Rétrospective : l’année 2016 des secteurs VOD et SVOD.
L’année 2016 fut pleine de rebondissements dans le secteur VOD et SVOD français avec l’arrivée de nouveaux services, l’arrêt d’autres et une multitude d’annonces comme autant de pas vers le paysage futur de ce secteur en 2017. Retour sur les évènements marquants de l’année 2016.
06 janvier 2016 : Netflix est disponible dans plus de 190 pays dans le monde.
Alors qu’il n’était disponible que dans une soixantaine de pays à la fin 2015, Netflix annonce le 6 janvier 2016 qu’il est désormais disponible dans 130 nouveaux pays, devenant ainsi le premier service SVOD disponible quasiment partout dans le monde. Les catalogues diffèrent cependant grandement selon les territoires mais Netflix estime pouvoir proposer un catalogue unifié dans les 5–10 ans qui viennent.
23 janvier 2016 : VODD se lance dans l’arène SVOD.
Après des mois de préparation, VODD.co se lance en France avec plein d’ambitions dans le domaine de la SVOD. Un catalogue éclectique, une participation de la communauté web autour du cinéma et des ayants-droits qu’ils vont séduire un à un jusqu’à proposer l’un des plus beaux catalogues du secteur en France. En septembre, son boss est d’ailleurs l’invité du 5ème numéro de mon podcast Netflixers dans lequel il explique sa conception de la SVOD sans langue de bois.
Février 2016 : Netflix récupère les droits français de “House of Cards”.
C’était l’un des derniers manques de Netflix France mais le jour de la sortie de la saison 4 de sa célèbre série avec Kevin Spacey, Netflix met à disposition en France l’intégralité des épisodes des quatre saisons, série Netflix Original qui revient donc dans son giron après plusieurs années d’exclusivité sur Canal+.
08 mars 2016–25 avril 2016 : Les créateurs de Vodkaster lancent MovieSwap, le financent, l’annulent et finalement arrêtent la vente et le visionnage de DVD à distance.
Vodkaster proposait l’un des service de vente et revente de DVD les plus novateurs du secteur français mais en l’espace de 8 semaines, toute cette initiative trébuche lors de 8 semaines voyant l’annonce de MovieSwap (autre idée incroyablement ingénieuse), son financement sur Kickstarter, son annulation et finalement l’arrêt complet de la vente, revente et visionnage de DVD en ligne sur Vodkaster, mis en place en mai 2014. Une perte incommensurable en ce qui me concerne, tant j’utilisais le service.
Je reviens d’ailleurs sur cette période dans un long article :
Les déboires ne s’arrêtent pas là pour Vodkaster puisqu’en décembre 2016, le site annonce que sa société éditrice a déposé le bilan et que le site sera repris par un nouvel investisseur au début du mois de janvier 2017.
26 avril 2016 : Fullscreen se lance et vise la génération Youtube.
Fullscreen est un nouveau service SVOD américain qui se lance au niveau mondial et vise la génération Youtube (à savoir les jeunes qui vivent au rythme des publications de leurs Youtubers préférés). Hélas, même si son catalogue aurait pu être intéressant, celui-ci est géobloqué de toutes parts pour les abonnés français. Pas de quoi donc poursuivre un abonnement au-delà du mois d’essai. Lors de mon test de quelques jours, je n’ai d’ailleurs même pas réussi à lancer une vidéo.
12 mai 2016 : TF1 diffuse les 2 premiers épisodes de “Marseille”, première série Netflix française.
Défoncée par la critique lors de sa disponibilité le 5 mai 2016, la série Netflix “Marseille” s’offre une promo de luxe en prime-time puisque le service SVOD s’allie avec TF1 pour permettre à la première chaine française de diffuser les deux premiers épisodes de la série le 12 mai 2016. Les accros non-abonnés devront donc s’abonner à Netflix pour voir la suite tandis que TF1 s’octroie une soirée avec des têtes d’affiche comme Gérard Depardieu et Benoit Magimel. Si nous ne savons pas si ce partenariat a apporté beaucoup d’abonnés à Netflix, l’audience sur TF1 ne fut pas si mirifique, avec à peine 5 millions de téléspectateurs. Acte 2 en 2017 quand TF1 diffusera le reste de la saison 1 lors de la disponibilité de la saison 2 en exclusivité sur Netflix.
24 mai 2016 : Kaemo lève 370 000€ pour accélérer son développement.
Kaemo est l’un de ces systèmes made in France qui permet de réaliser soi-même son service VOD et/ou SVOD en quelques clics et en mai 2016, le service annonce une levée de fonds de près de 400 000€. De quoi permettre le développement du service qui sert de base à certains services SVOD français comme Tenk ou Outbuster qui est lui lancé officiellement quelques jours plus tard (voir ci-dessous). Je parlais déjà de Kaemo en 2014 dans cet article :
15 juin 2016 : Outbuster veut être le service SVOD des gourmets de films inédits.
