Entretien avec Kharoll-Ann Souffrant

Le privilège de dénoncer — Entretien avec l’autrice

La Recrue
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3 min readFeb 26, 2024

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Par Marie-Jeanne Tétreault

Comment avez-vous abordé la question du racisme dans Le Privilège de dénoncer et quelles réflexions espérez-vous susciter chez les lecteurs à ce sujet?

Dans Le Privilège de dénoncer, l’auteure explore la question du racisme en mettant en lumière la complexité des expériences des victimes. Elle critique la focalisation sur les dénonciations publiques, soulignant les obstacles liés aux enjeux de classe et au racisme anti-noir. L’objectif de l’auteure est de sensibiliser les lecteurs à la diversité des expériences et de souligner que chaque choix de dénonciation mérite reconnaissance sans compétition entre les différentes approches.

En quoi votre vision de la justice diffère-t-elle des perspectives conventionnelles, et comment cette différence se manifeste-t-elle dans votre livre?

La vision de la justice de l’auteure, telle que présentée dans Le Privilège de dénoncer, s’éloigne des perspectives conventionnelles en considérant la littérature comme une forme de justice. Elle souligne le pouvoir narratif de l’auteur dans la littérature, en contraste avec le système judiciaire qui peut déposséder les survivants de leur histoire. L’auteure aborde la justice réparatrice et transformatrice, soulignant l’importance de reconnaître les approches organiques des communautés minoritaires et remettant en question la pertinence du système de justice criminelle.

Comment avez-vous intégré les principes sociologiques dans votre essai? Y a-t-il des théories ou des concepts spécifiques qui ont guidé votre démarche?

L’auteure a intégré plusieurs principes sociologiques dans son essai. Elle explore le concept du « continuum des violences sexuelles », développé par des féministes, pour illustrer la diversité des expériences. Elle aborde également la culture du viol, les fausses accusations, la misogynoire, et la notion de « victime idéale ». Ces concepts servent à remettre en question la hiérarchie des abus et soulignent la nécessité de reconnaître différentes façons de concevoir et de définir les violences sexuelles.

Pourriez-vous partager quelques éléments de votre expérience personnelle qui ont motivé l’écriture de Le Privilège de dénoncer? Quels événements ou observations ont joué un rôle crucial dans votre décision d’explorer ces thèmes?

L’écriture de Kharoll-Ann Souffrant a été profondément influencée par son expérience personnelle. Ayant grandi dans une société qui cherchait à lui imposer des étiquettes, elle a toujours refusé de se sentir en déficit. Son identité, son droit au respect, et à la dignité ont toujours été des aspects qu’elle a défendus avec force, peut-être hérités de ses origines haïtiennes. Le Privilège de dénoncer lui permet de réaffirmer ces aspects et de partager son histoire, tout en donnant voix à des perspectives souvent négligées au Québec. Malgré les tentatives de faire taire sa voix, la publication de son livre devient un moyen de créer des espaces de conversation et de provoquer des révolutions intérieures et sociales par les mots.

Pour lire notre article sur Le privilège de dénoncer: https://medium.com/larecrue/le-privil%C3%A8ge-de-d%C3%A9noncer-kharoll-ann-souffrant-65ee0b30d36a

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