Donald Trump est-il une invention de George Orwell ?

Mr.C
Le Cafard cosmique
Published in
3 min readJan 3, 2018

Après 1 an à la Maison Blanche, de fake news en mots interdits, le langage et la politique de Donald Trump réalisent certaines des plus inquiétantes prédictions de l’auteur de 1984.

Donald le mytho / Caricature par DonkeyHotey

Le mensonge, art de gouvernement

Le 22 janvier 2017 restera peut-être comme la date à laquelle notre monde a basculé dans la science-fiction : ce jour-là, au cours de l’émission Meet The Press sur NBC, la conseillère en communication de Donald Trump, Kellyanne Conway utilise l’expression « faits alternatifs » pour défendre un énorme mensonge de Sean Spicer, alors porte-parole de la Maison Blanche.

Celui-ci avait en effet affirmé que la cérémonie d’investiture du nouveau président avait été « la plus grande en terme d’audience »… alors que la presse américaine avait démontré, image à l’appui, que la foule était bien moins importante que lors de l’investiture de Barack Obama en 2009.
Rien à faire. « Parfois nous pouvons être en désaccord avec les faits » avait osé Spicer, faisant officiellement basculer notre monde dans une nouvelle ère, celle des fake news : désormais, la vérité n’est plus un fait mais une opinion, et pour l’administration Trump, tordre la réalité ou nier l’évidence est un art de gouvernement.

Kellyanne Conway, conseillère du Président Trump, invente le concept des “alternatives facts”, les “faits alternatifs”, sur NBC News le 22 janvier 2017. Et le monde bascule dans la 4e Dimension…

“La guerre c’est la paix”

Kellyanne Conway ne le savait sans doute pas, mais en inventant les faits alternatifs, elle n’a fait que reprendre un concept élaboré 70 ans plus tôt. Dans son roman 1984, publié en 1949, le britannique George Orwell imaginait un monde totalitaire dans lequel la manipulation de la vérité et du langage est un instrument de pouvoir. Des slogans comme « La liberté c’est l’esclavage » et « La guerre c’est la paix » sont proclamés dans les écoles. Et le héros, Winston Smith, est employé au Ministère de la Vérité, où son travail consiste à remanier les archives historiques pour les faire coller avec la vérité officielle du moment…

D’ailleurs, au lendemain de la sortie de Kellyanne Conway, les ventes de 1984 ont connu un pic de vente, les réseaux sociaux ayant fait immédiatement le rapprochement.

Donald Trump fait du mensonge une méthode, n’hésitant pas à nier un jour les propos tenus la veille, sans s’embarrasser de cette vieille chose obsolète qu’on appelle « réalité ». Le Washington Post s’est amusé à compter : en une année, Trump aurait fait 1950 déclarations fausses ou trompeuses , dont une bonne part sur Twitter (où ses fautes de syntaxe et son orthographe approximative sont devenues légendaires...)

“Les articles me concernant dans le New York Times et le Washington Post sont tellement faux et haineux que le Times s’est même excusé auprès de…” (le président américain écrit “Thr” au lieu de “the”, “gas” au lieu de “has” et oublie la majuscule à “Times”)

Exemples les plus énormes : “J’ai fait la couverture du Time Magazine 14 ou 15 fois (…) un record dans l’histoire du journal.” : or le vrai chiffre est 11. Et Nixon a fait 5 fois plus de couv’ que lui !
Il y a quelques semaines, Trump affirmait cette fois “Jamais un Président américain n’a signé autant de lois pour la première année au pouvoir”… en réalité, il est le président qui a le moins légiféré depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale…

“Tous les mensonges du Président Donald Trump” répertoriés par la chaine américaine MSNBC

Novlangue

Encore plus « orwellien » : la presse américaine révélait récemment que l’administration Trump avait banni des mots et des expressions dans les documents officiels de certaines agences fédérales de santé et de recherche biomédicale. Les termes « fœtus », « transgenre » et « diversité » par exemple devenaient interdits ! Comment ne pas penser à la « novlangue » imaginée par Orwell dans 1984, une langue anglaise expurgée, au vocabulaire volontairement étroit, pour contrôler davantage la pensée ?

Le principe de la novlangue est simple : plus on diminue les mots de vocabulaire, plus on réduit les concepts auxquels les gens peuvent réfléchir. Donald “le mytho” s’applique d’ailleurs apparemment la méthode à lui-même : une étude réalisée par l’université Carnegie Mellon a démontré que le niveau de grammaire de ses discours se situait juste en-dessous du niveau sixième (6th grade)…

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