Pourquoi Les Croissants sont partis en vacances le temps d’une semaine
Les Croissants est la première matinale radio intelligente. Stanislas, co-fondateur et créateur de l’app, explique pourquoi son équipe a pris une pause le temps d’une semaine, dans une aventure en pleine croissance.
TL;DR: On était fatigués et il y avait plein de ponts.
La traditionnelle anecdote du taxi
Ah, l’entrepreneuriat ! Alors que je regagnais en taxi une gare du sud de la France en fixant, bien concentré, la route (il ne s’agirait pas de terminer ces vacances sur une fausse note), le conducteur discutait avec mes amis de notre occupation le reste de l’année.
« Vous êtes étudiants ? Ah, non, vous bossez déjà… dans l’informatique ? Ah, c’est sympa ça. Mais du coup, certains d’entre vous ont monté une start-up ? C’est chouette, ça, il paraît. Alors, qui est le futur milliardaire ? »
Bien que je n’ai pas réagi sur le moment — mes amis m’ont vu blanchir, mais ça n’était pas lié — je suis resté bloqué sur cette question. La presse et l’opinion publique semblent persuadées que les personnes à l’origine de la création de toutes ces nouvelles entreprises, start-ups et autres jeunes pousses numériques n’ont en tête que l’atteinte d’une richesse démesurée.
Attention, hein : je ne suis pas un bisounours, et je me rends bien compte qu’à l’image de tous les groupes qui composent notre société, les créateurs et créatrices de start-ups ont des visions et des motivations très diverses. Néanmoins, si certain·e·s ont bien comme ambition le combo « devenir riche et célèbre », d’autres, et une bonne part, ont plutôt celui qu’on pourrait caricaturer comme celle de « changer le monde », ou d’avoir, au moins, un impact fort sur la société ou un domaine en particulier.
Personnellement, l’entrepreneuriat, je le vois plutôt comme un moyen, ou un ensemble d’outils pour résoudre un problème. Dans le cas des Croissants, c’est venu de cette idée obsédante qu’il y a quelque chose qui cloche dans le monde de la radio – et qu’il fallait proposer autre chose à tous ces auditeurs qui se réveillent avec les mêmes programmes depuis 30 ans, à quelques voix près. S’inspirer de ce qui se passait dans d’autres types de médias, et proposer une matinale radio personnalisée et sans publicité à l’heure choisie par chaque auditeur.
Notez que ça n’empêche pas d’être ambitieux : en fin de compte, on peut dire que nous avons bien envie de changer le monde… du réveil, partout dans le monde, et de manière durable. Il y a de quoi faire, avec rien qu’en France plus de 45 millions d’auditeurs de radio de manière quo-ti-dienne, sans compter toute une génération qui a de l’appétence pour l’information, mais qui n’a jamais pris le réflexe de la radio.
De la théorie à la pratique
Avoir une idée, une ambition, c’est bien. La mettre en œuvre, c’est mieux ! Pour Les Croissants, cela consiste en la production d’une émission comparable à une matinale traditionnelle de grande radio, mais qui s’adapte au mieux à chaque auditeur, le tout sans publicité et distribuée via une application sur téléphone, avec un système d’abonnement. Oh, et sans oublier la contrainte maîtresse : Chaque. Jour. De. La. Semaine.
La première fois que je lui ai évoqué le projet au détour d’une rencontre entre professionnels du podcast, une consœur entrepreneure m’a annoncé de manière brute, mais honnête :
« Vous allez vous cramer ; réaliser une émission par jour avec votre concept et une petite équipe c’est juste impossible. »
La semaine dernière, nous réalisions pourtant notre centième émission, diffusée à plus de mille abonnés payants. La persévérance, tout comme l’astuce et une certaine résilience face à l’imprévu, ça marche.
Néanmoins, nous restons humains, et la surchauffe peut vite toucher une équipe qui ne prend pas de soin d’elle. Alors que nos proches multipliaient les petites pressions pour que nous levions le pied, c’est littéralement dans un couloir des Assises du Journalisme, qu’une rencontre fortuite avec le bon Mathieu Maire du Poset (du Tank media) qui a provoqué le déclic.