Nouveau service français de SVOD, Outbuster se lance le 15 juin avec l’ambition de proposer uniquement des films inédits en salles en France. Aidé de la communauté de SensCritique, la programmation copie celle des salles ciné avec des sorties sur une durée limitée et un catalogue réduit pour permettre une éditorialisation fine. Le service permet en outre de consommer des films à l’unité (3€) ou en mode “abonnement” (9€/mois). J’avais eu la chance d’interviewer son boss lors d’un autre épisode de Netflixers.
21 juin 2016 : Blackpills entend concurrencer Studio+ sur le domaine des très courtes séries mobiles.
A ma gauche, Vivendi et Watchever avec Studio+, service SVOD destiné aux smartphones proposant des séries très courtes (10 épisodes de 10 minutes en général). A ma droite, Blackpills, fondé par l’ex-patron de Canalplay (et moteur des séries courtes expérimentées par Canalplay en 2015) bien aidé de Xavier Niel. Sur un marché naissant, ces deux sociétés devront batailler dur pour s’imposer, à renfort de partenariat avec des opérateurs téléphoniques et d’annonces de castings rutilants. Si Studio+ a déjà une longueur d’avance sur le premier, Blackpills a déjà embauché Luc Besson et Kev Adams pour les besoins d’une série courte. Sur le même sujet :
11 juillet 2016 : Molotov se lance et veut dynamiter la TV.
Faire rentrer toute la TV dans une interface à la Netflix, voilà l’idée de Molotov qui se lance au beau milieu de l’été après des mois de retard. Malgré une facilité d’utilisation indéniable, il manque pourtant en ce jour de lancement des fonctionnalités annoncées comme la disponibilité sur Android, le bookmarking ou le support Chromecast. Celles-ci seront ajoutées au compte-goutte dans les semaines qui suivent avec en point d’orgues la disponibilité de l’enregistreur dans le Cloud le 7 décembre 2016. Quelques doutes subsistent dans mon esprit pourtant, notamment sur la prétendue richesse de l’offre TV que je trouve très faiblarde, à la fois dans le domaine des films et dans celui des séries, doutes que j’explique plus en détails dans cet article :
Eté 2016 : La valse-hésitation de Vivendi et Bolloré autour d’un service SVOD européen.
Premier acte en juin 2016 quand Le Figaro révèle que Vivendi compte lancer son nouveau service SVOD européen en Allemagne, France, Italie et Espagne en s’appuyant sur Watchever en Allemagne, Canalplay en France, Infinity en Italie et sur des accords prévus avec de grands groupes européens de contenus notamment Mediaset en Italie. La suite est un peu moins rose, avec l’annonce le 22 juillet de la fermeture de Watchever en Allemagne, à cause de la concurrence de Netflix et Amazon Prime Video. Le service SVOD paneuropéen serait toujours à l’étude et prêt à être lancé au printemps 2017 mais Vivendi et Mediaset se fâchent, ce qui entraine une prise de parts agressive de Mediaset par Vivendi en décembre 2016. Prochain acte l’année prochaine avec le lancement — ou non — de ce fameux service SVOD made in Vivendi paneuropéen, qui sera de toutes façons en concurrence frontale avec Netflix et Amazon, à moins que celui-ci soit un service cumulant musique et vidéo, comme la rumeur semble l’annoncer.
Août 2016 : Netflix ferme son bureau français.
L’équipe n’était pas nombreuse et s’occupait principalement de marketing mais elle symbolisait la présence physique du géant américain de la SVOD en France. Las, après à peine deux ans d’activité, Netflix ferme son bureau français pour le relocaliser aux Pays-Bas avec le reste de ses activités européennes, ce que certains analysent comme un double échec pour le secteur SVOD français, plus que pour Netflix en particulier.
20 septembre 2016 : Canal+ propose une modification de la chronologie des médias.
En difficulté dans un marché ultra-concurrentiel, Canal+ met sur la table à destination des autres parties prenantes du secteur ciné une modification de la chronologie des médias, et veut en particulier avancer sa fenêtre de diffusion à 6 mois au lieu de 10 mois après la sortie ciné. Le but est de proposer plus de contenus frais et ainsi damer le pion à ses concurrents. D’autres modifications sont énoncées mais rien pour la fenêtre SVOD, bloquée à 36 mois. Signe supplémentaire que Canal+ fait bien peu de cas de la SVOD et ce, même s’il dispose d’un service attitré en la personne de Canalplay. La fenêtre des 6 mois sera finalement refusée par les exploitants en décembre mais les rencontres continuent, sous l’égide du Ministère de la Culture, et continueront sans doute pendant des années et des années, jusqu’à la fin du monde probablement.
4 octobre 2016 : CDiscount lance son offre triple play culturelle CStream.
