Séismes à Lima: 62% des habitants n’ont pas confiance en la résistance de leur maison.

Madec Julie
Latinioo
Published in
3 min readNov 2, 2017

Plus de la moitié des habitants de Lima interrogés pensent que leur habitation ne pourrait pas faire face à un séisme de grande magnitude.

Alors qu’un séisme de magnitude 6.3 sur l’échelle de Richter a secoué le Sud du Pérou en Juillet 2017, la population de Lima est consciente de la fragilité des logements en période de tremblement de terre. Selon la dernière enquête de Ipsos pour El Comercio, 62% pensent que leur maison ne résisterait pas à un séisme de forte magnitude.

La perception des citoyens, suite à cette enquête menée du 11 au 13 Octobre 2017, ne relève pas d’un excès de pessimisme. En 2013, l’Institut National de la Protection Civile avait projeté qu’un séisme de force 8 laisserait derrière lui 200 000 maisons effondrées, 348 000 autres de la capitale fortement touchées et qu’environ 51 000 personnes décèderaient au cours de ce désastre. Ces estimations sont alarmantes et les dégâts sont bien réels comme on a pu le voir en 2010 en Haïti, avec un tremblement de terre semant le chaos sur la totalité de l’ile faisant plus de 220 000 morts et 230 000 blessés.

Est-il possible de limiter les dégâts?
Pour Zenon Bardaldes, directeur-adjoint des enquêtes du Centre Péruvien-Japonais pour la recherche sismique et la limitation des catastrophes, le manque de confiance des habitants en la résistance de leur maison est due à l’informalité dans lesquelles sont réalisées les constructions.
“La majeure partie des maisons sont construites sans conception adéquate et ne prennent pas en compte les normes techniques. En raison de l’auto-construction, les habitations ont de grandes chances de s’écrouler en cas de fort séisme, encore plus si elles sont construites sur des sols sablonneux comme c’est le cas dans de nombreux quartiers de Lima.” explique-t-il.

A qui faire appel avant de construire?

En effet, évaluer les environnements du futur logement en primordial, surtout lorsqu’il s’agit de zones sismiques. Ainsi, les habitants ont aussi été interrogés sur le type d’artisans qu’ils avaient contacté avant la construction de leur maison. La plupart n’ont pas fait appel aux services d’un professionnel. Parmi ceux qui font le plus construire, 70% optent pour des maçons ou maitres d’œuvre plutôt que de faire appel à des ingénieurs ou architectes pour étudier l’environnement de la construction.

Des professionnels inappropriés?
Arturo Abanto, doyen du Collège d’Architecture du Pérou, averti sur les risques de faire appel à un maçon. En effet, celui-ci construit sans notions techniques “alors qu’un spécialiste évalue une structure avant d’élever les murs et faire des renforts pour résister au poids. L’autre risque de ne pas contracter d’assistance technique est que les ouvriers sont souvent amenés à utiliser des matériaux peu coûteux et moins sûrs», explique-t-il.
Cependant, pour beaucoup, faire appel à un spécialiste pour réaliser sa construction est un luxe. En revanche, pour de nombreux architectes, l’auto-construction peu se révéler plus couteuse car si le service n’est pas de qualité, il faut alors faire de nouvelles dépenses visant à renforcer la structure de la maison afin d’éviter un éventuel effondrement.

Pour conclure, alors que de petites compagnies non-spécialisées ne cessent de se multiplier, exposant ceux qui n’ont pas les moyens de faire appel à des spécialistes, à des risques toujours plus élevés, il semble grand temps de faire en sorte que chaque foyer puisse être un minimum assuré contre les catastrophes naturelles. Cependant, le problème réside; face à une population qui ne fait que croitre et à des villes toujours plus denses, les constructions se font là où il reste de la place, et dans ce cas, même les lieux les plus exposés aux risques sont envisagés.

Source: https://elcomercio.pe/lima/sucesos/sismos-lima-62-confia-fuerza-casas-noticia-467446, El Comercio, Sismos en Lima: el 62% no confia en la fuerza de su casa (21/10/17), Jorge Malpartida Tabuchi,

--

--