#Paroles d’entrepreneurs. Clara Baglione et Houda Behidji, fondatrices de Bee Shary

Laura Pironnet
Le MAS Nice-Matin
Published in
6 min readMar 19, 2019
Clara Baglione (à gauche) et Houda Behidji (à droite), les fondatrices de Bee Shary, incubé au MAS Nice-Matin

Chaque semaine, nous donnons la parole aux entrepreneurs du MAS Nice-Matin : qui sont-ils ? quelles ambitions ont-ils ? Clara Baglione et Houda Behidji, les fondatrices de Bee Shary sont les premières à répondre à nos questions.

Votre parcours ?

Clara Baglione : “Nous nous sommes rencontrées à l’EDHEC Nice. Houda a fait une spécialisation en marketing et communication. Pour ma part, j’ai fait une spécialisation en finance de marché avant de me rendre compte que je ne voulais pas faire ça et de m’orienter vers un Master Entrepreneuriat à l’EM Lyon, où j’ai mûri l’idée de Bee Shary. L’idée est réellement née entre ces deux cursus, lors d’une expérience au Bangladesh où j’ai fait de la micro-finance. J’ai découvert le pays au travers de mes rencontres avec ces artisans-producteurs, j’ai voulu re-créer ensuite cette expérience en France.”

Houda Behidji : “Pour ma part, après mes études, j’ai directement travaillé : je m’occupais de la relation clients à la Société Monégasque des Services de Télécommunications. C’est en retrouvant Clara après son cursus à l’EM Lyon qu’elle m’a parlé du projet qu’elle ambitionnait de lancer. A ce moment-là, je voulais changer de travail et me lancer à mon tour. Il a suffit que Clara me montre ses premières avancées pour que je prenne la décision de la rejoindre dans l’aventure. Nous avons commencé par une opération de crowdfunding à l’automne 2015 où nous avons réussi à lever 20 000 euros, ce qui a nous a permis de démarrer et concrétiser l’idée.

3 mots pour vous définir

Passionnées, ambitieuses et persévérantes.

Vos devises

“Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait”, Marc Twain

“Si tu veux construire un bateau, ne rassemble pas tes hommes et femmes pour leur donner des ordres, leur expliquer chaque détail, pour leur dire où trouver quelque chose. Si tu veux construire un bateau, fais naître dans le cœur de tes hommes et femmes le désir de la mer”, Victor Hugo

Petites, vous vouliez être ?

Houda Behidji : “Je voulais devenir médecin. Mais les dix années d’étude m’ont vite découragées !”

Clara Baglione : “Et moi, astrophysicienne. J’ai fais une croix dessus lorsque j’ai dû choisir entre mathématiques et sciences économiques au lycée !”

Ce que vous voulez changer avec Bee Shary

Houda Behidji : “Pour ma part, j’aimerais rappeler à l’humain l’origine de toutes choses et le ramener à sa nature qu’est la terre. J’aimerais faire (re)naître dans le cœur de chacun cette envie des bonnes choses, du terroir et aller vers un mieux vivre.”

Clara Baglione : “Bien évidemment, je partage ce qu’a dit Houda. Ma motivation est également d’aller rencontrer les artisans-producteurs et de découvrir les savoirs-faire, français ou étrangers. D’être le pont entre ce que nous sommes nous et ces personnes qui façonnent leur culture et leur territoire. Aujourd’hui, on oeuvre sur le territoire français mais nous avons l’ambition d’aller à l’international,à la rencontre de personnes qui sont parfois dans des zones reculées et qui ont du mal à se faire connaître, malgré leur savoir-faire particulier. Nous voulons leur apporter cette possibilité économique de vendre leurs produits grâce à notre réseau.”

Un exemple d’un artisan que vous avez aidé ?

