Veronica Mars va-t-elle révolutionner la VOD en France ?

Après avoir été l’un des premiers films à bénéficier largement de l’essor de Kickstarter, Veronica Mars est peut-être en passe de révolutionner la VOD en France.

Je n’ai jamais regardé un seul épisode de “Veronica Mars”. Pas un seul. Je ne sais même pas de quoi ça parle. Pourtant, cette série TV est en train de révolutionner comme une grande la façon dont sont produits et distribués une certaine frange de films.

La nouvelle est tombée ce matin, lundi 24 février 2014 : Le film “Veronica Mars” sortira en France directement par la case VOD (location à l’acte ou téléchargement définitif) le 14 mars 2014, le même jour que sa sortie américaine. Dès cette annonce, les réactions sont assez partagées mais l’impression qui domine est celle du regret de ne pas donner au film une “véritable” sortie au cinéma, comme si une sortie directe en VOD était honteuse, indigne du film et des attentes des fans.

Pourtant, force est de constater que Warner Bros France, dans le sillage de Warner Bros US, a bien joué le coup et tient là une opportunité en or de tester ce nouveau mode de consommation des films, plus en phase avec les usages actuels : la sortie day-and-date en vidéo-à-la-demande via Internet. Imaginez un peu : une sortie accessible au plus grand nombre par le biais d’Internet et ce, le même jour que les Américains (qui eux pourront malgré tout le voir dans quelques salles). Une nouveauté comme seule la VOD l’autorise.

Il faut bien comprendre ce que cette sortie ciné apparemment tant désirée par les fans aurait impliqué. Une sortie cinéma aurait voulu dire que le film tombait sous le coup de la chronologie des médias et qu’il aurait donc fallu attendre quatre mois après sa sortie ciné pour le voir ensuite en VOD. Une sortie cinéma aurait aussi voulu dire des frais considérables pour la Warner Bros France pour une rentabilité relativement limitée. Une sortie cinéma aurait aussi voulu dire convaincre les exploitants de programmer le film dans un maximum de cinémas pour que de nombreuses personnes puissent le voir. Impossible pour une adaptation de série télé à l’écho limité, malgré le buzz autour de son financement réussi sur Kickstarter (5,7 millions de $ récoltés en un mois).

Là où 20 000 entrées au cinéma (mon pari personnel) auraient été difficilement rentables, 20 000 locations du film sur les différents canaux (SFR, MyTF1, Dailymotion, FilmoTV, Virginme et iTunes ) le sont bien davantage, avec une promotion adéquate et des fans mobilisés. Pas de problèmes de proximité d’un ciné programmant le film, il suffira d’une connexion Internet pour profiter du film comme tout un chacun à travers le monde le 14 mars prochain.

En soi, c’est une révolution. Le film “Veronica Mars” a été financé grâce à 92 000 fans (dont 68 000 recevront le film en VOD dès sa sortie) via Kickstarter, sans l’aide des studios et il sortira à travers le monde sans l’aide des salles de cinémas avec l’aide d’un distributeur dont le rôle se résume finalement à en assurer la promotion plus qu’à véritablement le distribuer. Tout au long de la chaine de réalisation du film, des intermédiaires ont sauté, des verrous ont explosé pour qu’au final, les spectateurs potentiels du film soient au rendez-vous à travers le monde sur une date précise et pérenne dans le temps. Une sortie mondialisée, accessible au plus grand nombre sur plusieurs mois à un prix moindre qu’une séance ciné. Si révolution il y a, elle est là. Reste à voir si “Veronica Mars” demeurera un exemple isolé ou s’il sera suivi d’autres. L’industrie du ciné est en tous cas à l’écoute des découvertes de la jeune enquêtrice.

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