aurais laissée faire si elle m’avait dit, mon fils, je veux mourir, j’aurais répondu, meurs maman.
Bref, Chouchou nous laisse une profonde réflexion sur le deuil et l’abandon, mais aussi sur la tragédie humaine. Chaque page est une invitation à s’abandonner dans les flots tumultueux des mots et des émotions exhibés dans des situations tant absurdes que révélatrices.
Chouchou, Miro Larocque, 120 pages.
Leméac Éditeurs, 2022.
