noms fictifs

La Recrue
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3 min readNov 15, 2017

Par Joëlle Pelletier-Nolet

Olivier Sylvestre n’est pas exactement un nouveau dans le monde de la littérature. Diplômé en écriture dramatique à l’École nationale de théâtre, il a gagné le prix Gratien-Gélinas pour sa pièce La beauté du monde en 2012. C’est donc avec grand intérêt que j’ai voulu lire son premier roman intitulé noms fictifs.

Ce n’est pas une histoire, mais plutôt des anecdotes que l’auteur nous raconte. Pendant ces dix dernières années à travailler comme intervenant en dépendance dans un centre de répit pour toxicomanes, il a vécu des situations de toutes sortes et a rencontré des personnes qui l’ont fortement marqué et inspiré pour la rédaction de son roman. Le côté éthique de la chose n’est pas délaissé pour autant, car tous les récits ont été imaginés à partir des rencontres qu’il a faites.

Je n’aurais jamais cru que je me serais attachée à des personnages avec un vécu aussi éloigné du mien. Or, Sylvestre nous les dépeint d’une plume douce et attendrie, ce qui nous oblige à les voir d’un tout autre œil. Celui qui les connaît depuis longtemps sait bien qu’ils sont les mal-aimés de la société, même s’ils nous ressemblent tellement au fond. Notre point commun? Le vide de nos vies qu’on essaie de remplir par n’importe quel moyen. Pour certains, c’est avec la drogue, l’alcool ou le sexe, d’autres c’est par le travail, l’argent ou les objets qu’ils se procurent.

Par ses récits, on comprend que l’auteur a une dent contre le système qui n’est pas fait pour aider les toxicomanes à sortir de leur cercle vicieux. Selon lui, il ne suffit pas d’avoir la volonté de s’en sortir pour réussir, car les ressources et les moyens actuels ne sont pas efficaces. Travailler en amont et valoriser davantage l’éducation est ce qui devrait être priorisé. L’espoir d’une société meilleure et équitable pour tous et toutes devrait être placé chez les jeunes.

Le roman possède un peu plus de trois cent pages, mais se lit comme s’il n’en avait qu’une centaine. Sous forme de poèmes, les anecdotes sont relativement courtes et vont droit au but. Le jeu des polices de caractère qui diffèrent selon les pensées personnelles à la première personne du singulier, la narration omnisciente et les monologues des personnages est très intéressant et fait un peu penser à un scénario, mais ayant l’avantage que les noms n’interfèrent pas dans la lecture.

Enfin, ces portraits, un peu dans l’esprit de Humans of New York, nous mettent face à nous-mêmes, à nos préjugés, à notre propre vide intérieur et parfois même, face à notre manque d’empathie pour ces personnes que nous n’arrivons pas à comprendre. Olivier Sylvestre a réussi un tour de force avec son premier roman, noms fictifs, qui secoue et qui réveille. Toute une découverte!

Bibliographie
noms fictifs
Olivier Sylvestre
Éditions Hamac, 2017
314 pages

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Vitrine des premières oeuvres littéraires québécoises