Guatemala : Etre une adolescente, une mère et une épouse en même temps

Simon cyc
Latinioo
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3 min readNov 28, 2017

La lutte contre le viol :

Au Guatemala des milliers de mineures tombent enceintes chaque année après avoir été violées. Le centre « La Alianza » tente de lutter contre la normalisation de cette violence.

Cette institution créée en décembre 2010 vise à protéger et aider les adolescentes qui ont été abusées sexuellement, violées ou qui ont été victimes de la traite des êtres humains au Guatemala. Elle permet aux victimes de recevoir une attention psychologique, afin de les aider à se reconstruire. De plus des avocats sont chargés de poursuivre les bourreaux de ces victimes afin de rendre justice.

Depuis qu’elle a ouvert ses portes, La Alianza a accueilli 335 filles et a prononcé 23 condamnations.

Parmi les victimes qui ont obtenu une condamnation contre leurs agresseurs, une mineure a témoigné. Celle-ci a été violée par le fils du pasteur local. Après l’agression, beaucoup d’hommes de la communauté sont venus à la porte de sa maison pour la violer. Ils considéraient qu’elle était devenue la propriété de la ville et pouvaient en faire ce qu’ils voulaient. Ce triste exemple illustre bien le fait qu’au Guatemala, il y a une normalisation de la violence sexuelle.

Dans ce pays 18 accouchements de filles de moins de 14 ans sont dénombrés quotidiennement. Les plus touchés par ce fléau sont les enfants mayas, représentant 60% des filles enceintes.

On peut également ajouter qu’au Guatemala la prostitution des enfants n’est pas rare. Il existe de nombreux cas de familles où les parents décident de vendre leur fille pour 25 quetzales (moins de trois euros) pour avoir des relations sexuelles.

La prévention par l’éducation :

L’organisation Abriendo Oportunidades quant à elle, tente de prévenir les grossesses précoces et les mariages de milliers de filles et d’adolescents dans les zones rurales du Guatemala. Elle vise à changer le rôle des femmes, pour cela elle propose des ateliers de sensibilisation et d’apprentissage sur la sexualité, les droits et l’autonomisation des jeunes femmes dans les communautés.

Le registre national des personnes (RENAP) du pays a enregistré entre 2012 et 2015 environ 40 000 mariages dont au moins un des conjoints avait moins de 18 ans. De plus, selon l’UNICEF, 71.000 grossesses ont été enregistrées chez des jeunes femmes âgées de 10 à 19 ans en 2014.

Les chiffres étaient si alarmants que, pour éviter cette situation, le Congrès a adopté une loi faisant passer l’âge légal pour se marier de 14 à 18 ans. Malgré cela, la loi passe inaperçue dans les communautés rurales, car les moyens sont rares pour la rendre efficace.

Les principales causes :

Dans certaines régions pauvres, une fille est souvent considérée comme un fardeau. Son mariage permet aux parents d’avoir une bouche en moins à nourrir et éventuellement de s’enrichir.

D’autre part la religion joue un rôle important, en effet la plupart des chefs religieux interdisent aux jeunes d’être informés sur la sexualité et les droits fondamentaux. La pauvreté et le machisme sont souvent exprimés dans les messages que les familles écoutent chaque dimanche à l’église. L’influence de la religion est telle que des organisations religieuses comme l’Alliance évangélique ont réussi à mettre un terme à l’approbation de « la loi nationale de la jeunesse » au Congrès. Le projet comprenait l’accès à des méthodes contraceptives modernes et le droit à une éducation sexuelle complète pour les jeunes.

D’autres formes de sensibilisation :

Des jeunes étudiantes du Guatemala ont reçu des bébés électroniques pour sensibiliser à la grossesse.

En effet de jeunes étudiantes de l’École de Mixco, ont dû nourrir, changer les couches, et bercer des bébés électroniques. L’organisation à l’origine de ce projet se nomme Aprofam. Elle voyage dans les écoles de tout le Guatemala et offre la possibilité aux adolescentes, à partir de 12 ans, d’adopter un de ces bébés électroniques pendant deux ou trois jours. Le but ultime est de prévenir les grossesses chez les jeunes dans ce pays d’Amérique centrale.

Grâce à son dispositif, la poupée transmet si on l’a bien soigné, si elle a été battue, et si elle a été heureuse. Dans le cas où il a été maltraité le bébé peut même mourir en s’éteignant complètement.

Sources :

https://elpais.com/elpais/2016/03/08/planeta_futuro/1457450990_491408.html

https://elpais.com/elpais/2016/05/30/planeta_futuro/1464626560_771587.html

https://elpais.com/elpais/2016/09/14/planeta_futuro/1473877695_595608.html

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