4 initiatives innovantes (et françaises) dans le domaine de la VOD/SVOD à surveiller en 2015.

Engoncé dans les mêmes habitudes depuis des années, le secteur VOD français a pourtant montré en 2014 des signes d’une nouvelle vitalité qui fait plaisir à voir sous l’impulsion de nouveaux-venus qui veulent changer les choses. Jusqu’à façonner un nouveau futur pour la VOD en France pour 2015 et les années qui viennent ?

1. La DV(O)D de Vodkaster.

Concept : Envoyer ses DVDs pour les regarder à distance et les revendre facilement pour en acheter d’autres et les regarder aussi à distance. >> Site officiel.

Mon utilisation en un exemple : Avec l’argent des DVDs que j’ai vendus dessus, j’achète “Le Nouveau Monde” à 1,99€. Je regarde cette copie privée qui m’appartient en qualité DVD (avec tous les bonus et fonctionnalités du DVD) via mon navigateur Internet. Une fois regardé, je le remets en vente aussitôt à 1,99€, ne l’ayant pas aimé plus que ça. Il part aussitôt à ce prix, un membre ayant déposé une offre dessus. La “location” du film ne m’aura donc coûté que 0,99€ (équivalent à la commission de Vodkaster lors de la revente alors que l’achat définitif m’aurait coûté 1,99€ si je ne l’avais pas remis en vente).

Pourquoi c’est novateur ? Sans doute LA bonne idée française de 2014 dans le domaine de la VOD. Lancée en mai, il aura fallu quelques mois pour que le système soit au point techniquement mais depuis quelques semaines, il marche parfaitement, même pour des connections assez modestes (pas trop modestes non plus, il faut au minimum 1Mo/s de débit pour en profiter). Les DVDs se chargent vite, on navigue dans les menus, on change de langues, on profite du film et des bonus comme si le disque était enfourné dans son lecteur DVD.

Maintenant, utiliser ce système sans utiliser la composante “Vente/Achat” associée ne sert à mon sens à rien, sauf à faire de la place chez soi. La marketplace est bien foutue, on achète en un clic et on revend aussi facilement. Si j’avais des doutes sur la vitalité de cette marketplace, ceux-ci se sont envolés assez vite puisque sur les 10+ DVDs que j’avais envoyés au début pour essayer, je n’en ai plus aucun. Tous ont été vendus, ce qui m’a permis d’en acheter d’autres, de les regarder et de les revendre et ainsi de suite. Vodkaster se rémunère à la commission sur chaque vente (0,99€) et l’expérience utilisateur est excellente en ce qui me concerne. Bref, après des débuts un peu difficiles, la fonctionnalité est techniquement au point (mais réservée aux débits Internet supérieurs à 1Mo/s) et est une vraie alternative à tous les services de VOD français existants, en plus d’être une innovation technique unique au monde.

On lui pardonnera donc d’autant plus facilement sa communication plus qu’opportuniste lors de l’arrivée de Netflix, alors que les deux services n’ont aucun rapport, que ce soit dans le concept ou dans l’exécution.

2. La VOD sans DRM de PCKP.TV.

Concept : Acheter un film en VOD définitive, sans DRM via une plate-forme à intégrer directement sur son site Internet (sur le modèle de VHX.tv). Lancement début février 2015 avec “Discopath”, un film canadien.

Mon utilisation en un exemple : Avant de prendre le train, j’achète le documentaire “Au coeur de la forêt du Sasquatch” depuis le site officiel pour 3,99€. Je peux ensuite télécharger le film qui est sans DRM (donc sans protection anti-copie) et le mettre sur mon téléphone ou ma tablette. De quoi égayer mon trajet en train.

Pourquoi c’est novateur ? Si le sans-DRM existe pour les jeux vidéo PC ou même la musique (notamment via Bandcamp), celui-ci se fait encore bien rare pour la VOD de films et encore davantage en France. Cela permet pourtant un confort d’utilisation bien meilleur que les plates-formes traditionnelles de VOD françaises, d’autant plus qu’il s’agit ici d’obtenir un film en téléchargement définitif pour le prix d’une location standard.

