Comment j’ai appris à maîtriser ma colère

Cindy S.
#FeedYourBrain, des articles nourrissants.
9 min readNov 6, 2017

Voici que vous êtes tranquillement au volant de votre voiture. Soudainement, un chauffard insolent vous double à toute vitesse en faisant rugir son klaxon !

Ni une ni deux, la partie la plus primitive de votre cerveau s’alarme, votre respiration s’accélère et vos membres se crispent… Votre corps se tient tout prêt à contre-attaquer !

Apprendre à connaitre son ennemie pour en faire une amie : la colère au rayon X

Avez-vous remarqué à quel point plusieurs personnes de votre entourage semblent sereines en toutes situations ?

Pendant ce temps-là, d’autres voient rouge et sortent les crocs !

Si vous faites partie de ceux qui s’emportent facilement, pas de panique !

Prenez votre sac à dos, on part illico presto nous inspirer des découvertes scientifiques faites sur la colère !

Quoi de mieux que de comprendre la bête pour pouvoir l’apprivoiser ?

Je dirais que la colère est comparable au feu, car elle provoque des mouvements brusques et des dégâts.

Comme un charbon ardent, qui se consumerait à l’intérieur de l’être humain.

Souvent, l’homme en colère dit brutalement “non” à une réalité qui lui déplait :

  • une pincée d‘impulsivité
  • 300 grammes de frustration
  • 2 louches d’emportement

Le tout, porté à ébullition ! Ça vous parle ?

L’inédite recherche de Paul Ekman : les émotions primaires

Certains connaissent ça par cœur : le tout petit enfant qui explose de colère !

Il ne sait pas exprimer son vécu émotionnel à l’aide de phrases élaborées. Pas le choix, il cède régulièrement à des crises EXTRÊMES de mécontentement ABSOLU.

Sortez vos boucliers anti-décibels.

L’adulte perd de son discernement s’il se laisse emporter trop rapidement.

Il a tout intérêt à utiliser sa capacité à dire avec des mots ce que la colère lui fait ressentir. Par exemple :

  • “J’ai l’impression que je ne me fais pas comprendre”
  • “Je suis énervé(e) car je ne me sens pas respecté(e)”
  • Ou encore : “anticonstitutionnellement… ”

Bon d’accord ! Le dernier c’était un piège, c’était pour voir si vous suiviez !

Les techniques modernes d’imageries cérébrales ont pu démontrer qu’en parlant, vous activerez votre cortex préfrontal et donc les neurones de la pensée.

En remettant en marche ces parties cérébrales, votre impulsivité et votre goût de l’affrontement seront diminués ! Vous redeviendrez donc bien plus raisonnable.

Good job !

→ Mais pourquoi ne pas simplement faire en sorte de ne plus JAMAIS ressentir de colère ?

Parce que c’est IMPOSSIBLE.

Illusoire, insensé, impensable, utopique,voué à l’échec.

Si vous pouvez maîtriser votre colère pour la rendre constructive, vous ne pourrez pas vous empêcher de la vivre émotionnellement.

Un éminent psychologue dans l’étude des émotions, le Dr Ekman (1) partage le résultat de l’une de ses recherches atypiques !

Il est l’un des premiers hommes à avoir concentré son attention sur les manifestations faciales des émotions.

Le Dr Ekman a fait ses valise direction la Papouasie-Nouvelle Guinée.

Sur place, il est parti rencontrer une tribu complètement isolée du reste du monde. Ensuite, il leur a montré des photos de visages exprimant diverses émotions et a fait une étonnante découverte !

Les visages en question appartenaient à des cultures différentes de celle de la Papouasie-Nouvelle Guinée.

Sept expressions émotionnelles ont été très facilement identifiables par la tribu. Il s’agissait de :

  • la joie
  • la tristesse
  • la colère
  • le dégoût
  • la peur
  • la surprise
  • le mépris

Preuves à l’appui, Paul Ekman a rendu ses conclusions : ces sept émotions (dont la colère), seraient universelles à tous les êtres humains.

Elles feraient partie de nos émotions de base, autrement dit de nos émotions primaires qui fondent nos comportements humains.

Aaah ! Voilà pourquoi nous ne pouvons pas concevoir de vivre sans ressentir de la colère.

Vous avez déjà constaté à quel point notre visage trahi nos sentiments les plus basiques ?

Et bien, de nombreux autres signaux corporels sont aussi susceptibles de révéler ce que nous préférerions cacher…

Des manifestations physiques embarrassantes

Qu’on le veuille ou non, nos émotions transpirent.

Le cœur qui s’emballe, les sourcils qui se froncent, les narines qui se dilatent… Voilà autant de fenêtres ouvertes sur ce qui se passe à l’intérieur de vous !

Notre corps est même si bavard que l’on estime qu’une majeure partie de notre communication serait non verbale. On parle alors de communication corporelle ou comportementale.

Connaissez-vous le célèbre mythe de la théorie du professeur Albert Mehrabian (2) ?

Professeur de psychologie à l’Université de Californie, il décrit que 93% de la communication passerait par un langage non verbal !

Le ratio d’Albert Mehrabian (1967)

Même si aujourd’hui ces résultats ont été discutés (3), on apprend à quel point l’intonation de la voix ainsi que nos manifestations corporelles trahissent notre monde interne.

J’ai déjà été dans ces situations : lorsqu’il s’agit de maitriser ma colère je suis tombée dans deux extrêmes :

  • ou je prenais la fuite en refoulant ce que je ressentais en affichant une jolie “poker face” souriante,
  • ou je laissais complètement exploser ma colère !

Bienvenue au royaume des attitudes contre-productives !