« Tu as l’air fatigué ; vous devriez prendre des vacances. Tu sais, ça se fait, même quand t’es un média quotidien, hein. Vous êtes un nouveau média, une équipe à taille humaine. Les gens comprennent ça. »
C’est l’élément clé. Nous avons envie de servir notre public, mais à long terme, ne pas prendre de temps de repos, c’est aussi s’attaquer à notre promesse principale : proposer une émission chaque matin avec une équipe au top.
Évidemment, si Les Croissants arrivent à tourner avec seulement trois personnes à temps plein (Corentin, rédac-chef, Audrey, journaliste et moi, ingénieur), c’est parce que notre concept le permet. Le côté magique et extensible de nos émissions nous permet de lisser nos hauts comme nos bas, et de proposer à nos auditeurs la meilleure expérience possible chaque jour.
Il reste que si nous voulions réussir à tourner toute l’année, il fallait que nous puissions nous garder en forme, et nous n’avions pas pris le temps de lever le pied depuis notre démarrage en janvier dernier.
Take a break, have a Brunch
Bref, il était temps pour nous de faire une pause. Mais hors de question que cela ne pose trop de problèmes à nos auditeurs ; Corentin a donc suggéré de choisir la semaine du 7 mai, avec ses deux jours fériés (et ses ponts potentiels) pour perturber le moins possible nos auditeurs. Évidemment, cela allait de pair avec une programmation à l’avance de nos systèmes pour publier chaque jour une chronique, sur des sujets variés :
- Morgane nous a parlé de cette folle affaire de Lil Miquela, l’influenceuse numérique qui se croyait humaine ;
- Angèle s’est demandé si nous allions vraiment délaisser le cinéma pour Netflix (spoiler : non, mais c’est l’explication qui est intéressante) ;
- Pierre-Alexandre nous a raconté la relation particulière entre les jeux vidéos et les jouets (à l’heure de la sortie du carton Nintendo Labo) ;
- Geoffroy nous a expliqué comment Snapchat tente de tirer son épingle du jeu avec des nouvelles lunettes connectées qui font appareil photo et caméra ;
- et enfin, Angèle est revenue pour nous présenter Komitid, ce nouveau média LGBT+ qui, lui, veut fonctionner.
Cinq chroniques passionnantes, à l’image des dix — et bientôt plus — qui sont insérées en rotation chaque semaine dans notre système et auxquelles vous pouvez accéder à tout moment avec un simple abonnement pour moins que le prix d’un burger par mois.
En mai, fais ce qu’il te plaît
Si nous avons choisi cette semaine-là, c’est aussi car elle précède une période clé pour Les Croissants. Nous partons enfin à la recherche active de financements, comprendre, d’acteurs qui sont capables de nous apporter leur investissement, le catalyseur pour faire rugir un moteur que nous avons construit depuis plus de neuf mois, pour aller toujours plus loin.
C’est un exercice important : nos chiffres sont plutôt bons — nos auditeurs sont très fidèles et dépasser les mille abonnés sans campagne marketing est une belle performance — mais nous ne voulons pas nous arrêter là et souhaitons investir tant massivement et rapidement : pour agrandir notre équipe, enrichir nos apps, nos contenus, et au final, proposer une expérience de réveil si bonne que Les Croissants soit le choix évident comme compagnon du matin.
Après une semaine de vacances au soleil, et un trajet de retour sans encombre, je n’ai jamais autant eu hâte de me remettre à enregistrer des émissions et à fignoler une nouvelle version de l’app des Croissants dont vous me direz bientôt des nouvelles.
Histoire de « changer le monde » de la radio, par exemple. 🎙
Réveillez-vous chaque matin avec Les Croissants, disponible sur iPhone, iPad, téléphones Android et navigateurs web. Retrouvez également Stan sur Twitter.
