Du syndrome de l’imposteur à l’achat du premier billet d’avion

Camille Rabier
Le Nomade Show
Published in
5 min readJun 22, 2017

Journal d’une digitale nomade #1

Prête à bouffer le monde, à New York

J’ai essayé de trouver une approche positive à mon histoire mais non. Si je suis partie, c’est que j’en avais marre. J’en avais marre de ma routine, de ne pas avancer dans mon projet et du climat pluvieux de Paris qui durait déjà depuis quelques mois. Et par dessus tout, j’en avais marre de me sentir isolée.

J’avais envie de neuf, de challenges, de synergies et de rencontres. Bosser de chez moi devenait déprimant et les espaces de coworking ont beau être remplis de gens talentueux, quand tout le monde travaille, c’est bien silencieux (et oui, par définition, tout le monde travaille lol)

Je suis entrepreneuse depuis plus d’un an, j’ai démarré mon projet pendant mon Master et j’avais la ferme intention de ne surtout pas me faire recruter en sortie d’école pour continuer le développement de ma start-up. Mes deux ans de chômage me couvraient financièrement et je vivais chez mon copain. Clairement, il n’y avait aucune pression.

Les premiers mois ont été galvanisants et difficiles à la fois, 5000 premiers leads mais toujours pas de produit.

En un an, j’ai testé toutes les formes de développement possibles sans jamais prendre aucune décision : j’ai voulu m’associer mais ça n’a jamais matché, j’ai essayé de me former à différents langages mais il manquait toujours 20% de travail parce mes compétences étaient limitées. Au total 3 sites et 2 applications ont été développés sans aller au bout.

Et puis je voyais mes concurrents, qui en un an avaient levé 3 millions d’euros avec une équipe de 20 personnes derrière.

J’avais honte, je ne cessais de me comparer et je doutais de mes capacités. J’étais à bout de souffle et puis un drame personnel m’a finalement mise K.O. J’ai fait un burn out. Les problèmes ont continué quand j’ai pris la décision de sous-traiter mon application. Le prestataire ne m’a jamais livré et le contrat s’est clôturé devant les avocats à l’amiable.

Pfiouuuuuu

Avec tout ce qu’il m’est arrivé en un an, je me demandais quelle entrepreneuse je voulais être. J’étais peu alignée avec les protocoles et les modèles existants. J’ai finalement rejeté l’idée d’avoir un associé et lever des sous ne m’a jamais vraiment attirée.

Quel type d’entrepreneuse suis-je ? Apparemment pas celle qui rentre dans les standards : certains incubateurs vont te rejeter car tu es seule et il se dit qu’un mauvais projet n’attire personne : si tu ne convaincs pas des gens de te rejoindre dans l’équipe c’est qu’il y a quelque chose qui cloche.

Franchement, j’ai été hantée par ces affirmations. En pitchant, j’avais l’impression que les gens ressentaient mon syndrome de l’imposteur, c’était atroce.

D’une manière étrange, je lisais en parallèle des articles critiquant le CDI et prônant des alternatives de styles de vie : backpackers, zéro déchet, nomadlife. Tout ça vibrait fortement en moi.

Et puis c’est en 2015 que je découvre le parcours de Pieter Levels, digital nomad connu pour ses projets et sa productivité sans faille. En 1 an, il a monté 12 projets, sans jamais lever auprès d’investisseurs et en évitant d’avoir à gérer une équipe. Grâce à ses revenus, Pieter voyage et continue de monter ses projets.

Plus je lis sur cette tendance du digital nomadisme et plus je m’y sens appartenir. La communauté est forte, les gens sont brillants et aux multiples parcours.

Mais à l’époque j’étais encore en France et ce n’était toujours qu’un fantasme. Tellement de choses me retenaient : confort de vie, amis, famille, et mes peurs m’empêchaient de sauter le pas.

Il me fallait ce déclencheur qui allait écraser toutes ces excuses bidons et qui me permettrait de m’aligner avec moi-même.

Il me fallait créer mon propre modèle, devenir ma propre inspiration.

C’est finalement en décembre 2016 que j’ai décidé de partir. C’était mon déclencheur, celui que j’attendais. J’ai senti le vent tourner lors de la signature du contrat à l’amiable avec mon prestataire. Je me visualisais être à Bali.

Littéralement le mot “BALI” était inscrit en gros dans ma tête, en lettres grasses et blanches, une plage en fond. J’attendais une évidence, elle était là.

Voilà, je me visualisais en train de prier

Ça m’a pris un mois supplémentaire pour que je prenne ce billet, en annonçant mon départ à mes proches, au dernier moment. J’étais tellement conditionnée, tout mon corps était déjà là bas.

Je m’imaginais déjà mes aventures, je sentais la chaleur du soleil et je me sentais littéralement reposée. J’ai acheté mon billet et 2 semaines plus tard, je prenais l’avion. 2 semaines que j’ai passé à Paris sous la flotte, ça ne m’a pas empêché d’être contente et excitée.

Je n’avais pas forcément de plans, je m’organise comme je sais le faire : zen et à la dernière minute. Un ami nomade m’avait communiqué une adresse de logement et j’avais une visibilité sur 1 semaine seulement. Le reste, je faisais confiance à mes envies et mon instinct.

Je ne savais pas encore ce qu’il allait se passer, si j’allais prendre ce road trip pour des vacances ou si ma productivité allait se remettre en marche.

Mais je n’avais plus peur, je me faisais confiance pour reconnaître ce dont j’avais besoin. Cela pouvait être rester sur place, travailler ou rentrer en France la queue entre les jambes.

Alignée avec moi-même en face des rizières

Après maintenant 4 mois de voyage et plus de 7 destinations, je me sens plus alignée avec moi-même et en prenant ce risque de tout quitter, j’ai expérimenté d’autres problématiques inattendues.

Cette expérience m’a appris à être attentive aux signaux que m’envoie mon corps. Tout me disait depuis un an de partir et j’ai du attendre de maturer l’idée dans ma tête pour foncer, jusqu’au déclencheur.

Quand tout est au vert, on le ressent au plus profond de soi, le doute n’existe plus. C’est une sensation que je n’avais pas ressenti depuis longtemps et tout quitter pour oser est finalement incomparable quand on cherche à atteindre le bonheur.

Il y a des tas de raisons qui poussent les gens à entreprendre, à quitter leur job, leur confort de vie pour devenir digital nomad, mais toutes les raisons ne sont pas aussi dramatiques que mon histoire.

Le burn out n’est pas systématique et on peut tout à fait partir quand on se sent prêt et que toute la logistique est en ordre.

Assumer mes aspirations de digital nomad m’a sauvé la vie. L’important est de s’écouter et d’être confiant même quand on se plante. Revenir en arrière, recommencer font partie des apprentissages issues de l’expérience.

Si vous hésitez, posez-vous la question de ce qui est le mieux pour vous. Visualisez tout votre corps et votre esprit dans les différentes situations qui se présentent à vous et écoutez votre système nerveux.

Il ne vous mentira jamais et apportera les réponses que vous attendez.

Et je me suis même fait un tatouage

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