Comment devenir Benjamin Franklin : l’archétype du rêve Américain.

Benjamin Franklin était devenu, à la fin de sa vie, un homme exceptionnel, d’une sagesse rare. Il est l’archétype du rêve américain de l’ascension sociale par le travail et la discipline.

Benjamin Franklin était un écrivain, inventeur, philosophe, homme politique du XVIIIème siècle. Il a participé à la déclaration d’Indépendance des Etats Unis d’Amérique, fonde le premier mouvement de sapeurs-pompiers volontaires à Philadelphie, invente le paratonnerre ect. Selon David Hume, il est « le premier philosophe Américain ».

Benjamin Franklin s’est élevé sur l’échelle sociale, d’un petit apprenti dans une imprimerie de Philadelphie à un homme qui dîne avec les Rois. D’une façon que l’on qualifierait aujourd’hui « d’Américaine ».

Ce qui m’intéresse dans cet article n’est pas de faire un inventaire de ses différents accomplissements. Mais plutôt d’essayer de comprendre comment il a fait pour devenir l’homme qu’il est devenu.

Je souhaite battre en brèche l’idée que les hommes exceptionnels l’ont été grâce à un don de la nature ou un talent inné. Dans la majorité des cas, c’est très loin de la réalité. Et Benjamin Franklin en est un bon exemple.

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1. Autodidacte

Benjamin Franklin a arrêté l’école à l’âge de 10 ans. Et c’est cette absence d’éducation qui l’a éduqué. N’allant pas à l’école, il n’avait d’autre choix que d’apprendre par lui-même. Dans son autobiographie, il raconte le rôle essentiel qu’ont joués les livres : « le peu d’argent que j’avais, je le dépensais dans des livres ».

Très tôt, il rédige un plan pour lui-même : « Plan pour ma conduite future ». L’objectif était de se fixer une série de règle à suivre pour qu’il puisse s’améliorer, devenir meilleur homme et lui permettre d’atteindre le succès. Ce plan comprenait 4 règles essentielles :

1. Soit extrêmement frugal

2. Dis la vérité et soit toujours sincère

3. La patience est le chemin le plus sûr

4. Ne parle jamais mal de qui que ce soit

Il tenait un petit carnet journalier dans lequel il écrivait ses progrès. Le suivi de ces règles s’est avéré plus difficile qu’il ne le pensait. Et dans cette démarche, la fierté s’est avéré être son plus grand ennemi : elle est dur à maitriser et à faire taire.

Ces règles se sont révélés être les bases profondes de sa morale, philosophie, et conduite. Pendant toute sa vie.

Benjamin était un monstre de travail et n’était pas timide. Il cherchait sans cesse à nouer des relations et à rentrer en contact avec les hommes importants de sa ville : le networking du XVIIIème. A l’âge de 21 ans il crée le Junto Club. Un cercle qui regroupait artisans et commerçants de la ville de Philadelphie avec pour objectif d’échanger sur des problématiques communes, de s’entraider et de chercher des bénéfices mutuels. Quelques années plus tard, il rejoint une version améliorée de ce club : les Francs-Maçons.

Que se serait-il passé s’il était allé à Harvard ? Selon lui, il aurait perdu toute sa spontanéité, son style intuitif et sa fraicheur.

2. Devenir meilleur écrivain

L’écriture a joué un rôle important dans son éducation d’autodidacte. Il se rend compte rapidement qu’il s’agit d’un domaine où il est très mauvais. Il mettra un point d’orgue à s’améliorer et maitriser cet art.

Il commence par disséquer les meilleurs écrits pour ensuite tenter de les reconstruire par lui-même. Il détaille ce processus dans sa biographie :

« Je prenais quelques textes et je faisais des listes courtes des arguments de chaque phrase. Je les laissais de côté pendant plusieurs jours, et ensuite, sans regarder le texte original, j’essayais de le réécrire en essayant de garder la même longueur et de faire ressentir les mêmes émotions. Je comparais enfin mon texte à l’original, me permettant de voir mes erreurs et de les corriger ». Benjamin Franklin

Un bon moyen de progresser, dans n’importe quel domaine, est de se fixer volontairement des contraintes. C’est dans cette optique qu’il pratique la poésie. Cela le force à se creuser la tête pour élargir son vocabulaire et la variété des mots qu’il utilise.

Benjamin Franklin était obsédé par son travail et pratiquait l’écriture tous les jours, de nombreuses heures durant.

