Mexique : Trump est élu 45 ème président des États-Unis. Et maintenant ?
Le 8 novembre dernier les craintes de tous les mexicains se sont confirmées, Donald J. Trump, candidat républicain à la Maison Blanche a été élu 45ème Président des États-Unis d’Amérique.
Celui qui prétendait que tous les mexicains étaient des “violeurs et des criminels” est donc maintenant assuré d’accéder à la Maison Blanche le 20 janvier prochain après sa victoire face à Hillary Clinton. Le sort des mexicains vivant aux États-Unis est entre ses mains, mais pas seulement. Ceux qui vivent à la frontière devront en subir les conséquences aussi.
En effet, des milliers de mexicains traversent tous les jours la frontière entre les deux pays via les 58 postes frontaliers s’étendant sur plus de 3000 kilomètres. Certains traversent pour aller travailler, d’autres pour aller faire quelques courses dans de grandes enseignes américaines, pour aller à l’école ou encore pour recevoir des soins dans un centre hospitalier. Ces personnes qui passent de l’autre côté du Rio Bravo tous les jours vivent maintenant dans le stress de l’attente, une attente qui les fait s’imaginer tous les possibles.
Et si Trump bâtissait réellement ce mur dont il parle tant ? Un camarade de classe américain demande à Valeria, lycéenne mexicaine étudiant au Texas : “Et s’ils te retirent ton permis d’études ?”. Valeria a 16 ans, elle n’a pas peur de retourner étudier au Mexique, mais elle s’inquiète pour l’image des mexicains que donne Trump : “Il me stresse parce-qu’il dénigre les mexicains”. Côté américain, la population a plus ou moins appris à vivre en communauté avec les mexicains, cela parait plus difficile pour d’autres. Il y a même des mexicains qui dénigrent les migrants venant de leur propre pays. Les habitants et en particulier les commerçants des villes frontalières côté États-Unis, comme à Ciudad Juarez, se plaignent de la fuite des mexicains, “Ils ont peur” témoigne Ricardo Jaquez, restaurateur de 25 ans.
Il faut tout de même savoir que le Mexique exporte par voie routière aux États-Unis quelques 80% de sa production manufacturière. Tout ce que le poste de contrôle frontalier de Ciudad Juarez rejette, Luis Aguayo, 50 ans, le récupère. Il traverse le Rio Bravo plusieurs fois par semaine pour aller vendre aux États-Unis la marchandise récupérée au Mexique. “Toute ma vie j’ai vécu à Juarez, et ce n’est pas parce que je n’aime pas la culture de l’autre côté que je m’en vais”. Si le poste frontière ferme, c’est sa source de revenu qui disparait.
Angel Castillo, un mexicain de 29 ans rejoint régulièrement son frère qui vit au Texas. Il a perdu tout espoir d’avoir un jour un droit de séjour aux États-Unis avec l’élection de Donald Trump. Il a peur pour son avenir et celui de son pays : “Ils vont nous laisser sans emploi, il y aura plus de pauvreté et plus de violence au Mexique”. Et il n’hésite pas à souligner un problème de taille auquel le Mexique ainsi que les États-Unis devront trouver une solution : “Où vont-ils mettre tous les migrants mexicains si là-bas (aux États-Unis) il n’y en a plus aucun?”.
Sources :
“¿Donde van a meter a todos los migrantes mexicanos ?” — Sonia Corona pour El Pais Mexico. 13/11/2016.
