Le Récap’ du 17 juin : #MessageriesInstantanées, #IA&Néolibéralisme, #Influenceurs&SantéMentale

Renaissance Numérique
Le Récap’ de la semaine
4 min readJun 17, 2021

#MessageriesInstantanées

Dans une étude intitulée “Claim Matching Beyond English to Scale Global Fact-Checking”, des informaticiens de l’Université d’Oxford, du Massachusetts Institute of Technology (MIT), de l’Université du Michigan et de l’association Meedan ont présenté une nouvelle approche visant à lutter contre les fausses informations partagées via des applications de messagerie instantanée. Pour l’heure, la circulation des contenus viraux est peu contrôlée sur les applications de messagerie privées, même s’il arrive parfois que certains messages partagés soient assortis de la mention “transféré de nombreuses fois”, par exemple sur WhatsApp. Un algorithme mis au point par l’équipe d’informaticiens vise alors à permettre aux utilisateurs de ces services de comprendre si le message qui leur a été transféré a été vérifié ou non. Pour ce faire, il analyse les messages contenant des affirmations similaires qui ont été vérifiées par le passé. Il serait également capable d’examiner la signification sémantique de chaque contenu et d’analyser les contenus ayant la même signification, même dans les cas où les mots utilisés sont très différents ou dans des langues différentes. Cet algorithme est déjà utilisé par des organisations de vérification des faits en Inde, afin de comprendre la prévalence de certaines affirmations sur les réseaux sociaux, et d’identifier les nouvelles variantes des affirmations déjà vérifiées. Des comptes gérés par des vérificateurs de faits, les tiplines, ont été mis en place afin que les utilisateurs puissent leur transmettre des contenus relayant des informations potentiellement fausses. L’algorithme vérifie alors parmi les contenus similaires déjà traités, s’il s’agit ou non d’une fausse information. S’il trouve une correspondance, l’utilisateur reçoit une réponse immédiatement. Dans le cas contraire, le message est placé en file d’attente dans le logiciel libre de vérification des faits Check, élaboré par l’association Meedan, afin que les vérificateurs procèdent à une analyse plus poussée. À terme, les chercheurs souhaitent étendre l’algorithme à d’autres langues (à ce jour, il est disponible en anglais, en hindi, et dans d’autres dialectes indiens locaux). Des organisations de vérification des faits au-delà de l’Inde devraient par ailleurs commencer à l’utiliser à partir du deuxième semestre 2021. (Lire l’article)

#IA&Néolibéralisme

Dans son dernier ouvrage intitulé Deep earnings, le physicien français Pablo Jensens établit un lien entre les réseaux de neurones connectés, une composante du deep learning, et le néolibéralisme. Pour établir cette comparaison, il s’appuie sur un article rédigé en 1958 par le psychologue Frank Rosenblatt, qui fait référence à un ouvrage de l’économiste Friedrich Hayek, penseur incontournable du néolibéralisme. Dans ce livre, Friedrich Hayek décrit comment un ordre peut émerger à partir de cerveaux différents, ce que fait par définition un algorithme d’intelligence artificielle (IA) bâti sur des réseaux neuronaux. Selon Hayek, les neurones humains fonctionnent comme les agents d’un marché, dont les “stimuli” sont les prix. L’architecture neuronale correspond, quant à elle, à l’organisation de ce marché. Qu’il s’agisse d’IA ou d’humains évoluant dans un monde néolibéral, une réponse (dans le cas de l’IA) ou un prix (dans un contexte de marché) correspond à des objectifs fixés, sans que des règles générales ne soient établies au préalable. Il s’agit d’un ordre spontané qui émerge, difficilement “anticipable” ou même explicable. À partir de cette comparaison, Pablo Jensen identifie les défauts de ces systèmes. D’une part, l’IA résout des questions complexes sans pouvoir expliquer ses résultats (ce que l’on appelle l’absence “d’explicabilité” ou l’effet “boîte noire”). D’autre part, la théorie néolibérale évacue la question des objectifs communs du marché, et soumet les individus à des lois qui leur échappent. Afin de gommer les défauts des deux systèmes, l’auteur propose une organisation politique qui repose certes sur le marché, mais avec un “soupçon” de “planification” afin de disposer de règles, et un “brin” de “communs” pour débattre collectivement des objectifs à atteindre. (Lire l’article)

#Influenceurs&SantéMentale

De nombreuses personnes ayant été révélées comme influenceurs sur les réseaux sociaux, en particulier durant la pandémie de Covid-19, souffriraient de troubles de la santé mentale. C’est ce qu’observe le New York Times, qui a rassemblé les témoignages de plusieurs d’entre eux, souvent très jeunes. À l’origine de leur mal être se trouve souvent la pression de créer et poster de nouveaux contenus en permanence. S’ils veulent maintenir leurs parts d’audience, ces “artistes des réseaux sociaux”, qui seraient cinquante millions dans le monde selon une récente étude de la société SignalFire, sont notamment contraints de passer des heures à filmer et monter des vidéos, à faire du storyboard, à dialoguer avec leurs fans et à négocier des accords avec des marques afin de s’assurer des revenus. Ce phénomène touche aussi bien les influenceurs des “anciennes générations”, sur des plateformes comme Instagram ou YouTube, qu’une nouvelle génération de jeunes créateurs depuis 2020, plus présente sur le réseau TikTok. Outre la précarité des revenus entraînée par la volatilité des fans et des likes, les créateurs regrettent de ne pas être davantage protégés contre des phénomènes tels le harcèlement, les brimades ou les discriminations. Comme le montrent de nombreux témoignages, nombre d’entre eux ont décidé de se déconnecter des réseaux et de mettre fin à leur carrière d’influenceur, du fait de ces souffrances. Dans ce contexte, certaines plateformes, à l’instar de TikTok, ont annoncé la création de groupes de soutien et d’espaces de discussion autour de la santé mentale, qui reste un sujet de préoccupation majeur pour les influenceurs de la Génération Z. (Lire l’article)

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