Surprise ! CDiscount se lance à son tour dans le domaine de la SVOD avec une offre triple play culturelle proposant une sélection de films (environ 400), une sélection d’ebooks et une sélection de musique, fruits de partenariats avec différents acteurs dans les trois domaines. Une offre plutôt novatrice pour le secteur français donc, proposée pour 9,99€/mois.
3 novembre 2016 : Zive devient SFR Play et se lance enfin dans la production de séries maison.
Un an près son lancement en France, la marque Zive est mise au placard par SFR pour devenir SFR Play. Cela coïncide avec l’arrivée de la première série originale de SFRPlay, “Les Médici” sur le service SVOD de SFR. Ce changement arrive quelques jours après les rencontres cinématographiques de Dijon où Michel Combes, boss de SFR a pu exprimer ses ambitions pour le cinéma et la SVOD en particulier.
9 novembre 2016 : OCS se lance en version directe sur Internet.
OCS est une chaine télé premium et en ce sens, elle bénéficie d’une fenêtre plus avantageuse que celle des services SVOD. Pourtant, elle se donne beaucoup de mal pour ressembler au Netflix, Amazon et Canalplay, notamment grâce à son replay organisé comme un service SVOD. Le 9 novembre 2016, elle accentue encore un peu plus la confusion en devenant disponible pour tout le monde via Internet, s’affranchissant ainsi des box et autres consoles. L’utilisateur peut donc s’abonner à OCS aussi simplement que s’il s’abonnait à Netflix ou Canalplay. Le catalogue d’OCS est d’ailleurs complémentaire aux services SVOD traditionnels, celui proposant de nombreuses séries en US+24, au détriment parfois des anciennes saisons.
15 novembre 2016 : Studio+ est lancé en France et signe le coup d’envoi de la bataille contre Blackpills.
Après un lancement en Amérique du Sud pendant l’été, Studio+ est finalement lancé en France. Disponible pour 4,99€/mois (ou 1,99€/mois pour les abonnés à Canal+), le service ambitionne de conquérir les jeunes et les clients qui chercheraient du contenu court à regarder en hors-connexion dans le métro. Au programme : des séries courtes du monde entier et des ajouts relativement fréquents. Pour Vivendi, le pari s’élève à plus de 50 millions d’euros la première année mais le lancement international montre une belle ambition, portée par le poids du groupe Vivendi (reportage sur C+ notamment). En 2017, Blackpills devrait se mêler à la bataille.
30 novembre 2016 : VODD s’arrête.
Alors qu’ils venaient d’amorcer le tournant vers les séries TV et qu’une nouvelle version du site était en préparation, VODD s’arrête brutalement fin novembre 2016, faute d’avoir pu trouver des partenaires pour participer à leur développement. Ironie du sort, c’est ce jour-là que paraissent dans la presse des articles mentionnant le fait que la SVOD prend enfin son envol en France. Pas pour les sites les plus fragiles apparemment.
30 novembre 2016 : Netflix s’emporte partout, en hors-connexion.
C’était une demande répétée des abonnés depuis des années et jusqu’ici Netflix n’avait pas semblé être intéressé par la chose. Or, à la surprise générale, Netflix annonce l’arrivée de ce mode hors-connexion le 30 novembre, rattrapant ainsi son retard par rapport à ses concurrents français qui le proposaient déjà (comme Canalplay ou SFRPlay). Cette fonctionnalité n’est pas disponible pour tous les titres du catalogue mais elle permet en tous cas de partir avec des contenus dans la poche sans avoir à se soucier du réseau.
14 décembre 2016 : Amazon Prime Video est disponible en France.
Après Netflix, c’est au tour d’Amazon d’être disponible mondialement dans près de deux cents pays. En France, il s’agit d’un avantage parmi tant d’autres pour les abonnés Premium et le catalogue de lancement fait pâle figure parmi les autres services SVOD disponibles, malgré un catalogue très complémentaire, car composé de films et séries jusqu’ici peu ou pas disponibles en SVOD. La guerre de la SVOD se déplace donc sur le terrain mondial, laissant peu de places pour les acteurs nationaux.
31 décembre 2016 : Vodeo ferme ses portes.
Spécialisé dans les documentaires, c’était l’un des plus vieux services de SVOD disponibles en France mais aussi l’un des nombreux à ne pas avoir survécu à 2016. Cette année devait être celle du développement de la SVOD en France et ce fut le cas, même si ce fut aussi une année de consolidation avec des acteurs internationaux en vogue et des services nationaux plus à la peine.
Je m’occupe de FilmsdeLover.com, le site dédié aux films d’amour et comédies romantiques, du podcast “Netflixers” dédié à la SVOD et de Direct-to-VOD, le Tumblr des films qui sortent directement en VOD.
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Contact : frederic[at]filmsdelover[point]com
