Marco Casa et Giovanni Gugg, fondateurs de Radio Nizza, informent les italiens de la Côte d’Azur

Laura Pironnet
Le MAS Nice-Matin
Published in
6 min readMay 21, 2019
Giovanni Gugg et Marco Casa, les fondateurs de Radio Nizza, à destination des italiens de la Côte d’Azur

Marco Casa, journaliste, et Giovanni Gugg, anthropologue, sont tous les deux italiens et amoureux de la ville de Nice. Ils ont créé Radio Nizza, des podcasts en italien à destination des italiens habitants ou de passage sur la Côte d’Azur ; des formats courts avec des informations utiles sur le territoire. On estime qu’aujourd’hui, les italiens sont 40 000 à y vivre ! Cette semaine, Marco Casa et Giovanni Gugg nous expliquent leurs ambitions avec Radio Nizza.

Radio Nizza organise une rencontre le mardi 21 mai à 18h au MAS Nice-Matin ouverte à tous les italiens et amoureux du pays de la Côte d’Azur. Rencontre avec Luisa Delpiano, Virginia D’Auria et Marco Vezzoso. Pour s’inscrire : info@radionizza.it

Votre parcours :

Marco Casa : “Je suis journaliste et je travaille pour une radio milanaise depuis 2001. J’ai également travaillé en presse écrite, et j’ai écrit sur les secteurs de la culture, de l’art, du cinéma et des loisirs. Mais je ne me destinais pas à évoluer dans le journalisme ! A l’origine, j’ai fait des études de biologie, avant de m’orienter vers une école de cinéma à Turin, en écriture de scénario. Ensuite, j’ai étudié le théâtre, ce qui m’a permis de travaillé pour des musées et dans le doublage. Depuis que j’ai commencé dans la radio, c’est devenue une vraie passion : j’ai fais des émissions régionales, nationales, etc. J’ai même travaillé pour les Jeux Olympiques de Turin.”

Giovanni Gugg : “Je suis anthropologue. J’ai un doctorat en anthropologie culturelle, obtenu à l’Université de Naples, sur un sujet entre urbanisme et risques naturels. J’ai surtout étudié la perception du risque autour du Vésuve. Aujourd’hui, j’enseigne à l’Université de Naples un cours d’anthropologie urbaine. Je vis à Nice, mais la moitié de l’année, je suis à Naples pour enseigner — comme en ce moment ! J’ai donc plutôt un parcours de recherches universitaires. Mais j’ai également travaillé pour des expositions dans des musées, j’ai créé des produits multimédias pour un musée archéologique. J’ai aussi réalisé des documentaires vidéos, toujours sur des sujets anthropologiques.”

3 mots pour vous définir :

Marco Casa : “Humble, rêveur, résilient”

Giovanni Gugg : “Curieux — car j’ai des réflexes de chercheur, je cherche toujours à savoir “Pourquoi ?”. Ensuite, je dirais pluriel, ouvert : ce sont mes choix personnels et de vie, je peux dire que je suis multiethnique avec un père allemand et des filles françaises. Le troisième mot pour me définir serait “volcanique” ! C’est mon sujet de recherche, mes origines, et aussi un esprit de création — et non de destruction !”

Votre devise :

Marco Casa : “Un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas” (Lao Tzu)

Giovanni Gugg : “Vivre une seule vie, dans une seule ville, dans un seul pays, dans un seul univers, dans un seul monde, c’est une prison. […] Connaître une seule langue, un seul métier, une seule coutume, une seule civilisation, c’est connaître une seule logique, c’est une prison. Avoir un seul corps, une seule pensée, un seul savoir, une seule essence, n’avoir qu’un être, c’est une prison.” (Yogo Ngana Ndjock)

Petits, vous vouliez faire quoi ?

Giovanni Gugg : “Je voulais être journaliste et écrire. Aujourd’hui, je ne suis pas encore devenu journaliste mais j’écris pour des raisons académiques et de communication. Je crois à une anthropologie engagée, utile à la population, et pas seulement aux intellectuels. C’est ma préoccupation de communiquer. J’écris beaucoup tous les jours, sur des sites web spécialisés.”

Marco Casa : “Je voulais travailler pour la radio ou être conducteur de train !”

Ce que vous voulez changer avec Radio Nizza ?

Marco Casa : “J’aimerais que Radio Nizza devienne le point de référence en matière d’information locale pour les Italiens de la Côte d’Azur et participe activement à la croissance du site. Les Italiens à l’étranger sont aussi très divisés et la langue italienne peut être une colle culturelle très forte.”

