Histoire d’un nom

Annelise Meyer
L’Alternateur
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3 min readDec 1, 2017

Il y a trois ans, au cours d’une Up conférence, Thanh Nghiem a expliqué une notion qui m’est restée en tête depuis : bac à sable. Je l’ai utilisé en titre de l’article (assez aride) que j’ai écrit suite à la conférence. Je connaissais le bac à sable informatique, la sandbox, cet emplacement virtuel dans lequel on peut exécuter des applications dont on n’est pas sûr du niveau de sécurité, histoire de protéger l’environnement d’exploitation de son ordinateur, ou l’environnement de l’entreprise tout court.

L’ingéniosité collective au travail (photo prise à l’exposition Wave)

Dans les explications de la hackeuse Thanh Nghiem, j’ai découvert une nouvelle définition : celle d’un espace de liberté et de sécurité, doté de multiples outils, dans lequel des porteurs de solutions se réunissent pour bidouiller, brainstormer, travailler ensemble à résoudre un défi spécifique ou à monter un projet. J’ai aussi découvert l’existence d’un groupe d’entrepreneurs “hackeurs”, les 100 Barbares, qui avaient décidé de se réunir autour d’un manifeste : celui visant à favoriser l’émergence d’un monde positif. Depuis, ces 100 barbares ont été rejoints par des milliers d’autres personnes, et le groupe Facebook du mouvement compte aujourd’hui près de 7000 fans.

Par une jolie coïcidence, j’ai expérimenté le concept de bac à sable dans le sens auquel l’entendait Thanh Nghiem il y a à peine deux semaines, avec plusieurs membres du mouvement des “Barbares”.

Imaginez réunir une quinzaine de personnes, qui se connaissent peu ou pas du tout, mais qui ont en commun d’être chacune porteuse d’un projet ou d’une idée. Le temps d’un week-end (48 heures pile), nous nous sommes réunis dans une magnifique maison, en pleine campagne macônnaise. L’objectif : échanger, brainstormer, nous challenger sur nos projets respectifs.

Après avoir pitché nos projets, nous avons découpé le week-end en autant de sessions de travail collectif que de projets, puis chacun a choisi, sur tous les projets disponibles, ceux auxquels il voulait contribuer. Certaines sessions ont été riches, d’autres plutôt difficiles, tendues sur le plan nerveux… Pour certains d’entre nous, le processus s’apparentait presque à un accouchement, l’aboutissement de mois et de mois de réflexion et de travail… remis sur le gril par des compagnons de route certes bienveillants, mais qui dans le même temps n’hésitaient pas à mettre les pieds dans le plat et à interroger, quand ils l’estimaient nécessaire, un pitch ou une stratégie future manquant de clarté.

Entre deux séances parfois un peu tendues, nous avons passé de très beaux moments, à l’exemple des repas (Photo par Antoine Brachet :))

Je suis moi-même sortie un peu frustrée de la session de travail sur mon projet : intimidée par la perspective de parler à de “vrais” entrepreneurs, pitcheuse peu douée, un peu fébrile face au travail qu’il reste à accomplir… Ce qui ne m’a pas empêchée par la suite de vraiment apprécier les autres moments de ce week-end : écouter mes compagnons parler de leurs rêves et projets, essayer de les faire avancer dans leur réflexion, jouer au ping-pong pour essayer de faire émerger d’autres idées, chanter des bœufs avec eux… Je suis sortie de ce week-end barbare 8 nourrie, boostée, et avec la sensation d’être bien entourée et de pouvoir accomplir des choses, en tous les cas bien plus que je ne le pensais.

Je me suis aussi finalement approprié la définition du bac à sable dans le sens où l’entendait Thanh Nghiem, et je me suis rendu compte que c’était précisément ce que visait un Tiers-Lieu dans la définition que je m’en fais : un lieu hybride dans lequel les personnes peuvent apprendre, se rencontrer, travailler ensemble et monter des projets, entrepreneuriaux ou associatifs, le tout dans un cadre bienveillant et sécurisant. Un lieu dans lequel on n’est pas seul(e), où les essais sont permis. Un bac à sable.

Ce Tiers-Lieu est encore au stade de projet, et manque de murs et de “joueurs” pour véritablement prendre forme. Notre objectif, dans les mois qui viennent, est de continuer à développer le projet et de trouver un local, même éphémère, pour nous lancer. Et aussi de rassembler des personnes que l’idée de voir un tel lieu se créer près de chez elles séduit. Si vous en faites partie, n’hésitez pas à nous faire signe !

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Annelise Meyer
L’Alternateur

Traductrice, blogueuse et coworking-addict en soif de connaissances et de partage - A translator, coworker & positive blogger / tweeter / idea spreader :)