Un prix Nobel de la médecine presque… Tunisien.

Ahmed Mestiri
Le Journal

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Marwa Masmoudi

Nombreux sont les médecins qui franchissent chaque année les paliers de l’institut de Pasteur de Tunis ignorant qu’au-delà des petits couloirs et des salles de laboratoires du bâtiment et quelque part dans le jardin, repose paisiblement un valeureux monsieur dans sa tombe. Sur la tombe, deux rameaux entrelacés, pommier et olivier — symboles de la Normandie sa terre natale, et la Tunisie mère qui l’a adopté. Seul “Tunisien”, comme il aimait se présenter lui-même, à avoir reçu un prix Nobel en médecine, Dr. Charles Nicolle a dirigé pendant plus de 30 ans l’institut Pasteur de Tunis.

Posant devant une porte cloutée de l’institut, revêtu de sa blouse blanche, débarrassé de son inséparable chapeau feutre et en position légèrement décontractée, il est ici maître des lieux.

Né et formé en France, il a décidé de se consacrer à la dermatologie et la syphiligraphie. Malheureusement, son ouïe a commencé à baisser précocement. Devenu alors incapable de pratiquer la moindre auscultation, il a été obligé de se limiter à des manipulations en laboratoire.

Plus tard, Il a pris la direction de l’institut Pasteur de Tunis en 1903, qu’il a dirigé jusqu’à sa mort. Menant des recherches sur diverses maladies infectieuses dont le Typhus et la Brucellose, Nicolle a trouvé à Tunis beaucoup de maladies africaines peu connues en Europe. Personnage innovateur et contemplatif, il a mené une double carrière de savant et de romancier.

Hopital Sadiki, aujourd’hui, Aziza Othmana.

Lors de l’épidémie de Typhus exanthématique qui a sévi à Tunis, Nicolle et son équipe ont noté qu’à l’hôpital le personnel n’a jamais contracté le typhus, à l’exception de ceux qui avaient comme mission de recevoir les malades et de changer leurs vêtements. En effet, l’hôpital Sadiki, ancienne caserne, avait un bain maure, le malade y était rasé et débarrassé de ses poux, il n’était plus contagieux. À partir de cette constatation, l’équipe a conclu que, le pou étant vecteur de la maladie, des actes simples d’hygiène suffisent à assurer la prophylaxie du fléau et sauver des vies.

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Ahmed Mestiri
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Medical student & occasional blog writer. I write about anything and nothing. I scribble in 3 languages, developing skills to write in another three.