Biologie simplifiée

Le signal d’alarme provoquant la colère : c’est dans le cerveau.

Visualiser ce qui se passe à ce moment-là dans votre tête est un coup de pouce pour éviter une perte totale de contrôle de soi !

Souvenez-vous de ce chauffard qui vous a klaxonné en tout début d’article…

Visualisez : vous vous accrochez in extremis à votre volant !

Cet “irresponsable de la route” vient tout juste de vous dépasser, manquant de vous envoyer dans le décor !

Le feu passe au rouge.
VOUS TOURNEZ LA TÊTE ET IL EST ARRÊTÉ JUSTE A COTÉ DE VOUS !

Immédiatement, votre centre de contrôle émotionnel se met en alerte. Il libère entre autres deux hormones qui vont alors préparer votre corps en cas d’attaque physique !

  • la testostérone
  • et l’adrénaline

Le regard assassin, vos pulsations cardiaques augmentent : vous avez du mal à réfléchir.

Cette difficulté à rassembler vos idées est LA chose à retenir !

Ceinturé dans votre voiture, vous subissez une diminution de votre afflux sanguin censé arriver dans les zones du cerveau destinées à prendre des décisions rationnelles.

Votre réponse émotionnelle (la colère) est tellement instantanée qu’elle met de coté toute tentative de réflexion de votre part.

Vous n’avez qu’une envie, c’est de bondir de votre véhicule pour dire deux/trois mots à ce danger public !

Toutes vos réserves d’énergies sont mobilisées, si vous ne faites rien, alors votre fureur l’emportera.

#GameOver

Et pourtant ! Votre énergie pourrait être redistribuée ailleurs dans votre corps.

Nous sommes fin 2013, des scientifiques finlandais (4) publient un travail fou, capable d’attirer l’attention du moins curieux d’entre vous !

Si, si, regardez ça : ils ont été capables de réaliser une cartographie des zones corporelles s’activant en fonction des émotions ressenties !

Cartographie des zones corporelles s’activant en fonction des émotions ressenties

Alors qu’ils ont étudié le vécu émotionnel de 700 personnes, nous, nous n’avons plus qu’à bénéficier de leur publication dans la revue Proceedings of The National Academy of Sciences et apprécier leurs efforts.

Pour l’homme en colère, nous voyons combien les zones de la poitrine, de la partie inférieure du visage (cou et mâchoire) et surtout des mains sont activées.

Très semblable à l’homme fier d’ailleurs…

Pour cesser de céder à la colère, votre point de départ pourrait être d’essayer de vous habituer à distinguer les tracas des véritables problèmes.

  • Un tracas : j’ai oublié mes clés à l’intérieur de la voiture, il faudra casser la vitre
  • Un problème : je me rends compte que mon fils gagne sa vie de manière illicite en pratiquant le vol et l’escroquerie

Pour vider l’émotion “colère” de son intensité, nous pouvons dire à notre interlocuteur ce qui ne nous satisfait pas en utilisant le “JE”.

Par exemple :

“JE suis énervé(e) car lorsque tu ne m’écoutes pas JE ne me sens pas respecté(e)”

plutôt que :

“TU M’ÉNERVES ! TU M’ÉCOUTES JAMAIS !!!”

  • D’une part aucun être humain n’a le pouvoir de prendre une poignée de colère pour la mettre dans notre corps
  • D’autre part il est possible que notre interlocuteur n’ait pas conscience que son attitude soit une si grande source de colère pour nous

En utilisant le “je”, nous cessons de considérer l’autre comme responsable de nos accès de colère.

L’idéal est de toujours s’interroger soi-même pour comprendre pourquoi nous accédons à une émotion d’une telle intensité.

Parfois, il est préférable de laisser passer du temps pour retrouver son calme.

Par exemple, ça peut être à cause :

  • du sentiment de ne pas être assez considéré(e),
  • de toujours devoir se répéter,
  • ou encore de ne pas être pris(e) au sérieux.

Et si vivre sainement sa colère passerait par le fait de ne pas inclure de jugement sur autrui et de se considérer responsable en cas d’explosion ?

Chiche ?

Si vous parvenez à exprimez votre colère sans critiquer votre interlocuteur alors … Bravissimo !!!

VOTRE CARTE JOKER

Attendez, attendez, attendez !

Avant que vous ne partiez consulter d’autres articles de FeedYourBrain, j’ai une dernière carte juste pour vous !

Si malgré toute cette lecture vous ne parveniez toujours pas à maîtriser votre colère et que ça vous énerve, voici votre futur allié : le Shouting Vase.

Conçu pour que vous lui criiez votre frustration, il amortira le son de vos reproches et hurlements en tout genre !

N’hésitez pas à commenter et partager cet article !

VOUS NE VOUDRIEZ QUAND MÊME PAS ME FÂCHER ?!!

Par Cindy S. — Commise aux écritures

Sources :

  1. Ekman, P. & Friesen, W. V (1969). The repertoire of nonverbal behavior: Categories, origins, usage, and coding. Semiotica, 1, 49–98.
  2. Mehrabian, Albert, et Ferris, Susan R. “Inference of Attitudes from Nonverbal Communication in Two Channels,” Journal of Consulting Psychology, vol. 31, №3, juin 1967
  3. Critiques des conclusions d’Albert Mehrabian p. 21 et 22 de l’ouvrage universitaire d’Elisabeth Fontaine “Évaluation et élaboration d’outils d’information sur l’aphasie, à destination du patient aphasique et de son entourage”
  4. Bodyly maps of emotions. In Proceedings of The National Academy of Sciences [en ligne]. Consulté en 2017. Disponible sur : http://www.pnas.org/content/111/2/646.full

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