L’avertY

Marie-Cécile de la Taille
Le Patchwork Fou
Published in
4 min readNov 26, 2020

Le média participatif grenoblois

Site internet de L’avertY
Le site internet de L’avertY

Vous ne le savez peut-être pas, mais Grenoble a son propre journal participatif. Oui, oui !

Mais d’abord, un journal participatif, qu’est-ce que c’est ?

C’est un média qui donne la parole aux citoyen-ne-s, afin de publier, en co-écriture avec des journalistes de métier, les informations locales. Débats, reportages, dossiers, l’actu du bassin grenoblois est écrite par… nous !

Ce journal, c’est le projet de Ludovic Chataing, journaliste, qui l’a lancé en 2018. Depuis, fort d’une communauté de 1800 followers et d’une centaine d’abonnés, le journal a publié pas moins de 16 mensuels. Vie politique, vie quotidienne, projets municipaux, lieux de vie, événements, … les quartiers et l’actualité de Grenoble sont passés au crible sous la plume de Ludovic et de sa communauté.

J’ai rencontré Ludovic il y a quelques mois au Médiastère, où il partage un bureau avec un collectif de travailleurs indépendants en tout genre.

Ludovic Chataing, journaliste à Grenoble
Ludovic Chataing, journaliste à Grenoble

Spécialiste des médias numériques, il a auparavant fait ses armes dans l’entrepreneuriat en montant, durant ses études puis après, plusieurs projets web et radio. C’est sa participation au projet “Particité”, monté en 2014 par 4 autres jeunes journalistes, qui a été le déclencheur du futur “L’avertY”. Média local et collaboratif, ce premier projet ne trouve cependant pas les fonds nécessaires pour assurer le financement de plusieurs postes de journalistes, et fini par être arrêté en 2016.

C’est donc finalement en solo qu’en 2017, Ludovic monte son propre projet : “L’avertY”.

Le projet

Fort de sa connaissance des médias web, de leurs modèles économiques, mais également professionnel du journalisme, Ludovic a tous les atouts pour mener son projet à bien. Il a un réseau grenoblois qu’il a su mettre à contribution dès le début. Son modèle économique est basé sur la contribution des abonnés qui soutiennent financièrement le média. Abonnés qui, en contre-partie, participent à la pré-selection des sujets mensuels (entre autres). C’est donc une implication des lecteurs que Ludovic souhaite déclencher.

Le côté “participatif” lui tient à coeur, et c’est bien la pierre angulaire de ce nouveau média. Depuis le début des années 2000, avec l’avènement et la multiplication des réseaux sociaux, des acteurs du journalisme ont déjà questionné le sujet du “tous journalistes” et d’autres médias de ce type ont été lancés.

“La clé de L’avertY c’est le côté constructif de l’information. On parle beaucoup de journalisme de solution depuis quelques années, où on apporte le “comment agir face à tel problème”. Mais moi c’est aussi dans le débat que je trouve qu’on peut trouver des solutions.”

Faire avancer la société ensemble, de manière éclairée et constructive, faire en sorte que la parole se libère et que les gens partagent plus massivement leurs réflexions, c’est là le but ultime de Ludovic à travers “L’avertY”. Le côté local est important car, pour se sentir impliqués, les citoyen-ne-s ont besoin de sujets concrets qui les touchent.

Journaliste ET entrepreneur, il est sur les deux fronts, et ce n’est pas toujours facile. Ses plus grandes difficultés sont de bien gérer son temps et de s’organiser. Pour être à certains moments le journaliste (sur le terrain, qui interviewe et écrit ses articles) et à d’autres l’entrepreneur (qui développe son projet, sa communauté et ses outils), c’est presque un jeu de rôle qui peut être fatigant à la longue. Mais ça vaut le coup, surtout quand il voit sa communauté passer le cap des 100 abonnés en fin d’année 2019 à la suite d’un challenge qu’il s’est lancé.

“Ce qui est assez fou, et c’est trop bien, c’est qu’il y a beaucoup de gens qui sont chauds pour le projet, qui l’aiment.”

Les soutiens, s’ils ne passent pas forcément par la case financière, sont nombreux. Les réactions, les partages, les petits coups de main des personnes qui suivent le projet sont bien la preuve que “L’avertY” tape dans le mille. C’est ce qui donne l’envie de continuer malgré les difficultés.

“Je crois qu’il faut qu’on ait des petits médias indépendants un peu partout en France.”

La vision d’un maillage médiatique local qui prend de l’importance par rapport aux médias nationaux fait partie intégrante du projet de Ludovic. Un journal local, voire régional, aurait plus de pertinence car beaucoup plus proche des populations. D’ailleurs, plusieurs tentatives voient le jour actuellement en Angleterre, au Canada, mais aussi en France (Perpignan, Montpellier, Marseille, en Normandie,…) mais les deux problèmes majeurs que rencontrent tous ces médias sont la visibilité et la rentabilité. Ils doivent tenir plusieurs années avant d’être rentables, et c’est une bataille de tous les jours pour gagner en visibilité.

Sa vision du futur ?

Il se prend à imaginer un jour tisser des liens forts avec ses confrères indépendants et, pourquoi pas, proposer un modèle de journal exportable et utilisable ailleurs par d’autres, à la manière d’une licence libre de droits.

Les médias font partie intégrante de nos vies. La qualité des informations, leur pertinence, leur diversité et leur objectivité sont primordiales pour une société plus éclairée et plus inclusive, où les gens n’ont plus peur de prendre la parole.

Envie de contribuer ou de suivre “L’avertY” ?

C’est par-ici :
https://www.laverty.fr/
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Marie-Cécile de la Taille
Le Patchwork Fou

Intelligence collective et méthodologies de co-conception. Porteuse du projet Le Patchwork Fou.