HackEdu #7 : “le goût d’apprendre”, retour sur le débat de la Soirée Inspiration

Le Lab de l'Education
Le Lab de L’Education
5 min readJul 9, 2018

Les vendredi 8 et samedi 9 juin 2018 s’est déroulée la 7ème édition du HackEdu ! Le Lab de l’éducation vous invite à revenir sur l’événement en vous remémorant les moments forts de la “Soirée Inspiration”.

L’équipe du Lab de l’éducation qui vous concocte le meilleur des déjeuners (voyez cette superbe tarte, en bas à droite ?).

Comment aborder la question du goût d’apprendre lorsque le goût lui-même offre de larges interprétations sémantiques ?

Le goût, c’est instinctivement et primitivement le “palais”. C’est le sens qui capte les sensations qui elles-mêmes provoquent les émotions. Le goût, et surtout le goût d’apprendre, c’est aussi l’intérêt. S’ajoute à cela, le bon “goût”, qui désigne la sensibilité d’une personne à choisir, à faire des choses considérées comme positives, distinguées. Le goût est potentiellement gustatif puis esthétique alors en quoi est-ce une affaire d’éducation ?

Afin de nous immerger plus profondément dans ce sujet, faisons un détour par l’édition HackEdu #7 inaugurée par la “Soirée inspiration” du vendredi 8 juin 2018. Durant ce premier temps de l’événement, nous avons eu le plaisir d’accueillir Rebecca BAUER, Bastien BEAUFORT et Julia CSERGO dans le bel espace de coworking “Volumes” (19ème, Paris). Respectivement bénévole engagée, militant et historienne, nos intervenants ont su expliquer leur interprétation du goût d’apprendre.

“Soirée Inspiration”, vendredi 8 au soir à Volumes (18ème).

Pour en revenir au mot même du “goût” et décortiquer ce qu’il nous inspire, Rebecca BAUER soutient que le goût d’apprendre passe par l’apprentissage du goût lui-même.

Pour Rebecca, le goût se rattache fondamentalement à son aspect sensoriel. Lorsque nos capacités d’apprentissage sont amoindries par des handicaps tels que l’analphabétisme ou la surdité, comment généraliser l’enseignement du goût ? Comment rendre lisible des textes à des personnes qui ne saurait déchiffrer les mots ? Par des images par exemple, qu’on accumulerait en recettes qu’on combinerait en livre. Rebecca BAUER édite ainsi avec Adeline RICHEZ le livre de recettes “La cuisine pour tous” à destination de… tous.

Puis, ne serait-il pas intéressant de définir une éthique du goût ? Le goût de tout et surtout de n’importe quoi étant-il systématiquement bon ? Bastien BEAUFORT affirme que non, que bien au contraire, le goût est d’abord une affaire de qualité.

Le goût passe par ce que nous mangeons et pour ce que nous mangeons pour que ce que nous mangeons soit bénéfique tant pour le producteur que pour le consommateur, encore faut qu’il remplisse les critères BON — PROPRE — JUSTE.

Le goût est bon s’il a bon goût, le goût est propre s’il ne produit pas de déchets dangereux et le goût est juste lorsqu’il est acheté au juste prix. Le goût, pour Bastien BEAUFORT est au cœur du projet militant Slow Food qui prône sa nécessité mais également sa qualité et son équité.

Journée HackEdu , samedi 9 à Volumes (18ème).

Le goût enfin, est également une histoire de plaisir… quoique le plaisir ait son double tranchant. Il est important de prendre plaisir à manger, prendre plaisir au goût mais l’excès de plaisir au goût peut facilement s’avérer catastrophique, voire fatal.

Julia CSERGO ouvre son argumentaire par cette idée choc : “le gros problème de l’alimentation, c’est le goût justement, on prend plaisir à manger… et ce plaisir est d’autant plus grand quand les aliments sont sucrés et/ou gras…” .

Ainsi, elle explique à travers son regard d’historienne comment les industriels ont pu utiliser le goût comme moyen, en exacerbant ses qualités sucrées et grasses, pour envoûter les palais. Dépendants, nos cerveaux réclament plus de cette nourriture dont ils sont devenus “addicts”. Avec une éducation insuffisante, les populations les plus excessivement exposées aux dérives du goût sont celles les plus touchées par des conditions telles que l’obésité ou par des maladies telles que “la maladie du soda”.

Les plaisirs à peu de frais ont raison de la santé publique.

Julia CSERGO propose toutefois de dépasser la question du blâme bien qu’il soit nécessaire qu’elle soit emparée par la justice en relativisant la faute des consommateurs et en questionnant la responsabilité des industriels. Ainsi, l’historienne clôture le débat avec cette interrogation finale : comment remettre au cœur de l’éducation le goût des bonnes choses ?

Nous pouvons reprendre la fibre militante inspirée par Bastien BEAUFORT pour construire notre responsabilité individuelle. Il existe plusieurs moyens de la mettre en place en faisant attention aux garanties officielles comme le Label Rouge ou Max Havelaar qui vous indiqueront la qualité et l’équité d’un produit. Notre engagement peut également se faire en sympathisant avec des mouvements comme celui représenté par Bastien BEAUFORT : Slow Food. Ce dernier vous invitera à également venir jeter un coup d’oeil à l’événement Disco Soupe où vous apprendrez à cuisiner les invendus tout en partageant votre création.

Il est également nécessaire de voir comment les industries pourraient initier les bonnes pratiques alimentaires en proposant des produits bons, propres et justes. Les producteurs doivent également pouvoir prétendre à une rémunération financière à la hauteur de heures qu’ils investissent dans la production de nos denrées. Les entreprises que les leur achètent ne doivent plus penser en termes de profits purs mais intégrer dans leur calcul la prévention de la précarité de ce métier aujourd’hui difficile.

Enfin, il est de la responsabilité de l’état de voir dans le goût une affaire de santé publique.

Des meilleures lois peuvent être passées en faveur du bien-manger des consommateurs.

Le Ministère en charge de l’Agriculture et de l’Alimentation a d’ores et déjà lancé l’initiative “éducation alimentaire de la jeunesse” du Programme National pour l’Alimentation (PNA) dont la pérennité dépendra de sa fréquentation. Pensez à y envoyer vos enfants ! Enfin, parce que nous parlons éducation, ne serait-il pas intéressant pour tout à chacun de s’interroger sur le contenu de nos assiettes finalement politiques ? Mais rappelons-nous toutefois que même si apprendre à manger, c’est apprendre à gérer le plaisir, cette recommandation de Julia CSERGO peut être accompagnée cette citation de Jean Anthelme Brillat-Savarin, avocat et magistrat de profession et gastronome par vocation :

“La découverte d’un mets nouveau fait plus pour le bonheur du genre humain que la découverte d’une étoile.”

Les trois équipes et ses membres sur-motivés pour résoudre les problèmes de l’éducation !

A très bientôt pour l’édition HackEdu #8 en novembre 2018 pour réfléchir sur le sujet du “Campus du futur”. Rendez-vous le week-end du 9–10 novembre 2018 !#SaveTheDate 📌📅

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