Un parti politique pour représenter les habitants des favelas

Gwenaelle Iarovay Clerc
Latinioo
Published in
3 min readNov 30, 2017

La diversité des favelas se reflète dans le parti : le co-président national est un chrétien gay, il partage la position avec un pasteur évangélique et une femme autochtone.

Les favelas sont comme de petites villes au sein même des villes brésiliennes qui illustrent, à leur échelle, les inégalités socio-économiques du pays. D’après le gouvernement, près de 14 millions de personnes y vivent, soit près de 7 fois le nombre d’habitants à Paris. Ces habitants ne disposent pas d’accès à l’éducation, à la santé, aux transports et à la sécurité. C’est donc pour changer cela que s’est créé Frente Favela Brasil. Leur objectif est d’accéder au pouvoir.

Brésil Favela est né grâce à du crowdfunding et des dons d’artistes et d’intellectuels du pays et les Noirs. Le chemin n’a cependant pas été facile. En effet, il y a une forte culture de la peur. Les gens craignent de perdre leur travail ou d’avoir leurs entreprises endommagées si leurs patrons ou partenaires apprenaient qu’ils étaient dans un mouvement politique de ce type.

Les favelas regroupent en grandes parties les communautés minoritaires des grandes villes qui en plus de vivre dans une extrême pauvreté, sont victimes de discriminations chaque jour. Par exemple, la population noire est en surreprésentation par rapport au reste du pays : en effet, 87 % de la population des favelas est noire, c’est plus que la moyenne nationale qui est de 54%. Pour Flavia Ribeiro, 31 ans, co-présidente du parti à Rio, l’initiative du parti vise à lutter contre le racisme historique dans le pays et à améliorer la distribution du pouvoir. Les organisations politiques brésiliennes les plus traditionnelles ont certes des noyaux destinés aux Noirs, mais Flavia dit qu’ils ne suffisent pas.

“Ils nous mettent dans ces petits coins à l’intérieur des partis et ils nous utilisent pour obtenir des votes, mais à la fin ce sont les blancs qui occupent les espaces de prise de décision”, a-t-elle dit.

Flavia a déclaré qu’elle n’avait jamais participé à des mouvements sociaux ou politiques, mais qu’elle n’a pas du tout hésité à se joindre aux débats qui seraient à l’origine de la nouvelle formation : « ici, les femmes sont à la tête du parti. Dans un pays où la politique est faite par des hommes vieux et blancs, c’est important. »
En effet, 50% des positions du Front Favela Brésil sont occupées par des femmes. De plus, la moitié des candidats aurait entre 18 et 35 ans. Tous sont volontaires, c’est une nouvelle génération qui s’engage en politique afin de changer l’image corrompue du Brésil.

Le Favela Brasil Front est déjà officiellement enregistré comme le 36ème parti de la scène politique brésilienne, mais il ne présentera pas de candidats pour les élections de 2018, dans lesquelles le président, les gouverneurs d’Etat, les sénateurs et les députés seront élus. Pour participer aux élections, il aurait besoin de l’autorisation du Tribunal et le soutient de 450 000 signatures, ce qui est impossible à faire à l’heure actuelle, par manque de temps. Sa stratégie sera donc de soutenir les candidats de différentes formations qui défendent les revendications des noirs et des « favelados ».

“Nous voulons élire 27 députés fédéraux, un dans chaque Etat”

Les candidats soutenus proviendront des partis de gauche comme : le Rede Sustentabilidade, le Parti travailliste brésilien (PTB), le Parti socialisme et liberté (PSOL) et du Parti communiste du Brésil (PCdoB).

Cependant, parti refuse de s’identifier comme étant de gauche ou de droite. Il ne sera jamais qualifié de conservateur, bien entendu, mais les dirigeants considèrent que les formations de gauche n’ont pas assez combattus pour eux. Etre un favelado, c’est être un peu à part et les élites politiques actuelles n’ont pas, selon eux, la légitimité nécessaire pour les défendre à leur juste valeur. De plus, même s’ils en avaient l’occasion, les dirigeants politiques ne placent pas les favelas au cœur du débat politique. C’est donc un nouveau parti qui voit le jour et qui s’investit dans la politique brésilienne, apportant de l’espoir et qui, espérons-le, réussira un jour à accéder au pouvoir pour faire changer les choses.

El espectador, Nace en Brasil un partido político para los negros y las favelas, 27/11/17 : https://www.elespectador.com/noticias/el-mundo/nace-en-brasil-un-partido-politico-para-los-negros-y-las-favelas-articulo-725317

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