Petit prix, pas de DRM, utilisation sur tous les supports avec un écran, simplicité d’achat, intégration facile sur les sites et blogs (avec rémunération à la commission pour ceux qui le souhaitent), autant de qualités qui font du système mis au point par PCKP.tv une des belles initiatives de cette année dans le domaine, une initiative qui devrait prendre de l’ampleur en 2015 avec un catalogue voué à s’étoffer. Jusqu’à enclencher un véritable mouvement en faveur du DRM-free ? On l’espère, vu notamment le succès de Gog.com pour les jeux vidéo. Les internautes ne sont pas tous des pirates, arrêtons donc de les traiter comme tels.

3. La S/VOD à la portée de tous par Kaemo.

Concept : Créez facilement votre boutique VOD/SVOD en quelques clics. Le système s’occupe de tout. >> Site officiel.

Pourquoi c’est novateur ? On peut le comprendre, la VOD/SVOD fait peur aux éditeurs/distributeurs et il est donc relativement normal que ceux-ci remettent à des agrégateurs le soin de mettre en location leurs films sur des plates-formes telles que iTunes ou CanalplayVOD. Certains tentent quand même de sortir leurs films sur des plates-formes indépendantes comme Vimeo on Demand mais cela reste vraiment une pratique confidentielle pour les distributeurs français. Il existe en marge de tout cela une troisième voie pour distributeurs/éditeurs aventureux, à savoir monter soi-même sa plate-forme, pour ainsi donc mieux en contrôler les films, les prix et surtout le fichier client.

Pour cela, Kaemo, jeune start-up nantaise, a mis sur pied une plate-forme toute simple pour que les ayants-droits puissent mettre en ligne facilement leurs œuvres. Le back-office est simple d’utilisation, le front-office est customisable à volonté. Bref, une vraie bonne alternative technique si les marges des différents services leaders sur le marché vous énervent et si vous voulez prendre la VOD/SVOD à bras-le-corps en remettant le pouvoir entre vos mains.

4. La VOD sans DRM à venir chercher soi-même par Video En Poche.

Concept : Amenez votre clé USB dans certains cinémas partenaires et repartez pour 5€ avec un film VOD sans DRM. >> Site officiel

Pourquoi c’est novateur ? Cette initiative ne date pas de 2015 mais de 2010 et il m’aura fallu donc cinq ans pour en apprendre l’existence. C’est dire si elle est confidentielle à l’heure actuelle même si elle ne manque pas de mérites. Pour l’instant disponible dans une quinzaine de salles en France, cette initiative a plusieurs avantages. Elle place le cinéma dans l’après-exploitation en salle en devenant un point de vente de films en VOD et elle encourage aussi le développement de l’offre de films en VOD sans-DRM. Plus d’une centaine de films sont disponibles, comme le tout-récent “Ida” ou l’excellent “My sweet pepperland”. Une initiative donc novatrice même si encore trop confidentielle.

Toutes ces initiatives (sauf la 3ème peut-être et encore) ont comme point commun de remettre un élément fondamental de l’équation de la distribution ciné au centre, à savoir le spectateur. Les méthodes actuelles de VOD sont avant tout destinées à satisfaire les ayants-droits, les éditeurs, les plates-formes. 5€ la location, une durée de visionnage très réduite, des DRMs à ne plus savoir qu’en faire, toutes les limitations du secteur VOD français actuel existent uniquement du fait des desiderata de ceux qui vendent le film.

Sauf que ce système a des limites puisqu’il n’est “rentable” que si au bout du compte le spectateur paye. Celui-ci tient encore avec son porte-monnaie le succès ou non d’un film en VOD. Or les chiffres 2014 de la vente physique et de la VOD ne sont pas bons ou ne progressent que très peu alors que le piratage se simplifie et se démocratise. D’où l’idée pas idiote de remettre le spectateur au centre de l’équation en se posant ces quelques questions : que faire pour redonner envie aux clients de dépenser de l’argent pour un film alors que les méthodes illégales sont simples et gratuites ? Ces quelques initiatives sont des éléments de réponses qui en ce qui me concerne sont très satisfaisantes, en attendant de faire boule de neige parmi les grosses écuries VOD françaises.

Je m’occupe de FilmsdeLover.com, le site dédié aux films d’amour et comédies romantiques et de Direct-to-VOD, le Tumblr des films qui sortent directement en VOD.

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Contact : frederic[at]filmsdelover.com

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Frédéric (Films de Lover)
Le secteur VOD et SVOD en France

Chef de filmsdelover.com (site ciné sur les films d’amour) et animateur de #Netflixers (podcast sur la SVOD et Netflix).