Miroir de notre solitude
Avec Zolitude, Paige Copper nous offre, sans aucun doute, un recueil de nouvelles déroutant, mais intéressant. Dans ces quatorze nouvelles, Paige Cooper nous précipite autant dans la science-fiction en suivant un couple qui vient d’arriver dans une colonie martienne où leur devoir est de s’assurer qu’aucune comète ne vienne détruire la planète ainsi que la vie qui s’y trouve, autant dans le fantastique, lorsqu’elle nous raconte les aventures de personnes devant conjuguer avec des reptiles énormes issus d’un autre âge, des aigles gigantesques qui protègent, mais qui menacent également les villageois et des chevaux ailés dotés de serres.
Chaque nouvelle se suffit en elle-même, mais elles nous présentent toutes des histoires d’amour et d’amitié qui ne tiennent qu’à un fil. Ainsi, Page Cooper nous présente la beauté, mais surtout, la fragilité des relations humaines, peu importe le type de relation. Surtout, elle nous présente notre solitude. Solitude que tous peuvent éprouver et, bien souvent, malgré toutes les personnes qui peuvent nous entourer et la quantité de relations que nous vivons. Toutes ses personnes ont ce point en commun : la solitude. Vous ne verrez aucun personnage revenir d’une nouvelle à l’autre, mais dans un sens, ils sont la même personne, car malgré le lieu où ils vivent — une ancienne ville soviétique qui n’est plus à son heure de gloire, sur la planète Mars, dans la jungle, dans un village touristique ou non –, ils souhaitent tous améliorer leur sort, établir une relation avec quelqu’un, ne plus sentir ou plutôt ressentir la solitude, mais ils ignorent comment faire et arrivent parfois plus à se briser, à s’abîmer davantage. Au fond, cette touriste, ce scientifique, cette femme enceinte, cet aventurier, cette bibliothécaire nous apparaissent tous familiers, car il est certain qu’au moins une fois dans notre vie, nous avons déjà ressenti la même chose. Ainsi, je crois que pour chaque lecteur, certains personnages plus que d’autres, lui rappellera sa propre solitude et, selon, lui sera familier ou antipathique.
Zolitude a d’abord été écrit en anglais. La version que propose l’éditeur Boréal est une traduction de l’anglais (Canada) par Catherine Ego. Je dois avouer que durant ma lecture, j’oubliais qu’il s’agit d’une traduction. Catherine Ego a su insuffler un merveilleux souffle à l’œuvre qui nous permet de nous y immerger complètement. À aucun moment, je n’ai buté ou j’ai senti de résistance à cause de la traduction. Bien que je n’aie pas lu la version originale, je lève mon chapeau à Catherine Ego pour avoir navigué dans ces univers parfois rassurants et parfois troublants, tout en guidant le lecteur dans un imaginaire autre que le sien.
Page Cooper a su décrire, sous plusieurs angles, un immense vide que chacun vit différemment. En quatorze nouvelles, elle a su rassembler à peu près toutes les manières de sentir seul, malgré une compagnie, bonne ou non.
Zolitude
Page Cooper
Traduit par Catherine Ego
Boréal, 2019
256 pages