Guatemala-USA : le dur parcours des immigrés

Simon cyc
Latinioo
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3 min readNov 18, 2017

Chaque année environ 400 000 migrants d’Amérique centrale traversent la frontière du Mexique, avec comme objectif final d’atteindre les Etats-Unis. Les demandes d’asile et de refuge des centraméricains ont grimpé de 600 pour cent au cours des cinq dernières années. Dans la grande majorité, ces personnes fuient un mode de vie très éprouvant.

En effet la pauvreté, l’appropriation des terres indigènes, la faim et la violence ont fait de l’Amérique centrale “l’une des sous-régions les plus dangereuses du monde”.

Le Triangle du Nord composé du Honduras, du Salvador et du Guatemala est une des régions les plus violentes de la planète (au Salvador l’extorsion représente 3% du PIB), la criminalité y a explosé, les gangs (notamment les Maras) contrôlent une grande partis de ces pays. Concernant le Guatemala (le pays le plus peuplé de la région avec environ 16 000 000 d’habitants) c’est le seul pays où la pauvreté a augmenté depuis 2003. La zone constituée de ces trois pays est désormais la première terre d’émigration illégale vers les États-Unis, alors que le nombre de Mexicains tentant de traverser la frontière sans papiers diminue.

Les migrants bénéficient d’un accord qui leur permet de circuler librement entre les pays d’Amérique centrale, l’étape la plus dangereuse commence sur le sol mexicain.

Pour les immigrés, la frontière entre le Mexique et le Guatemala est donc l’avant dernière frontière avant les USA. Pour la traverser illégalement, il suffit de payer trois dollars et de monter sur un radeau pour atteindre l’autre rive de la rivière Suchiate située à 100m. Mais cette traversée n’est que la partie la plus facile d’un voyage extrêmement dangereux.

Arrivé au Mexique, la violence, les abus, les enlèvements et les extorsions ne sont pas rares. En 2010, 72 migrants clandestins ont été tués par l’organisation criminelle (liée au cartel) « Los Zetas » à San Fernando dans l’état mexicain Tamaulipas.

En effet après le déclin du train connu sous le nom de « la Bestia » l’année dernière, dû à l’interdiction pour les migrants venus du Salvador, du Guatemala et du Honduras de prendre le train et à l’insécurité grandissante du voyage (7 filles sur 10 se font violer, le tarif pour ne pas se faire jeter sur la voie par les Maras est d’environ 100$). Les migrants ont cherché de nouvelles façons de se déplacer: en bus, en marchant et en voiture à travers le réseau de coyotes qui les amènent aux États-Unis. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) estime que 80% des migrants guatémaltèques aux États-Unis voyagent par voie terrestre.

Une fois aux Etats-Unis, la grande majorité de ceux qui parviennent à s’y installer le font sous la menace perpétuelle de la détention et de l’expulsion. Et cette insécurité a été aggravée suite à l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui avait déjà déclaré lors de la campagne électorale qu’il expulserait trois millions d’immigrés en situation irrégulière.

Selon les chiffres du Bureau du recensement américain, près de 930 000 personnes originaires du Guatemala vivent sur le sol américain. Environ 250 000 sont des citoyens américains et 525 000 vivent sans papier.

En 2016, près de 217 000 personnes ont été expulsées des États-Unis et du Mexique vers le Guatemala (95 000), le Honduras (69 000) et le Salvador (52 500).

Chaque semaine, 8 vols sont organisés en partance des USA. Ils ne transportent pas des touristes, mais les Guatémaltèques dont l’Oncle Sam ne veut pas. En 2016, 35 000 Guatémaltèques sont ainsi montés, manu militari, à bord de ces appareils particuliers. En dehors des USA, le Mexique a expulsé l’année dernière 150 000 Centraméricains, c’est plus que les États-Unis.

En moyenne seulement deux migrants sur dix peuvent rester aux États-Unis, ceux qui l’obtiennent continuent d’injecter de l’argent dans l’économie meurtrie des pays qu’ils ont fui. L’année dernière, plus de six millions de Guatémaltèques ont bénéficié des envois de fonds de l’étranger, avec plus de 7 milliards de dollars. Un maximum historique.

Source : https://elpais.com/elpais/2017/08/16/planeta_futuro/1502873391_220770.html

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