[La sélection du Lab] Mieux partager l’énergie grâce aux données !

Charles Waubant
Le Lab OuiShare x Chronos
4 min readMar 10, 2017
Photo : rapport Mighty Microgrids de l’ILSR

De plus en plus de données sont désormais accessibles et générées dans le domaine de la production d’énergie. Comment peuvent-elles être mobilisées pour maîtriser notre consommation, partager notre production et être efficacement réutilisées par tous ?

Mesurer pour moins consommer

L’utilisation de données pour réduire notre consommation se limite souvent au rapide diagnostic initial de notre fournisseur d’énergie, fondé sur la surface de notre habitation, et notre mode de chauffage… Le compteur intelligent Linky d’Enedis a pour argumentaire de vente principal “la facturation au plus juste”, alors que le pilotage de la consommation par un fournisseur de service tiers reste laborieux .

Néanmoins, d’autres acteurs développent des services axés sur l’utilisation des données pour réduire nos consommations.

Dans le domaine du monitoring, impossible d’échapper à NEST, la filiale domotique d’Alphabet (maison-mère de Google). Celle-ci propose de nombreuses façons d’équiper nos habitations (thermostat intelligent, détecteur de présence,…) afin d’optimiser automatiquement notre consommation d’énergie et notre confort.

Notre maison est désormais sous contrôle, mais qui contrôle nos datas ?

Afin de générer une prise de conscience de notre consommation énergétique tout en restant maître de nos données, les gallois d’OpenEnergyMonitor, proposent le même type de monitoring, avec un modèle complètement Open Source. Une solution s’adressant tout de même à un public engagé… et averti !

La solution d’Open Energy Monitor

Plus orientés B2B, des acteurs comme la société américaine Tendril développent des applications afin d’analyser nos comportements, évaluer la performance énergétique de nos habitations et nous proposer des conseils personnalisés. Tendril commercialise son application en marque blanche auprès des fournisseurs d’énergie, tel Engie qui vient d’investir 7,2 millions de dollars dans l’entreprise. Les franco-marocains d’Elum Energy proposent aux complexes industriels ou tertiaires leur logiciel Energy OS. Cette solution d’analyse prédictive leur permet d’arbitrer au mieux entre leurs différentes sources d’énergie : réseau électrique, stockage stationnaire, production locale (solaire, éolien,thermique), et réduire ainsi leurs coûts de manière significative.

Partager l’énergie entre particuliers

L’évolution des technologies de l’information et des méthodes de transaction ouvre désormais la voie à des échanges fiables d’énergie de particuliers à particuliers. Soutenu par l’état de New York, le réseau d’énergie local (microgrid) de Brooklyn TransActive Grid utilise la technologie BlockChain pour la revente entre particuliers, sans intermédiaires, d’énergie solaire produite localement.

Sur un modèle coopératif, la société néerlandaise Qurrent relie chaque membre via une box afin de créer un réseau de production et de partage d’énergie renouvelable. Chaque coopérateur — consommateur comme producteur — participe aux décisions et investissements, notamment pour le développement d’un parc éolien et solaire. L’ensemble de l’énergie consommée est couverte par une production d’énergies renouvelables.

Windpower Sculpture by Mr.TinDC

Au Bangladesh, SOLshare (lire notre article détaillé) permet de la même manière un partage P2P de l’énergie solaire à l’échelle locale. Au-delà des aspects économiques et financiers, cette heureuse initiative permet tout simplement d’approvisionner des foyers pas ou peu desservis par le réseau classique, en proie à de fréquentes coupures.

Mieux maîtriser nos données

De l’ouverture de ces données énergétiques, ainsi que de la multiplication de toute ces initiatives naissent donc une très grande quantité d’informations, dont l’exploitation n’est pas à la portée financière et technique de tous. Afin d’éviter de crouler sous des modèles de données trop importants et/ou peu utilisables, le projet académique Européen Open Power System Data (OPSD) développe une plateforme gratuite qui vérifie, traite, documente et publie les données sous un format exploitable facilement par ceux qui ont besoin de modéliser les réseaux électriques.

Du coté de l’initiative américaine SEED (Standard Energy Efficiency Data), on entend faciliter la mise en place de projets visant à améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments. Les acteurs (villes, États,…) ont alors à leur disposition une plateforme, développée par le ministère de l’énergie des États-Unis, qui leur permet de gérer efficacement et à moindre coût des nombreuses données d’origines multiples.

Tous ces cas illustrent les enjeux de la donnée pour la transition énergétique. Ils sont l’objet de l’exploration Datacités portée par Le Lab OuiShare x Chronos et ses partenaires.

Pour aller plus loin :

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