3 techniques de créativité pour trouver vos cadeaux de Noël

Jules Zimmermann
Le Labo des Idées
Published in
7 min readDec 15, 2017

Noël est là ! Si vous êtes adeptes des cadeaux sous le sapin, il est venu l’heure d’affronter un défi complexe : qu’allez-vous offrir, à qui ?

Les marchés de Noël envahissent les rues, les vitrines se parent de slogans publicitaires plus ou moins alléchants, les sites de e-commerces vous harcèlent de mails… Ce ne sont pas les options d’achat qui manquent ! Pourtant, choisir un cadeau n’est pas une mince affaire.

Car ce qu’il vous faut, c’est le parfait équilibre entre originalité et pertinence. Faute d’originalité, vous vous précipiterez dans les solutions évidentes et offrirez pour la 5ème fois d’affilée à votre cousin un livre qu’il ne lira jamais. Faute de pertinence vous aurez le droit à un moment gênant :
« Une roue de secours ? C’est sympa mais je n’ai pas de voiture… ».

Allier originalité et pertinence, c’est exactement le propos de la créativité. En psychologie cognitive on définit la créativité comme la capacité à réaliser une production à la fois nouvelle et adaptée au contexte. Il s’agit d’une compétence fondamentale qui nous permet d’explorer des possibilités inédites quand les solutions habituelles sont insuffisantes. Loin de la vision étroite qui réduirait la créativité au domaine artistique, la recherche des cadeaux de Noël est un parfait exemple des défis de créativité que l’on rencontre au quotidien.

“La créativité est la capacité à réaliser une production à la fois nouvelle et adaptée au contexte dans lequel elle se manifeste” Todd Lubart dans Psychologie de la Créativité

Je saisis alors cette occasion festive pour vous parler de 3 techniques fondamentales de créativité qui ajouteront peut être un peu de magie à votre réveillon, sans même avoir besoin de mentir aux enfants.

1 : Diverger

La base de la base de la créativité, c’est de multiplier les alternatives ; chercher un maximum de possibilités au-delà des solutions les plus évidentes. C’est ce que l’on appelle la pensée divergente : trouver de nombreuses réponses à partir d’un même point de départ. Elle s’oppose à la pensée convergente qui consiste à chercher la bonne réponse (c’est le raisonnement que l’on apprend à l’école). Du coup un bon début consiste simplement à lister 20 idées de cadeaux.

Faire une liste d’idées, c’est un bon début !

Comme notre pensée a une fâcheuse tendance à se précipiter en premier lieu vers les solutions les moins originales, les premières idées seront probablement peu satisfaisantes. Un coffret Dvd à la FNAC ? Une jolie chemise ?

À partir d’un moment, cela devrait devenir plus difficile. Mais accrochez-vous : la difficulté pourrait vous amener sur le chemin d’idées intéressantes.

Vos idées n’ont pas toutes besoin d’être bonnes. Le piège est d’évaluer négativement vos idées trop tôt. Une idée qui semble à première vue farfelue sera peut être un passage nécessaire qui vous inspirera finalement une idée très satisfaisante ! On parle alors d’un détour créatif.

Ce mode d’idéation libre que l’on vient de décrire est la base du brainstorming. Il permet de dépasser les premières idées et de s’ouvrir de nouvelles perspectives. Cependant, il est rarement suffisant pour produire une réelle originalité. C’est là qu’intervient une deuxième technique complémentaire à la divergence : la contrainte.

Commencez par tuer les idées les plus évidentes (crédits : Le Père Noël est une Ordure)

2 : Se donner des contraintes

Pour explorer un ensemble d’idées, on a toujours besoin de contraintes. Une explication possible est la limite de notre capacité de traitement de l’information : face à un ensemble de possibilités trop vaste, on ne parvient pas à s’en faire une vision globale et on ne sait pas « par quel bout le prendre ». C’est le phénomène de la page blanche.

Du coup, pour explorer, notre pensée se fixe spontanément des contraintes. Le problème c’est que ces contraintes sont souvent les plus habituelles et limitent notre originalité. C’est ce que l’on appelle un effet de fixation.

La technique de la contrainte répond à ce problème en nous invitant à redéfinir les contraintes que l’on se donne : on se défait de la contrainte spontanée et on la remplace par des contraintes plus inhabituelles. Chacune des contraintes que l’on se fixera (une par une) viendra nous challenger et nous obliger à explorer en dehors du cadre habituel.

« Parce que la forme est contraignante, l’idée jaillit plus intense ! » Charles Baudelaire, à propos du sonnet

Vous pouvez par exemple vous donner les contraintes suivantes :

  • Un cadeau qui ne servira qu’à un moment précis de la journée
  • Un cadeau qui fera rire
  • Un cadeau qui tient dans la poche
  • Un cadeau qui ne s’achète pas n’importe où
  • Un cadeau qui plaira à ma mère mais pas à mon père (ou l’inverse)
  • etc.

