Pourquoi la 5G va révolutionner nos usages quotidiens ? (3)

Partie 3/3 : l’impact sur la santé et l’utilité de la 5G

Valentin Lagadec
Le JO’Se
6 min readJan 24, 2021

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Responsable d’émissions d’ondes, la 5G représente-t-elle un danger pour notre santé ? Et finalement, est-elle vraiment utile ? Un certain nombre de questions se posent encore.

La 5G, un danger pour notre santé ?

Si aujourd’hui le DAS¹ oblige les constructeurs de téléphones et autres appareils utilisant un quelconque système à ondes (Wi-Fi, Bluetooth…) à ne pas dépasser un certain seuil, qu’en est-il des antennes mobiles ? Le respect de ces seuils est difficile à quantifier pour le grand public, on a alors recours à la quantification des champs électriques comparés à des limites de référence.

Les téléphones mobiles d’anciennes générations, c’est-à-dire d’avant la 2G émettaient 50 fois plus d’ondes que les téléphones utilisant la 2G ou 3G selon le professeur Joe Wiart (Institut des Mines Telecom). Autant dire qu’avec l’évolution des téléphones mobiles et des technologies qu’ils utilisent, les études de référence concernant l’impact des mobiles sur la santé datant de plusieurs années sont à actualiser : elles se réfèrent à une technologie relativement ancienne et peu ou plus utilisée. Fait notable, le téléphone s’utilise aujourd’hui beaucoup plus dans la main que contre l’oreille et cela réduit ainsi considérablement le risque d’exposition aux ondes électromagnétiques, qui est divisé par 100 dans ce cas d’utilisation. De plus, le chercheur rappelle qu’il ne faut pas confondre le temps d’usage du téléphone et le temps d’émission lors d’un appel par exemple.

La dernière fréquence de la 5G à 26 GHz peut effectivement faire peur, car certaines personnes dites électrosensibles, qui semblent déjà vivre un calvaire au quotidien à cause des multiples ondes radio aux alentours, vont peut-être les subir encore un peu plus. Cependant, les solutions existent pour se protéger des ondes, même si elles ne sont pas toujours très efficaces.
D’autres personnes s’opposent également à la mise en oeuvre de la 5G et le déploiement des antennes relais, mais elles restent minoritaires et peinent à lutter contre les nouveautés en termes de rayonnement et d’ondes électromagnétiques. Aujourd’hui, statistiquement, il y a beaucoup plus de risques à utiliser son téléphone au volant ou à traverser la route tout en le regardant, qu’à se soucier de la dangerosité des ondes électromagnétiques…

Dans tous les cas, il faut relativiser l’impact sur la santé car les ondes radio utilisées sont des ondes à rayonnement non ionisant (bien en dessous de 10¹⁶ Hz) qui ne modifient pas la structure atomique de la matière qu’elles traversent (cela ne provoque pas de cancers à un seuil d’utilisation important), elles peuvent en revanche avoir un effet thermique : cela peut réchauffer les corps, mais pas autant que dans un four à micro-ondes.

(crédit : Institut de Radioprotection et de Sûreté nucléaire, irsn.fr)

En revenant au DAS, pour la téléphonie mobile, les bons élèves se situent principalement chez Samsung qui ont fait des téléphones à DAS plutôt bas (en-deçà de 0,5 W/Kg), et les mauvais élèves se situent chez Apple, Huawei ou encore Alcatel qui ont construit ces dernières années quelques téléphones avec un DAS au-dessus de 1 voire 1,5 W/kg.

1. DAS : Indice de débit d’absorption spécifique — La France et l’Union Européenne impose que le DAS ne dépasse pas 2 W/kg pour 1 gramme de tissu.

La 5G est-elle vraiment utile ?

Selon Olivier Bodermann, membre du collectif Stop 5G, fondateur d’ElectrosmogTech et ingénieur électricien, « La 5G ouvre à un monde ultra-automatisé, robotisé, dominé par l’intelligence artificielle ». Il précise que les réseaux existants suffisent pour les communications de machine à machine et en télémédecine.

