Mort de Fabian Tomasi, symbole international de la lutte anti-pesticide

Rozenn CHALONY
Latinioo
Published in
3 min readOct 12, 2018

L’ Argentin Fabian Tomasi est mort le vendredi 7 septembre, à l’âge de 53 ans, des suites d’une polyneuropathie toxique touchant à 80% son système nerveux. Véritable arme de sensibilisation, son corps était devenu le symbole international des risques sanitaires engendrés par le recours massif des pesticides dans les exploitations agricoles d’Amérique du Sud.

« L’ombre de la réussite »

C’est en 2005 que Fabian Tomasi commence à travailler en tant qu’ouvrier pour l’exploitation de soja Molina dans la région d’Entre Rios (Centre Est).

« Je devais ouvrir les réservoirs de pesticides, les transvaser dans des cuves de 200 litres afin de les mélanger avec de l’eau, puis remplir les réservoirs des avions d’épandage avec un tuyau.» se souvient-il lors d’un échange consacré à Télam. Seule une recommandation lui avait été faite :

« Évite de le faire contre le vent et les gaz ne t’atteindront pas ».

L’argentin a alors pour habitude de ne porter aucune protection lors des manipulations, d’autant plus que l’entreprise n’en imposait pas. Sa peau se retrouve en contact avec des composants chimiques dont les noms lui sont encore inconnus : Glyphosate, Endosulfan, Propanil, Méthamydophos et autres pesticides encore fréquemment utilisés dans le pays. Très vite les symptômes se font ressentir et les diagnostics le révèlent atteint d’une Polyneuropathie Toxique Sévère.

« Aujourd’hui mon corps est consumé, rempli de croûtes, paralysé et la nuit il m’empêche de dormir car j’ai peur de ne pas me réveiller. » ajoute celui qui se définissait comme « l’ombre de la réussite » des multinationales agroalimentaires.

« La complicité de l’Etat, de la Justice, et d’une grande partie de la médecine »

Fabian Tomasi n’attendait rien d’une réforme gouvernementale. Ses principales critiques s’adressaient d’ailleurs à « la complicité de l’Etat, de la Justice, et d’une grande partie de la médecine ».

« Nous avons condamné la vie de nos générations futures en choisissant de faire de tout cela un business. Les entreprises de fumigation sont les plus toxiques. Elles comptent parmi celles qui utilisent des dosages en pesticides les plus élevés et qui courent le plus après le profit. » dénonçait le médecin Medardo Avila, ami du défunt.

Son combat pour faire reconnaître le lien entre son métier et sa maladie le propulse face à la presse internationale et rapidement, il devient le porte-parole des militants anti-pesticide et des détracteurs de Monsanto.

« Il n’y a pas de maladie sans poison et il n’y a pas de poison sans complicité criminelle. »

Aujourd’hui troisième pays producteur de soja, l’Argentine utilise des quantités massives de glyphosate. La culture transgénique est légale et elle représente la part la plus importante de la production du pays.

Les pouvoir publics tendent également à protéger les intérêts de certaines multinationales agroalimentaires car l’utilisation des OGM représente des débouchés économiques considérables. Cependant, en 2016, la justice argentine n’a pas hésité à interdire le contrôle par Monsanto de la production de soja destinée à l’exportation.

Source : https://www.infobae.com/sociedad/2018/09/07/murio-fabian-tomasi-un-simbolo-de-los-estragos-que-provocan-los-agroquimicos-en-el-cuerpo/ Infobae “Murió Fabián Tomasi, un símbolo de los estragos que provocan los agroquímicos en el cuerpo” 07/09/2018

http://www.laizquierdadiario.com/Murio-Fabian-Tomasi-simbolo-de-la-lucha-contra-los-agrotoxicos La Izquierda Diario “Murió Fabián Tomasi, símbolo de la lucha contra los agrotóxicos” 07/09/2018

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