Pour chacune des contraintes que vous déciderez de vous donner successivement, je vous propose de chercher 5 idées (ou plus si cela vous paraît facile).

La contrainte nous oblige à emprunter des chemins inhabituels

Par exemple, avec la contrainte « un cadeau qui ne s’achète pas n’importe où » vous pourriez penser à : quelque chose de fait main, un produit régional, un produit acheté chez un artisan de votre quartier, un souvenir d’un pays étranger, un objet acheté dans une brocante…

Avec cette technique vous devriez commencer à voir apparaître des éléments intéressants. Mais il y a encore un biais ! Comme vous choisissez vous-même les contraintes, vous vous privez peut être encore de chemins possibles sans vous en rendre compte. Heureusement, vous pouvez vous servir du hasard !

3. Se servir du hasard

L’utilisation de stimulations aléatoires est une forme de contrainte poussée à l’extrême. Comme on l’a vu, se focaliser sur un aspect précis et inhabituel est une excellente façon d’identifier de nouvelles pistes à explorer. Le problème c’est que si notre pensée a tendance à systématiquement nous ramener vers le plus habituel, il est difficile de choisir un point de départ réellement original. C’est là que le hasard intervient !

Mais le hasard, c’est quoi ? On peut le définir comme tout processus dont les conséquences sont totalement indépendantes de nos actions ou des informations dont nous avons connaissance. Dit simplement : on ne peut pas prédire le résultat. Qui dit pas de prédiction possible dit inattendu maximal.

Concrètement, la technique de la stimulation aléatoire consiste à partir d’un élément totalement aléatoire (par exemple un mot pris dans un livre, ou une image prise dans un magazine) et se forcer à le rattacher à notre problème de départ. Parfois les éléments semblent totalement impossibles à relier, mais c’est justement là que c’est le plus intéressant. En vous forçant à créer une connexion que vous n’auriez pas faite spontanément, vous serez amenés à considérer d’autres dimensions du problème.

Par exemple : en quoi le mot « embouteillage » pourrait vous inspirer un cadeau pour vos parents ? Peut être que cela vous fera penser aux encombrements, puis aux épices qui s’accumulent autour des plaques de cuisson dans la cuisine parentale, et enfin à leur offrir un meuble à épices.

L’utilisation du hasard n’est pas évidente la première fois, mais c’est à terme une technique très puissante et inépuisable !

As-tu été sage cette année ? Les idées ne viennent pas sans efforts

Pour conclure j’aimerais vous parler de la notion d’effort en créativité. Contrairement à l’image populaire d’une créativité joyeuse et facile, la persévérance est une nécessité absolue en créativité. Ainsi, aucune des trois techniques de créativité dont nous avons parlé ne fonctionnera sans que vous ne persistiez au-delà des premiers blocages. De plus, elles nécessiteront de la pratique pour que vous maîtrisiez ces modes de pensée.

Les articles de blog ou les livres sur le sujet ont une fâcheuse tendance à se focaliser sur un petit élément de la créativité et à le présenter comme une solution miracle. Je suis personnellement convaincu que si on veut traiter sérieusement la question de la créativité, il est nécessaire de dépasser ces mythes et d’en parler dans toute sa complexité. C’est pourquoi, derrière chacun de ces principes, j’ai cherché à vous expliquer les fondamentaux théoriques en jeu.

Voilà, ce sera le dernier article du Labo des Idées cette année. L’année prochaine, je vous parlerai des techniques pour trouver un cadeau d’anniversaire… C’est une toute autre histoire !

À propos de l’auteur : Je m’appelle Jules Zimmermann, et je suis formateur, conférencier et enseignant en créativité. Initialement diplômé de sciences cognitives à l’ENS, mon travail est aujourd’hui de croiser sciences et méthodes pour penser un véritable enseignement de la créativité. J’interviens dans des lieux d’innovation comme thecamp, dans des universités comme la Sorbonne, ou encore directement pour des organisations.

À propos de ce blog : Cet article fait partie du “Le Labo des Idées”, dédié à une prise de hauteur scientifique et méthodologique sur la créativité. Dans ce blog, je partage avec vous mes réflexions et pérégrinations sur le sujet, alimentées à la fois par mes lectures et par mes expériences en tant qu’intervenant.

Si cet article vous a plu, n’hésitez pas à le partager :) Ça me fera un joli cadeau de Noël !

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Jules Zimmermann
Le Labo des Idées

Je parle et j’écris sur le processus créatif, la gestion des connaissances et les méthodes de travail. Je fais aussi du game design.