Argentine: le nom de Santiago Maldonado sur toutes les lèvres

jeannecrsl
Latinioo
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3 min readOct 12, 2017

Les faits : une disparition, un contexte : une lutte territoriale

Santiago Maldonado, un jeune activiste solidaire de la cause autochtone Mapuche, est porté disparu depuis le 1er août 2017. Ce jour-là, la gendarmerie avait réprimé une manifestation qui avait lieu sur la route nationale 40, dans la province du Chubut, dans le Sud du pays. Cette protestation était intimement liée aux revendications territoriales de la communauté Mapuche ; en effet, elle avait lieu sur une propriété de la multinationale Benetton, territoire revendiqué par cette même communauté.

La thèse de la disparition forcée fait remonter des souvenirs douloureux

Lorsque l’on prononce le mot « disparu » en Argentine, il faut s’attendre à voir naître la peur dans les yeux des habitants. Il faut dire que ce mot a sa propre histoire, il évoque aux yeux de la population les heures les plus sombres de l’histoire du pays. La méthode de la disparition forcée, introduite dans les années 70 par les forces de répression argentines sous la dictature, est dans toutes les mémoires et la blessure créée lors de cette période peine à se refermer.

Depuis la disparition de Santiago Maldonado, la théorie de la disparition forcée est sur toutes les lèvres. Effectivement, la majorité des argentins pense que la police a fait disparaitre le jeune homme. Malheureusement, étant donné que le corps n’a toujours pas été retrouvé, il est difficile de savoir ce qu’il s’est réellement passé, et de démêler le vrai du faux.

De plus, le gouvernement argentin se retrouve dans une posture très inconfortable : il redoute au plus haut point que la théorie de la disparition forcée se révèle vraie. En effet, cela mettrait le gouvernement dans la tourmente, notamment dans un contexte de campagne électorale. Les élus préfèrent donc opter pour une solution plus simple : nier en bloc cette théorie. Malheureusement, ce discours n’est pas sans rappeler la façon dont les autorités de la dictature se couvraient pour occulter les enlèvements des militant(e)s et justifier la répression des années 70.

Quelques dates marquantes

  • 5 août : une battue est organisée dans la zone où Santiago Maldonado a disparu
  • 8/9 août : des membres du gouvernement rejettent la théorie de la disparition forcée
  • 20 août : création d’une page web pour permettre la diffusion d’informations
  • 1er septembre : marche de milliers de personnes près de la place de Mai (lieu hautement symbolique puisque c’est là qu’avait lieu les manifestions des Mères de la place de Mai, une association des mères argentine dont les enfants ont « disparus » lors de la dictature)
  • 5 septembre : première déclaration du président au sujet de cette affaire, il insiste sur le fait que son gouvernement collabore avec la Justice afin d’œuvrer pour retrouver Santiago Maldonado
  • 6 septembre : 1er témoignage qui pourrait confirmer la thèse de la disparition forcée
  • 12 septembre : un gendarme reconnaît qu’il y a eu des violences perpétrées contre les manifestants

Au bilan : une Argentine qui vit dans la peur

Cette affaire entraîne une crise politique en Argentine. Effectivement, les conséquences si la thèse de la disparition forcée était vérifiée seraient un important coup dur pour le gouvernement. De plus, l’Argentine vit dans la peur des actions policières, plus que toute autre nation.

Source: El País, auteur: Carlos Elordi Cue, article publié le 18 août 2017 https://elpais.com/internacional/2017/08/16/argentina/1502900156_594878.html

Source complémentaire: Rio Negro, auteur: Natalia Lopez, article publié le 20 septembre 2017 http://www.rionegro.com.ar/especiales/50-dias-sin-santiago-maldonado-ME3565806

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