Clara Baglione : “Cette semaine justement ! Nous sommes en train de changer le modèle de souscription pour les artisans, à qui nous demandons désormais un abonnement mensuel de 9,50 euros par mois, pour vendre leurs produits sur Bee Shary. Au départ, l’accès était gratuit pour nos artisans-producteurs, nous faisions même parfois les démarches pour eux, pour commencer à constituer notre vivier. Maintenant, ce sont à eux d’être pro-actifs, de prendre l’abonnement et de faire la mise à jour de leurs produits sur Bee Shary. On s’est rendu compte que c’était parfois compliqué pour nos producteurs : parmi eux, il y en a un, en fin de carrière, qui nous a sollicité car pour lui, naviguer sur le web n’est pas toujours éviednt. Je lui ai alors envoyé la démarche à suivre avec des captures d’écran et des flèches indiquant les endroits où cliquer. Il m’a rappellé en me disant que ça ne marchait toujours pas et j’ai alors compris qu’il cliquait sur les captures d’écran et que forcément… rien ne se passait ! Je l’ai donc accompagné dans toute la démarche. Là, on voit l’impact concret de Bee Shary car il s’agissait de son premier achat en ligne. On sentait dans sa voix qu’il était vraiment heureux d’avoir fait cela presque seul.”

Houda Behidji : “C’est ça aussi Bee Shary : c’est la transition numérique pour les personnes qui ne sont pas nées dedans et nées avec. On se dit aussi que cela peut aller plus loin : dans des pays où les artisans où juste besoin de mettre en ligne leurs produits pour en vendre davantage.”

La dernière fois que vous avez osé et que ça a payé

Clara Baglione : “Tout le temps ! C’est dans notre caractère d’ouvrir toutes les portes, c’est aussi pour cela que nous sommes là aujourd’hui. Il faut savoir qu’il y a huit mois, en septembre 2018, nous étions prêtes à mettre la clé sous la porte.”

Houda Behidji : “On s’est dit que ça n’allait pas se passer comme ça : il fallait trouver des solutions pour gagner de l’argent et continuer à faire naviguer le bateau. On s’est dit qu’on avait des centaines de beaux et bons produits, de qualité, faits avec cœur… et que nous pouvions également les vendre en coffrets, pour les comités d’entreprise. Pendant deux mois, on s’est donnée à fond pour développer l’idée des coffrets : création de l’offre, prospection téléphonique et par email, livraisons, etc. Au final, six comités d’entreprise nous ont fait confiance, parmi eux ceux de MMA, de Iris Pharma et RandStad. Au total, nous avons vendu 500 coffrets. Nous continuons sur cette lancée.”

Les personnes qui vous inspirent

Houda Behidji : “Il y a Simone de Beauvoir que l’on admire énormément.”

Clara Baglione : “Il y a aussi des entrepreneurs sociaux comme Muhammad Yunus, prix Nobel de la paix qui a contribué à faire prospérer la micro-finance. On pense aussi à Rodrigo Baggio, un entrepreneur social du Brésil et à Tony Meloto, philippin.”

Ce que vous aimez par dessus tout dans votre travail

Houda Behidji : “Tout ! On se l’est créé sur-mesure, avec nos bonnes pratiques, nos valeurs, nos engagements. On prend plaisir à se lever le matin.”

Clara Baglione : “Et surtout, chaque tâche a un sens : on sait pourquoi on le fait. Même si c’est quelque chose que l’on n’aime pas particulièrement faire, comme la paperasse ou la prospection téléphonique, on sait pourquoi on le fait. Et on apprend tous les jours ! Il y a des jours où on a envie de baisser les bras, parce qu’on n’a pas encore les clés. Et puis on les trouve. On a parfois l’impression de naviguer : il y a des opportunités, des moments de remise en question, d’acceptation, d’accélération, des moments de grandes joies ou de grand stress. En trois ans, on a tellement grandi — en tant que femmes et professionnelles ! “

Le meilleur conseil qu’on vous ait donné

Clara Baglione : “C’est celui d’un professeur de l’EDHEC Nice qui nous disait à propos de l’entrepreneuriat : “L’eau va être glacée, il va falloir nager”. Et c’est vrai : ce n’est que de la persévérance ! Quand on a failli tout arrêter parce que c’était critique en septembre dernier, on s’est dit que là, l’eau était vraiment gelée, mais qu’il fallait continuer à nager. A la fin, on y arrive.”

--

--