Une antenne relais pour les réseaux téléphoniques (France64160, Wikimedia Commons)

Selon cet expert en radiofréquences, les antennes-relais pouvant être adaptatives (cf. paragraphe sur les technologies utilisées par la 5G), cela amplifierait probablement les valeurs d’irradiation² locales. De plus, les limites actuelles ne prennent pas en compte les effets biologiques des ondes électromagnétiques : aucune étude n’a été réalisée pour le moment pour prouver que la 5G pourrait causer des dégâts sur l’homme, la faune et la flore.

Selon un rapport de l’IEEE du 24 juillet 2019, « Une station de base 5G devrait consommer trois fois plus d’énergie qu’une station à base de 4G ». De plus, il faut davantage d’antennes-relais 5G pour couvrir la même zone.

Une nouvelle norme de téléphonie mobile signifie que les réseaux actuels ne sont pas compatibles avec les systèmes utilisés pour transmettre, recevoir ou amplifier la 5G : cela signifie qu’il faut créer de nouveaux appareils pour les mêmes actions, mais compatible avec la 5G, et donc extraire des métaux parfois rares et précieux, utiliser de nouveau de l’énergie sous différentes formes pour créer des (centaines de) millions de nouveaux appareils et systèmes répondant aux normes de la 5G comme des antennes, téléphones, tablettes, objets connectés de toutes sortes, avec plus ou moins d’utilité.

De plus, si l’on crée de nouveaux appareils, on en remplace d’autres et on jette ces derniers. Je pense particulièrement aux antennes 2G, qui sont déjà remplacées par des antennes 4G en France par les opérateurs. Ainsi les téléphones 2G, souvent des téléphones T9 dits « à touches » majoritairement dans nos placards ou tiroirs partiront rapidement aux oubliettes car ils ne seront plus utilisables dans leur fonction principale.

Est-ce que tous ces objets seront recyclés ? L’évolution vers la 5G était-elle réellement nécessaire ? La 4G ne nous suffirait-elle pas pour notre usage quotidien ? On en perd la définition de base d’un téléphone, téléphoner, et envoyer des messages textes ou photos via le protocole SMS/MMS, voué lui aussi à être remplacé par le protocole RCS³.

Du minage des métaux rares servant à la fabrication de la batterie avec une capacité toujours plus importante, du processeur toujours plus puissant pour des usages qui n’en demandent pas tant, de l’écran toujours plus grand « parce que c’est joli », voire même toujours plus fragile avec ses évolutions qui en deviennent démesurées, sans parler du fait qu’il est fabriqué, exporté aux quatre coins de la planète, l’empreinte carbone du téléphone avant même qu’il ait servi est déjà très importante.

2. Irradiation : Désigne l’exposition, volontaire ou accidentelle, d’un organisme, d’une substance, d’un corps, à des rayonnements.
Rappel : Pour toutes les ondes radio quelles qu’elles soient, seule une cage de Faraday empêche la propagation des ondes (dont les ondes radio) extérieures à la cage, et l’efficacité des nombreux produits comme le patch, les boîtiers et autres objets dits “anti-ondes” vendus parfois très chers, n’a pas été prouvée scientifiquement ; leur effet est souvent placebo.

3. RCS : Rich Communication Services. Ce protocole remplacera les SMS (1992) et MMS (2002) d’ici quelques années.
Cette évolution du SMS/MMS nous permettra d’avoir des conversations de groupe, d’envoyer des photos, vidéos en haute résolution ou même des fichiers, faire des appels vidéo (…), en soit tout ce que l’on peut faire sur une messagerie de réseau social aujourd’hui, tout cela dans la messagerie traditionnelle de votre portable. (J’ai un peu la flemme d’en faire un article…). Elle est disponible dès maintenant grâce à l’appli « Messages » de Google. Eh oui il faudra passer par Google pour profiter du nouveau protocole RCS (du moins pour le moment)

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