Il devient riche lorsqu’il atteint la vingtaine d’années grâce à ses différentes publications/journaux, dont le très célèbre « Poor Richard’s Almanach ».

3. Polyvalent

On a souvent tendance à penser qu’il faut se spécialiser dans un seul domaine pour en devenir un expert. C’est tout le contraire de Benjamin Franklin qui était un homme d’une polyvalence rare.

Son génie prenait sa source dans la variété des sujets pour lesquels il portait un intérêt : science, journalisme, diplomatie, politique, philosophie …

Avec toutefois un fil directeur : une approche pratique et pragmatique dans chacun de ces domaines. Il ne cherchait pas à élaborer des grandes théories abstraites mais à réfléchir de manière pratique.

Son approche de la religion aide à comprendre son mode de pensée. Benjamin Franklin croyait en une puissance supérieure, mais sans pour autant s’attacher à un culte en particulier. Il basait sa foi religieuse sur l’utilité sociale qu’elle pouvait apporter.

« Le but de la religion devrait être de rendre les hommes meilleurs et d’améliorer la société. Peu importe la secte ou la croyance qui le permet. » Benjamin Franklin

Il en allait de même pour la science. Il cherchait avant tout des utilisations pratiques, pouvant améliorer la vie des gens. C’est comme cela qu’il élucide l’un des grands mystères de l’humanité en inventant le paratonnerre et en comprenant le fonctionnement de l’électricité. « Il a transformé l’électricité qui était une curiosité en une science » selon Van Doren.

La polyvalence de Benjamin Franklin lui permet de créer des ponts entre les disciplines. En comprenant les principes fondamentaux qui sous-tendent chacune d’entre elles, il était capable de répliquer ses raisonnements sur d’autre disciplines. Et de comprendre ce que personne d’autre ne pouvait comprendre. C’est également selon cette méthode, que l’on appelle des « premiers principes », qu’Elon Musk fonctionne aujourd’hui.

4. Sage

La quête de la sagesse était permanente chez Benjamin Franklin. Et ce, dès son plus âge, comme l’atteste son carnet journalier que j’ai mentionné plus haut.

Pour comprendre ce qu’il est devenu, il y a plusieurs choses intéressantes à mentionner.

Son comportement était articulé autour de deux valeurs fortes : le travail et l’humilité. Au sujet de cette dernière, il souhaitait « imiter Socrates et Jesus ». Benjamin Franklin savait qu’il ne savait rien. Il portait en lui cette passion pour le développement personnel et le dépassement de soi.

« La connaissance est acquise par l’usage de ses oreilles plutôt que de sa langue ». Benjamin Franklin

Benjamin Franklin tentait d’utiliser, notamment dans le Junto club qu’il avait créé, la méthode de débat Socratique. Celle-ci consistant en la pose de petites questions, faussement innocentes, pour exposer les faiblesses du raisonnement qu’on lui exposait.

Il tentait au maximum de faire taire sa fierté. Il n’avait aucune volonté d’avoir raison ou de remporter le débat. Il faisait attention à ne jamais contredire directement et frontalement, même si l’autre était en tort. Ce qui pouvait passer pour être de la faiblesse était en fait de l’humilité et de l’ouverture aux opinions des autres.

Quand lui-même faisait des erreurs, il faisait des amendements et des bonnes actions en compensations. Comme s’il essayait d’équilibrer un bilan de ses comptes moraux.

Plus que tout, il célébrait la vertu publique plutôt que la sienne. Cherchait constamment à faire le bien et améliorer la société en tout point.

Gourou

Plusieurs siècles après sa mort, Benjamin Franklin est toujours considéré comme un gourou du développement personnel. Son mode de vie a d’ailleurs été la base d’un des bestsellers de tous les temps en matière de comportement social et de développement personnel : « Comment se faire des amis », de Dale Carnegie.

Benjamin Franklin avait compris une chose essentielle : si vous voulez accomplir des grandes choses, seul vous devez agir pour le long terme.

« Show steady diligence is the true way to wealth ». Benjamin Franklin

Il était un fervent défenseur d’un nouvel ordre politique qui veut que les droits et le pouvoir ne soient plus liés à un héritage mais plutôt basés sur le mérite et le travail acharné. En ce sens, il a certainement été l’homme le plus influent dans ce qu’allaient devenir les Etats Unis d’Amérique.

Pour l’homme d’Etat français Turgot, il est celui qui a « saisi l’électricité du ciel et le sceptre du tyran ».

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