Giovanni Gugg : “Je ne sais pas si “changer” est le bon terme ; je voudrais créer un “lieu de rencontre” : pour l’instant audio et web, mais dans le futur peut-être aussi concret avec des occasion de rencontre et d’échange. Et je pense que cet endroit peut être triple : 1) un lieu pour les touristes italiens sur la Côte d’Azur, qui avec notre podcast peuvent connaître plus facilement l’actualité de cette région et les services qui peuvent leur être utiles ; 2) un lieu pour les francophones qui aiment l’Italie et la langue italienne, afin de connaître les sons, les expressions typiques et les autres traits culturels qui unissent ou distinguent nos deux pays ; 3) un lieu pour les immigrés italiens dans la région PACA, qui sont heureux avec leur vie améliorée, dont ils sont reconnaissant à la France, mais en même temps ont une mémoire de leurs origines et les considèrent une richesse à préserver.”

La dernière fois que vous avez osé et que ça a payé ?

Giovanni Gugg : “C’est un sentiment que je ressens souvent, parce que je suis toujours et encore surpris : comme par exemple lorsque j’ai proposé une collaboration à une importante revue géopolitique italienne ou lorsque j’ai proposé ma candidature pour le cours d’anthropologie urbaine que je tiens depuis 4 ans à l’Université de Naples.”

Marco Casa : “A l’âge de 26 ans, après avoir obtenu mon diplôme en biologie et après avoir accroché le diplôme en parchemin dans le salon de mes parents, j’ai fait le choix de commencer à travailler dans le monde du cinéma, du théâtre et de la radio. J’ai fait de petites choses à chaque fois, lentement, mais j’ai réussi à gagner de quoi vivre. Et j’ai toujours continué à étudier pour m’améliorer.”

Les personnes qui vont inspirent ?

Giovanni Gugg : “Il y en a beaucoup ; ce sont les auteurs des livres que j’ai étudiés, qui m’ont fait aimer ma discipline ; ce sont des professeurs que j’ai eu la chance de rencontrer dans ma carrière scolaire, universitaire et professionnelle ; ce sont des personnes que j’ai interviewées pour mon travail, en particulier des agriculteurs âgés très sages ; ce sont des militants sociaux qui ne renoncent jamais. Pour n’en citer que quelques-uns, je pense à Alexander Langer, pacifiste et écologiste, qui, il y a 30 ans, travaillait déjà pour une conversion écologique et pour surmonter les divisions ethniques en Europe et ailleurs. Ou je pense à Margaret Mead, l’une des principales anthropologues, qui disait : “Ne doutez jamais qu’un petit groupe de personnes peuvent changer le monde. En fait, c’est toujours ainsi que le monde a changé”.”

Marco Casa : “Je pense à Don Bosco : il croyait en son rêve, il collectait des fonds pour créer des ateliers et des écoles, il transmettait des connaissances par le théâtre. Un “startupper des médias” né en 1815 !

Ce que vous aimez par dessus tout dans votre travail ?

Marco Casa : “J’aime raconter des histoires peu connues. Je suis heureux quand l’auditeur apprend quelque chose de nouveau grâce à mes podcasts. Je suis toujours le premier à apprendre quelque chose de nouveau lorsque je fais une interview !”

Giovanni Gugg : “En recherche anthropologique, j’aime avoir l’occasion de rencontrer et d’écouter des personnes qui sont très différentes de moi. Dans l’enseignement, j’aime la possibilité de dialoguer avec d’autres générations que la mienne. Et dans la communication, à différents niveaux, j’aime la possibilité de dire ce que j’observe et ce que je ressens.”

Le meilleur conseil que l’on vous ait donné ?

Giovanni Gugg : “Je ne sais pas s’il y a un conseil précis. En ce moment, je ne peux penser qu’à l’éducation reçue de mes parents : le soutien mutuel et la confiance entre nous, l’esprit de collaboration et la satisfaction partagée. C’est ce que j’essaye de faire dans mon travail professionnel et c’est ce que je voudrais transmettre à mes filles.”

Marco Casa : “On m’a toujours conseillé d’avoir des rêves ambitieux mais de procédé étape par étape, avec prudence. Ici, au MAS, j’ai plutôt appris l’importance d’avancer en équipe avec des collègues, et de nouer des liens avec le monde qui nous entoure.”

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