“La Low-tech challenge l’approche des entreprises en matière d’innovation”
Nous avons rencontré Caroline Ailleret, Consultante en charge de la prospective chez Boomer, cabinet de conseil en management de l’innovation, qui s’est intéressé à la place de la Low-tech dans les entreprises.
Ensemble, nous avons échangé sur les perspectives de développement de la low-tech dans nos sociétés et sur la façon dont les entreprises pourraient intégrer davantage ce mode de réflexion dans leur stratégie d’innovation.
Quelles sont les grandes caractéristiques de la Low-tech ?
Caroline Ailleret : la Low-tech repose sur une approche d’innovation frugale, à savoir comment faire mieux avec moins. Cette philosophie nous incite à faire appel à notre ingéniosité pour trouver des solutions à partir de ce que l’on a déjà à disposition, sans ressources additionnelles.
C’est tout l’objectif de la Low-tech, qui permet de subvenir à des besoins quotidiens essentiels, sans avoir recours à des technologies chères et complexes. Elle répond en ce sens à des enjeux d’accessibilité et de durabilité.
L’accessibilité tout d’abord, car le faible coût des Low -tech et leur simplicité d’usage les rendent accessibles au plus grand nombre. Chacun doit pouvoir réparer un produit issu de la Low-tech au lieu de devoir le racheter lorsqu’il est défaillant.
Cela permet de répondre à un second enjeu qui est celui de la durabilité , puisque la Low-tech lutte contre l’obsolescence programmée pour favoriser la durée de vie des produits, tout en ayant à coeur de préserver la durabilité des ressources.
La Low-tech semble majoritairement se traduire par une multitude d’initiatives locales dans les pays en voie de développement. Peut-elle trouver sa place dans nos sociétés occidentales modernes ?
Le développement de la Low-tech est certes aujourd’hui plus fort dans les pays en voie de développement. Mais sa philosophie n’est pas contradictoire avec le mode de vies des sociétés occidentales. Bien au contraire, elle a toute sa place au regard des enjeux économiques, sociaux et environnementaux auxquels nous faisons tous face.
C’est d’ailleurs en cela que la Low-tech est intéressante : pour s’approprier une Low-tech, il faut l’adapter en fonction de ses propres ressources. Ça demande donc de faire à nouveau preuve d’ingéniosité ! Cela crée un cercle ultra vertueux en termes d’innovation.
Il suffit de prendre le secteur des transports ou du logement, avec des entreprises comme BlaBlaCar ou AirBnB qui se développent autour de l’économie du partage et qui témoignent de la légitimité de l’innovation frugale dans nos sociétés occidentales
Mais attention, il ne s’agit pas d’opposer la Low-tech avec le High Tech. Il faut faire co-exister ces modèles. La Low-tech se focalise sur des besoins primaires, elle n’interdit pas l’accès des nouvelles technologies dans notre quotidien.
Comment les entreprises peuvent-elles exploiter la Low-tech dans leur stratégie d’innovation?
La Low-tech ne doit pas être considérée comme un frein ou une contrainte. Les entreprises doivent appréhender la Low-tech comme une manière de challenger leurs réflexions traditionnelles en matière d’innovation, de développer leur ingéniosité, au lieu d’investir massivement en R&D.
Une des grandes caractéristiques de la Low-tech est de reposer sur l’intelligence collective, où les notions de partage, de collaboratif et d’open source sont centrales. Elles doivent ainsi s’appuyer davantage sur les capacités d’innovation de leurs salariés.
C’est pourquoi, chez Boomer, nous accompagnons les entreprises dans la mise en place d’un écosystème qui permette aux salariés d’être moteurs en innovation.
Les solutions Low-tech sont souvent issues d’échanges et de confrontation des cultures. L’esprit collaboratif de la Low-tech fait donc écho à des valeurs partagées par la société.