Le combat des écologistes pour l’Amazonie

Gwenaelle Iarovay Clerc
Latinioo
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3 min readOct 8, 2017

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Au brésil, les écologistes luttent contre la volonté du gouvernement d’autoriser l’exploitation minière d’une réserve naturelle, la Renca.

Le 22 aout dernier, le gouvernement Brésilien annonçait dans un décret, l’ouverture d’une gigantesque réserve d’Amazonie, nommée la Renca et l’autorisation de l’exploitation minière de cette région par des compagnies privées. La réaction des écologistes et de la communauté internationale fut immédiate : en septembre, l’Union européenne étudiait une possible mise en accusation du gouvernement brésilien face au non-respect de ses engagements pris en matière de préservation de l’environnement. Des ONG de défense de l’environnement comme Greenpeace et des célébrités telles que le mannequin Gisele Bundchen ou la chanteuse Alicia Keys avaient également pris part au débat et affiché leur soutien aux populations indigènes de la région.

Face à la pression et aux critiques extérieures et intérieures de ce décret, le président Michel Temer avait déclaré la suspension de celui-ci avant de faire marche arrière et de l’annuler totalement le 25 septembre.

Située entre les États de Pará et Amapá, La Renca, (Réserve nationale de cuivre et associés) abrite d’importants gisements d’or, de fer et de cuivre. Ces minerais sont pour le moment inexploités pour des raisons environnementales car la Renca est une réserve protégée, où résident des populations pré-colombiennes telles que les Wajãpi. La Renca a été créée en 1984, à la fin de la dictature militaire, et il était alors envisagé que seule la société publique CPRM (Société de recherche sur les ressources minérales) puisse extraire du minerai dans la région.

Si l’annulation du décret est célébrée, les écologistes restent lucides. Ils savent que le combat pour la défense de l’Amazonie n’est pas fini et que le risque d’ouvrir la Renca à l’exploitation minière est loin d’être définitivement écarté. En effet, le gouvernement encourage l’exploitation minière dans le pays. En juillet dernier, le président Temer avait déjà annoncé des mesures pour favoriser le secteur minier, montrant une volonté d’expansion de celui-ci. Sonia Guajajara, chef indigène, avait alarmé les sénateurs sur le sujet : « Il y a une guerre contre l’Amazonie, le gouvernement veut mettre en place une grande zone de réserve minérale. Sénateurs, vous avez la possibilité d’éviter cela ».

A cela s’ajoute le problème des mines clandestines, connu mais ignoré par le gouvernement. Selon le ministre des Mines et de l’Energie, Fernando Conejo Filho, le gouvernement est conscient qu’au moins 3 000 hommes travaillent dans la région de la Renca : “Personne ne s’est jamais plaint, personne n’a jamais été scandalisé par cette question » déclare-t-il. Or, l’exploitation illégale entraine de gros risques pour l’écosystème local et a été dénoncée à plusieurs reprises par les ONG opérant dans la région mais sans jamais être interdite.
Si le gouvernement continue à fermer les yeux, c’est dans le but de pouvoir légaliser ces pratiques et même y participer un jour car les retombées économiques d’une telle exploitation minière seraient importantes pour le pays.

Ce n’est donc que le début d’un long combat pour les écologistes, car le sujet de la Renca et de ses ressources minières pourrait être de nouveau au centre du débat politique d’ici peu de temps.

El Pais, Temer revoca un polémico decreto que amenazaba la Amazonía, 28 sept 2017 : https://elpais.com/internacional/2017/09/25/actualidad/1506372008_097256.html

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