L’Armée zapatiste de Libération Nationale se présentera aux élections présidentielles de 2018

Agathe Clero
Latinioo
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3 min readOct 20, 2016

Tout d’abord, il s’agit ici d’un article d’opinion, l’auteur nous informe de son point de vue au sujet de la candidature présidentielle de l’EZLN.

Nous venons d’apprendre que lors de la célébration du vingtième anniversaire du Congrès national indigène , l’armée zapatiste de libération nationale (EZLN) a annoncé une décision historique : se présenter en tant que candidat indépendant à la présidence de la République. 22 ans après l’irruption de l’EZLN, la décision est très importante car elle révèle un tournant dans leur stratégie, pour «revendiquer» leurs causes politiques et sociales à l’intérieur de la vie institutionnelle du pays.

Ce serait la première fois que l’EZLN, un groupe rebelle ouvertement armé, bénéficierait d’un état d’exception (droit commun suspendu), et accéderait directement à la vie politique de ce pays qui pourtant, réclame une personne qui représente une bonne idéologie pour la vie démocratique.

Il suffit de dire que si cette expérience a un bon aboutissement, l’EZLN trouverait un encouragement de taille pour commencer son “changement” en une véritable alternative politique électorale. Cela est arrivé dans d’autres pays d’Amérique latine, où, il est un fait que les mouvements armés ont atteint beaucoup plus en optant pour la voie électorale plutôt que par des actions de guérilla.

De plus, le sentiment d’intégration à notre démocratie serait renforcé en donnant la possibilité à des millions d’hommes et de femmes indigènes de souligner, à travers une voie institutionnelle comme celle qui représente les processus électoraux, l’importance des peuples autochtones dans la transformation démocratique du pays et de le faire au nom de quelqu’un qui représente les deux catégories les plus vulnérables et discriminés du Mexique: les femmes et les populations autochtones.

Selon les données INEGI, la population indigène représente environ 15% de la population mexicaine, c’est-à-dire environ 19 millions de personnes, qui, à ce stade du XXe siècle sont encore sous-représentées à tous les niveaux du gouvernement et constituent le groupe social le plus marginalisé et le plus arriéré de notre système sociale.

À première vue, il semble très peu probable qu’une femme indigène puisse accéder à la présidence de la République en 2018.

Ce qu’il faut réellement souligner et mettre en valeur, c’est la volonté et l’aptitude de l’EZLN à encourager une solution qui permet de revendiquer leurs anciennes volontés à travers la boîte de scrutin.

Le processus électoral prendrait de nouvelles «nuances» avec la présence du candidat et des médias du sous-commandant Marcos.

Avec les messages de sa campagne électorale, l’EZLN révélerait des informations sur la réalité dans laquelle vivent les communautés indigènes, et, à la découverte de ces informations, la population mexicaine cesserait les critiques à propos de l’EZLN, mais surtout, cela participerait à l’identification des «origines» à travers lesquelles le conflit pourrait être résolu près de trois décennies plus tard.

Peut-être est-ce pour cela que nous sommes confrontés à une grande opportunité pour la société et les institutions de l’État : pour répondre à une initiative qui pourrait créer les conditions politiques pour la réincorporation de l’EZLN à la vie institutionnelle du Mexique et à la participation effective des peuples et des communautés autochtones dans la vie démocratique.

Cela pourrait être une première étape pour recréer le dialogue ou pour trouver un accord juridique entre les peuples autochtones et l’État.

En cas de succès, cela permettrait de mettre fin au conflit armé, de commencer un processus de réconciliation nécessaire mais aussi de servir d’incitation pour que les pouvoirs publics se mettent au travail pour commencer à régler la dette historique qui existe entre l’État mexicain et le peuple indigène.

Date : 20/10/2016

Source : Article d’opinion, http://www.eluniversal.com.mx/entrada-de-opinion/articulo/cesar-astudillo/nacion/2016/10/18/ezln-democracia-y-elecciones

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