Quand le FMI s’installe en Argentine

Rozenn CHALONY
Latinioo
Published in
3 min readNov 10, 2018

Le FMI intervient une nouvelle fois en Argentine, 12 ans après avoir été chassé du pays par le président Kirchner. Le 26 octobre, l’organisme a accordé un nouvel apport de fonds de 57 milliards de dollars et prévoit désormais de placer la nation sous surveillance.

Un choix controversé

Le Fonds Monétaire International (FMI) s’installera dès fin novembre au sein de la Banque Centrale de l’Argentine, signe le plus représentatif de son intervention financière dans l’économie d’un pays d’Amérique du Sud.

Selon la dernière enquête publiée par l’institut Gustavo Cordoba, la réaction citoyenne n’est pas sans préoccuper le gouvernement de Mauricio Macri et la situation indigne une société dont 70% des argentins pensent qu’ils en sortiront plus appauvris d’ici 1 an.

Un chiffre qui explique alors l’agitation qui avait été semée en Argentine lors de la propagation de la rumeur ce que le ministre de l’économie, Nicolas Dujovne, n’avait pas tardé à confirmer peu de temps après : « Il y aura provisoirement un poste du FMI au sein de la Banque Centrale et, après une période de transition, l’organisation s’installera très certainement de manière indépendante à celle-ci.»

De son côté, le FMI n’a pas encore délivré d’annonce officielle.

De nombreux spécialistes en négociation ont expliqué au journal El Mundo que « cette décision n’a pas été prise en fonction de l’utilité du bureau permanent ». En effet, ce qui importe au gouvernement de Mauricio Macri est en réalité l’image qu’auront les fonctionnaires du FMI de la gestion économique nationale.

« La proposition de son équipe économique est la suivante : le représentant du FMI et ses collaborateurs auront leur espace privé, exactement comme après la crise de 2001. » explique l’économiste Pablo Wende.

Cependant, le gouvernement tout comme le FMI apporte de l’importance à l’installation d’un siège au sein de la Banque Centrale : « Il est tout à fait normal qu’il y ait un représentant présent dans les pays où un programme économique est mis en place. » signale Nicolas Dujovne.

« Il y a peu, le Pérou et le Paraguay avaient eux-mêmes des bureaux du FMI au sein de leur Banque Centrale » se défend-il.

Dans la rue, la nouvelle énerve mais ne surprend pas. « Ce n’est pas nouveau. Lorsqu’un bureau a été ouvert dans le quartier du MicroCentro après la crise de 2001, les représentants du FMI étaient présents dans la Banque Centrale » se souvient un voisin du Parque Centenario.

Plus d’influence et plus d’opacité

Le représentant du FMI assumera donc son rôle et se rendra à Buenos Aires à la fin du mois de novembre. Selon un porte-parole du journal El Mundo basé à Washington, c’est le Jamaicain Trevor Alleyne qui a été choisi, fort de ses 25 ans d’expérience au FMI.

Mais quels changements sont attendus ?

« Il convient d’avoir un accès plus rapide et facile aux personnes faisant directement les choix monétaires » examine Martin Kalos, directeur d’un cabinet de conseil.

Être au sein d’un même bâtiment évite de devoir systématiquement organiser des réunions. Certains sujets pourront être traités en montant simplement un escalier ou en passant le pas d’une porte.

La presse ne pourra également plus être sur le qui-vive des croustillantes arrivées de fonctionnaires sur le territoire. « C’est un accès quotidien et privé. Il y a une forte possibilité d’influencer avec moins de transparence envers l’opinion publique. » note l’expert.

La présence du FMI est certes très symbolique, mais le plus préoccupant reste les conséquences concrètes de cette entente. « Avec le compromis de 57 millions de dollars, le Congrès étudie d’ores et déjà le budget national 2019 et il est question du déficit zéro et de la réduction de l’inflation » souligne Candelaria Botto, économiste de l’Association de l’Economie Féminine.

Quelques ajustements qui coûteront chers aux locaux : La situation du pays se montre critique avec des rémunérations à la baisse, un chômage en hausse, des PME en difficulté et des édifices culturels qui ne peuvent plus payer l’électricité.

https://www.elmundo.es/economia/macroeconomia/2018/10/20/5bcb0984e2704ec02c8b4596.html El Mundo “La expresion grafica de la crisis en Argentina : El FMI se instala dentro del Banco Central” 20/10/2018

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